La revanche était quasi-parfaite. Déçu lundi de son sprint au sommet du Col de la Loge, Romain Grégoire est passé tout proche de la victoire ce mardi lors de la troisième étape du Critérium du Dauphiné. Alors que son coéquipier Rémy Rochas a animé la journée au sein de l’échappée, le Bisontin de 21 ans est entré en action dans le dernier kilomètre en suivant et contrant l’offensive de Derek Gee. Il n’a toutefois pu décramponner le Canadien, qui est parvenu à le dépasser dans un dernier effort. Le puncheur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a donc accroché la deuxième place, trois secondes devant le reste du peloton. Il est désormais troisième du général et meilleur jeune. Place mercredi à un chrono de la plus haute importance.

En direction des Estables, c’est un profil de nouveau accidenté qui attendait les coureurs ce mardi sur le Critérium du Dauphiné. Comme la veille, les puncheurs étaient attendus au bout des 181 kilomètres de course, mais à l’inverse de la veille, l’échappée ne s’est pas constituée dès le kilomètre 0 mais après près de quarante minutes de bagarre. « L’étape ressemblait à celle d’hier, et l’échappée étant allée loin lundi, ça a forcément donné des idées, expliquait Rémy Rochas. Harry Sweeny est parti tout seul à un moment donné, je me suis dit qu’il valait mieux y aller directement, et voir ensuite si ça rentrait de derrière ». Toutefois, seul Nicolas Prodhomme a suivi le mouvement et ils ne se sont retrouvés qu’à trois en tête de course. « On s’attendait à ce que la course soit rapide au départ et on savait qu’Uno-X allait contrôler, mais ça a mis du temps à sortir, résumait Benoît. Derrière, on était alors en position d’attente tout en gardant Romain et David au frais ». À l’avant, Rémy Rochas et ses deux compères n’ont en revanche jamais comptabilisé plus de trois minutes d’avance sur un peloton vigilant. À cinquante kilomètres du but, aux prémices d’une longue portion montante, leur avance était même réduite à une minute. « C’était un peu compliqué à trois, donc ils ont décidé de ralentir un peu pour inciter d’autres équipes à sortir derrière, ce qu’il s’est passé, ajoutait Benoît. Valentin est sorti, mais à contre-temps derrière Juul-Jensen et ça a été compliqué pour lui ».

« Les mecs m’ont dit d’y croire », Romain Grégoire

Après une dizaine de kilomètres en chasse, le champion de France a ainsi repris sa place dans le peloton, alors que Rémy Rochas a été distancé de l’échappée à vingt-trois bornes du but, peu avant de plonger vers le pied de la montée finale. « La forme n’est pas mauvaise, mais j’ai une petite douleur musculaire depuis hier et j’avais un peu mal au ventre aujourd’hui, expliquait-il. Ça m’a lâché dans le final ». « On a ensuite retrouvé un scénario assez classique, ça a fait rouleau compresseur dans le peloton et tout est rentré dans l’ordre », ajoutait Benoît. L’échappée a rendu les armes peu après le panneau des trois kilomètres dans la montée des Estables (3,8 km à 4,8%), et quelques instants plus tard, Kevin Geniets a remonté Romain Grégoire aux avant-postes. « Je ne me sentais pas forcément bien aujourd’hui, disait pourtant le Franc-Comtois. La longue ascension de trente kilomètres en faux-plat montant a fait vraiment mal aux organismes. J’avais vraiment mal aux jambes. Je l’ai dit aux mecs, qui essayaient de me placer, mais ils m’ont vite rassuré, m’ont mis dans les bonnes conditions, m’ont dit d’y croire et ils ont eu raison. Une fois qu’on sent la ligne d’arrivée se rapprocher et qu’on entre dans les derniers kilomètres, les jambes se libèrent ».

« L’équipe est dans le match », Benoît Vaugrenard

L’ancien champion d’Europe juniors a ainsi bataillé pour rester à l’avant du peloton, et était donc prompt à réagir dans le dernier kilomètre alors qu’un petit emballage semblait se profiler. « Je ne m’attendais pas à ce quelqu’un lance à 500 mètres de la ligne, reprenait-il. Mais quand j’ai vu la manière dont Derek Gee est sorti, je n’ai pas hésité du tout. J’y suis allé tout de suite. Je me suis peut-être excité en passant devant à 300 mètres. Je pensais qu’il était à fond, j’ai essayé d’y aller, mais il avait une deuxième cartouche. Je n’ai réfléchi à rien, j’essayais de tout mettre jusqu’à la ligne mais ça ne l’a pas fait, encore une fois. Il a aussi couru parfaitement en reprenant mon aspiration et en me passant au dernier moment. C’est rageant ». Dans les cinquante derniers mètres, le jeune Tricolore a donc vu ses espoirs de victoire s’envoler alors que le reste du peloton pointait quelques longueurs derrière. « Dans des efforts tellement lactiques et difficiles, on ne voit plus trop les panneaux, ajoutait Benoît. Il a passé Derek Gee direct, c’était instinctif, surtout en haut d’une côte. Finalement, on était encore à 300 mètres. On ne peut pas lui en vouloir. Il aurait fallu rester dans sa roue, mais c’est toujours facile à dire après. On aurait aimé gagner, on ne se contente pas de faire deux, mais Romain s’est rassuré. Il est de mieux en mieux. L’équipe est dans le match, c’est ce qui est important, même si on est forcément déçus de passer à côté de la victoire ».

Après une neuvième place frustrante lundi, Romain Grégoire s’est donc octroyé un podium pour le moins notable ce mardi. « Je suis évidemment déçu, j’y ai presque cru à 300 mètres, ajoutait-il. Je n’aime pas faire deuxième, c’est clair. Je suis dégoûté, mais je suis mort, j’ai tout mis, donc je n’ai pas tant de regrets que ça. Je ne suis pas sûr que j’avais les jambes pour faire beaucoup mieux. Il était plus fort, tout simplement ». Quelques minutes après l’arrivée, Romain Grégoire, désormais troisième du général, s’est présenté en zone mixe avec le maillot blanc de meilleur jeune sur les épaules. « C’est un beau petit lot de consolation, et je vais pouvoir faire un bon chrono demain avec ce maillot, mais ce n’est pas ce que je venais chercher », tranchait-il. Mercredi, le classement général du Critérium du Dauphiné devrait très largement évoluer sur les 34,4 kilomètres séparant Saint-Germain-Laval de Neulise.

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