Sur les pentes du difficile Monte Petrano, ce samedi, Romain Grégoire a voulu se jauger face à quelques-uns des meilleurs grimpeurs mondiaux. Dans le final de la sixième étape de Tirreno-Adriatico, le Français a tenu le rythme des favoris pendant plusieurs kilomètres d’ascension, avant de logiquement reculer dans la deuxième partie du col. Au sommet, le puncheur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a finalement obtenu la dix-neuvième place du jour, et pointe désormais à la treizième place du général avant le dernier acte dimanche.
C’est ce samedi que tout devait se décider sur Tirreno-Adriatico. Après un apéritif costaud vers Valle Castellana la veille, l’arrivée au sommet du Monte Petrano devait figer les positions de chacun au classement général, au terme de dix kilomètres d’ascension à 8% de moyenne. Un vrai col se profilait pour les coureurs, dans une journée cumulant près de 3500 mètres de dénivelé, et lors de laquelle la notion de répit n’a que très peu existé. Le peloton ne s’est en effet décidé à laisser sortir une échappée qu’après trente kilomètres de bagarre, et même une fois celle-ci constituée autour d’Axel Zingle, Richard Carapaz, Michal Kwiatkowski, Ivan Garcia Cortina, Andreas Leknessund, Nikias Arndt, Julian Alaphilippe, Ben Healy et Nans Peters, la temporisation n’a que très brièvement duré. Sous l’impulsion de la Visma-Lease a Bike, le peloton n’a pas accordé plus de deux minutes trente d’avance aux fuyards, ramenant même parfois l’écart à moins d’une minute. « Le tempo était très exigeant toute la journée, confiait Yvon Caër. Chez nous, tout le monde a donné son maximum pour protéger Romain le plus longtemps possible ». Dans les deux bosses précédant l’ascension finale, l’échappée s’est disloquée, permettant à Carapaz et Leknessund de reprendre un peu de champ.
« Je n’ai rien à regretter », Romain Grégoire
Le peloton s’est lui aussi aminci, mais Romain Grégoire pouvait encore compter sur la présence du champion de France Valentin Madouas à l’approche du Monte Petrano. « Ça a encore été une journée avec un tempo de folie, mais j’ai été bien piloté par toute l’équipe jusqu’au pied de la montée finale », confiait Romain. « Il avait un placement hyper agressif au pied », saluait Yvon. Grâce à l’aide du Breton, le Franc-Comtois a pu entamer le juge de paix dans les premières positions, et a dès lors tâché d’y rester. « Il a été très bon dans la première partie, mais une fois que ça a attaqué, il a un petit peu plus subi, expliquait Yvon. Il s’est donné les moyens de suivre le plus longtemps possible, en étant très exigeant. Il s’est accroché avec les meilleurs, mais il était sans doute un petit peu en surrégime ». Après quatre kilomètres d’ascension dans la roue des meilleurs grimpeurs du plateau, Romain Grégoire a logiquement coincé lorsque Jai Hindley et Jonas Vingegaard ont lancé les offensives. « J’ai pris le risque de faire un super résultat en suivant les leaders au pied, reprenait l’intéressé. Je me sentais plutôt bien, mais j’ai ensuite montré mes limites. J’ai explosé complètement et j’ai fini complètement vidé. Je suis forcément déçu car dans le sport, c’est le résultat qui compte, mais je n’ai rien à regretter ».
Après une deuxième partie d’ascension en souffrance, le jeune homme de 21 ans a franchi la ligne en dix-neuvième position, à 2’13 du vainqueur, et à une petite minute de la dixième place. « Il n’y a aucun regret car il a vraiment tout donné, commentait Yvon. Il est jeune, il faut qu’il se teste. Si on en garde et on gère, on ne sait jamais trop. Vraisemblablement, il a été un petit peu au-dessus de ses capacités aujourd’hui. En gérant un peu plus, il aurait peut-être pu finir un peu devant, mais il n’aurait pas su jusqu’où il aurait pu suivre les meilleurs. Il y a un an, il n’aurait pas été capable de faire ça, et dans un an, il sera capable de faire nettement mieux. Dans le contexte du plateau présent, c’est déjà très bien ». À l’issue de cette étape reine, remportée par le leader Jonas Vingegaard, Romain Grégoire a ainsi reculé au treizième rang du classement général, alors que le peloton rejoindra San Benedetto del Tronto dimanche. « Le général est scellé, et il y a de fortes chances que ce soit une arrivée au sprint demain », concluait Yvon.
Aucun commentaire