La razzia de Romain Grégoire se poursuit. Un peu moins de trois semaines après un fabuleux triplé entre Liège et l’Italie, le jeune Franc-Comtois de la Conti a dimanche repris la compétition en s’octroyant un quatrième succès de rang, sur la Flèche Ardennaise. Il s’est ainsi imposé dans un sprint à trois au terme d’un final bien appréhendé par la Conti, qui porte à dix son total de succès en 2022. Lorenzo Germani a d’ailleurs parachevé la belle journée de l’équipe en accrochant la quatrième place du jour.
Moins d’un mois après avoir conquis Liège-Bastogne-Liège Espoirs, la « Conti » Groupama-FDJ était de retour dans les Ardennes belges dimanche. Elle devait y disputer la Flèche Ardennaise (1.2), justement, sur un parcours extrêmement bosselé cumulant pas moins de 3400 mètres de dénivelé positif. Malgré un menu coriace, les coureurs se sont fait la guerre pendant une grosse heure de course avant qu’une échappée de six hommes ne parvienne à prendre le large. L’écart n’a toutefois jamais dépassé les deux minutes, et le peloton s’est progressivement rapproché dans la deuxième boucle autour de Stavelot. La course a finalement été relancée à soixante-dix kilomètres, dans l’enchaînement des côtes de la Haute-Levée et du Rosier. L’échappée initiale a perdu quelques éléments, mais en a récupéré une poignée d’autres en provenance du peloton. Parmi eux, Lorenzo Germani ! « Lorenzo a fait le jump, ce qui nous permettait d’avoir un pion à l’avant, et de bien préparer le final, commentait Jérôme Gannat. Ça rassurait aussi tout le monde d’avoir un mec devant. Ce n’était pas à nous d’assumer. On était parmi les favoris au départ, on aurait donc dû prendre les choses en main, mais on n’a pas vraiment eu besoin de le faire. D’autres ont roulé et c’était une situation idéale pour nous ». « La course s’est bien goupillée pour nous, confirmait Romain Grégoire. Lorenzo est parti en échappée à cinquante bornes de l’arrivée, ça nous a permis d’être serein et d’être dans une situation confortable. Je n’avais pas à faire l’effort moi-même, j’avais juste à suivre les coups ».
« On a encore montré des trucs bien collectivement », Romain Grégoire
En cours de route, les plans de la Conti ont d’ailleurs évolué dimanche. « Au départ, on avait plutôt misé sur Lenny, mais il était un peu malade, confiait Jérôme. Cela a changé un peu la course, et Romain a assumé son statut ». Tandis que Lorenzo Germani gardait admirablement sa place à l’avant de la course, dans une échappée de plus en plus émiettée, le champion d’Europe et vice-champion du monde Juniors était lui prêt à bondir à l’arrière. C’est dans la côte d’Amermont que tout a éclaté. « La côte la plus difficile du parcours était Thier de Coo, indiquait Jérôme. Finalement, c’est monté relativement tempo puis ça a bougé sur le circuit final. Les trois plus costauds se sont isolés avec Romain, Lennert Van Eetvelt et Thomas Gloag. Ils ont récupéré Lorenzo et son compagnon d’échappée et ont assez vite creusé. Au pied de Stockeu, il y avait 50 secondes sur le peloton, alors que Romain et les deux autres étaient sortis à peine cinq kilomètres avant ». « Quand je suis retombé sur Lorenzo, il a vraiment pu mettre un bon coup de vis pour m’aider », justifiait le Bisontin. Le quintette s’est donc dirigé vers la dernière côte, celle de Stockeu, où les deux plus anciens membres de l’échappée ont été distancés. Les trois coureurs les plus frais n’ont toutefois pu se départager dans la montée, et c’est en partie dans la descente que la course s’est jouée. « Van Eetvelt voulait faire la descente de Stockeu, car il savait que ça allait être compliqué au sprint face à Romain, racontait Jérôme. Il a alors loupé un virage, sans se faire mal, mais il a dû chasser pendant 2-3 kilomètres avant de rentrer dans le dernier kilomètre ».
« L’organisation était vraiment mauvaise devant, on est finalement arrivés à trois pour le sprint et j’ai réussi à bien manœuvrer », complétait sobrement Romain Grégoire. Assez nettement, le jeune homme de 19 ans s’est donc octroyé une nouvelle victoire, la quatrième de suite, Lorenzo Germani complétant la belle journée avec une place au pied du podium. « Je suis très content de cette victoire, on a encore montré qu’on réussissait à faire des trucs bien collectivement, soulignait le lauréat du jour. Je remercie toute l’équipe aujourd’hui, et c’est de bon augure pour les prochaines échéances. La victoire appelle la victoire, c’est le genre de choses auxquelles on ne s’habitue pas ! » « Quand tu n’as pas couru depuis trois semaines, tu ne sais pas trop où tu te situes, resituait Jérôme. Lorenzo aussi était en reprise. On avait cette légère incertitude au départ, mais ça s’est bien passé. Cela prouve que la coupure a été bénéfique et qu’il y a eu du bon travail à l’entraînement. On est toujours aussi contents. On est avant tout des compétiteurs. Romain n’avait peut-être pas les jambes de Liège, mais c’est un gagneur. On ne s’en lasse pas, et puis quand on a un long trajet en voiture derrière, c’est toujours mieux de rentrer avec la victoire (sourires). Paradoxalement, on a un peu pris cette habitude. Romain a certes gagné les quatre dernières courses auxquelles il a participé, mais c’est le résultat d’un tout : du travail de ses coéquipiers comme du staff et des entraîneurs ».
« L’annulation de Paris-Roubaix laisse un gros vide », Jérôme Gannat
La « Conti » a donc porté son total de succès à dix ce dimanche, mais a également essuyé une triste nouvelle il y a quelques jours avec l’annulation, pour la troisième année consécutive, de Paris-Roubaix Espoirs, qui devait se tenir le dimanche 15 mai. « On avait beaucoup d’ambition, commentait Jérôme Gannat. C’est une épreuve de référence et c’était un gros objectif. On avait envisagé de passer une semaine sur les pavés pour bien reconnaître le parcours. On avait axé beaucoup de choses sur cet événement, et même si ce n’est qu’une course d’un jour, ça laisse un gros vide dans notre programme. C’est un peu dommage car on avait aussi les coureurs pour bien y figurer. Laurence [Pithie] m’en avait parlé dès le soir de sa fracture de la clavicule. On est forcément déçus mais on comprend en même temps les difficultés d’organisation. C’est difficile, mais on n’a pas d’autres choix que de l’accepter. Certains auront passé toutes leurs années Espoirs sans pouvoir y prendre part. Pour eux, c’est évidemment un coup dur ».
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