Romain Grégoire prend les commandes, en patron ! 

À tout juste 20 ans, Romain Grégoire s’est ce samedi fendu d’une démonstration de force et d’autorité dans l’étape « reine » des 4 Jours de Dunkerque, tracée tout autour du bien-connu Mont Cassel. Après un remarquable travail collectif, le jeune puncheur de la Groupama-FDJ a pris ses responsabilités dans la dernière montée du jour et éliminé un à un tous ses adversaires directs avant de filer avec le seul Per Strand Hagenes. Focalisé sur le classement général, le jeune Bisontin n’a pas compté ses efforts et a donc terminé deuxième au sprint derrière le Norvégien. Il a en revanche, à la veille de l’arrivée finale, endossé le maillot rose de leaderqui tient désormais pour treize secondes sur ses – solides – épaules. 

« Nous n’avions rien à perdre », Frédéric Guesdon

Au moment d’aborder le week-end, tout était encore entièrement jouable pour la Groupama-FDJ sur les 4 Jours de Dunkerque, grâce à quatre premiers actes complètement maîtrisés. Mais c’est bien ce samedi, entre Roubaix et Cassel,sur 187 kilomètres, que les principales différences devaient s’établir. Bien qu’à la tête de l’équipe la plus jeune du plateau, Frédéric Guesdon était confiant. « C’était l’étape reine, et on était prêts », assurait-il. Au programme, pas moins de huit tours de circuits autour du Mont Cassel dans la deuxième partie de course, et près de 2400 mètres de dénivelé positif à avaler en plus des pavés recouvrant la principale montée du jour. Avant la grande bagarre attendue, une échappée de sept hommes a toutefois pu se former autour de Jelle Wallays, Kevin Kuhn, Alex Colman, Niklas Larsen, Rait Ärm, Kenny Molly, Nicolas Debeaumarché. « Le plus dangereux au général était à 2’50, précisait Frédéric. Soudal–Quick Step a stabilisé l’écart autour des trois minutes pendant un long moment, puis nous avons pris nos responsabilités. Pour que Romain prenne la tête du classement général, il fallait qu’on joue la victoire d’étape. Nous avons mis des hommes à rouler, nous n’avions rien à perdre ».

Dans les quarante derniers kilomètres, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est donc placée en force en tête du peloton pour imprimer le rythme. « La stratégie, aujourd’hui, était de durcir la course, affirmait Romain. On a pris les choses en main à un peu plus d’une heure de l’arrivée et l’équipe a sincèrement fait un travail incroyable toute la journée. Ils ont été très forts, chacun leur tour. Ils m’ont mis dans les meilleures conditions possibles avant la dernière bosse et m’ont donné la plus grande des confiances ». Dans les deux dernières boucles, le peloton s’est quelque peu agité, Romain Grégoire a suivi les mouvements dans l’avant-dernière ascension du Mont Cassel mais le peloton s’est reformé dans les dix derniers kilomètres sous la houlette de la Groupama-FDJ. L’ancien champion d’Europe Juniors pouvait encore compter sur quatre coéquipiers avant l’approche de l’ultime côte, et les deux derniers échappés ont été repris à trois kilomètres du but. Le rythme s’est avéré très intense dès le pied du Mont Cassel, mais à 1500 mètres de la ligne, Romain Grégoire est parvenu à faire le forcing sur les pavés, et à faire craquer ses rivaux malgré une pente à 4-5%. Seul le Norvégien Per Strand Hagenes a réussi à suivre sa roue avant la bascule à la flamme rouge. 

« C’était l’étape ou le maillot », Romain Grégoire

« On visait la victoire d’étape, et si on l’obtenait, on savait que le maillot rose ne serait pas loin, racontait Romain. Dans le final, j‘ai en revanche dû faire un choix. C’était l’étape ou le maillot. Quand je me suis retourné et que j’ai vu que c’était Hagenes dans la roue, je n’ai pas réfléchi. J‘ai roulé à bloc jusqu’à l’arrivée pour prendre le maillot rose ». Le Bisontin de 20 ans, vainqueur de la deuxième étape, a cette fois sacrifié ses chances de lever les bras pour s’assurer de prendre les rênes du général. Deuxième sur la ligne, cinq secondes devant les plus proches poursuivants et quatorze devant l’ancien leader Kasper Asgreen, il a alors rempli son objectif. « Les gars ont tous fait un super travail et Romain a fait la différence dans le final, soulignait Frédéric Guesdon. Il court juste, il a le punch, mais il a pu compter sur un super capitaine de route avec Olivier et sur une belle équipe. Tout le monde savait qu’il allait attaquer et pourtant seul Hagenes a réussi à le suivre. Nous sommes très contents de prendre le maillot mais nous allons rester concentrés jusqu’au bout ». « C’est vraiment grâce à mes coéquipiers que j’ai le maillot rose ce soir, assurait Romain. C’est une grande fierté d’être leader des 4 jours de Dunkerque. C’était l’objectif ce matin. Je sais que la course n’est pas finie, je reste très concentré pour demain. On a encore 195 kilomètres à faire, mais avec une telle équipe, je suis très confiant. Je sais qu’on va tenir la baraque ».