Avec 3500 mètres de dénivelé au programme, la cinquième étape de Tirreno-Adriatico était, sur le papier, censée offrir une première bataille directe entre les favoris de l’épreuve. Dans une journée cumulant plus de deux-cents kilomètres, tout devait s’éclaircir dans les deux ascensions situées dans les trente dernières bornes. Six hommes issus de l’échappée matinale ont pu entamer ce « money time » avec une marge de trois minutes sur le peloton. « L’objectif du jour était de rester avec Romain pour le mettre dans les meilleures dispositions dans le final, ce qui a été bien fait, confiait Thierry. Les conditions météorologiques ont influencé toute l’étape. Il y avait beaucoup de vent et de grosses rafales. C’était tendu, ça pouvait être piégeux, ça a ajouté de la pression dans le peloton, et tout le monde était déjà bien entamé au moment d’arriver dans le final ». Après un travail préparatoire de Clément Russo et Paul Penhoët, Romain Grégoire a été replacé et accompagné dans l’avant-dernière bosse par Lorenzo Germani, Quentin Pacher et Valentin Madouas. « Quand on a un leader qui assume depuis le départ, ça met l’équipe dans une bonne dynamique, et tout le monde était opérationnel », soulignait Thierry.

À l’issue de la première bosse du final, le peloton était réduit de moitié, puis l’ascension de Monterolo (3,9 km à 6,6%) s’est présentée à treize bornes du terme. « C’est monté vite et chacun est plus ou moins resté à sa place, expliquait Thierry. Il n’y pas eu de vraies différences entre les meilleurs du général car tout le monde était occupé, sinon des coureurs comme Ayuso auraient attaqué. Ils ont finalement basculé à une quinzaine au sommet ». Membre de cette grappe de coureurs, Romain Grégoire a tenu les roues dans la descente puis est resté vigilant lorsque les attaques ont repris dans les trois derniers kilomètres. Personne ne s’est toutefois franchement détaché, et personne n’a non plus réellement pris le groupe en main. Ainsi, Fredrik Dversnes, membre de l’échappée, s’en est allé chercher la victoire, tandis qu’un deuxième peloton a opéré la jonction avec le premier groupe de favoris dans les derniers hectomètres. « On ne savait pas exactement comment ça allait se passer, mais ce n’était pas non plus un terrain pour faire de grosses différences, confiait Thierry. Qui plus est, beaucoup avaient sans doute en tête l’étape de demain, qui offrira un terrain de jeu plus adapté pour faire des écarts ».Ce vendredi, Romain Grégoire a donc assuré l’essentiel, et s’est même adjugé un solide accessit (7e) à l’arrivée. « C’était une journée où on pouvait se faire piéger, et ça n’a pas été le cas, disait Thierry. Finalement, Romain ne fait pas une mauvaise opération car il gagne deux places au général. Il reste dans le match pour demain, et c’est le plus important ». L’ascension de Frontignano (7,5 km à 8%) devrait donc établir la hiérarchie finale de cette édition de Tirreno-Adriatico samedi. « C’est une belle bosse, mais le scénario de course sera peut-être particulier, concluait Thierry. Si Ayuso ou d’autres veulent gagner, il faudra reprendre beaucoup de temps à Ganna, et ce n’est pas gagné. Ce ne sera pas spécialement très dur avant la montée finale, mais ce sera toujours en prise, et ils viennent surtout d’enchaîner trois jours à 5-6h de vélo. Et ça, ça laisse des traces ».