Il était attendu et attendait beaucoup de lui-même. Ce mardi, Romain Grégoire a répondu à toutes ces attentes. Dans l’acte d’ouverture du Tour du Limousin, le jeune Bisontin a d’ores et déjà marqué son territoire en s’imposant en solitaire à Bénévent L’Abbaye, au terme d’un numéro d’une quinzaine de kilomètres. Sorti dans la dernière bosse du jour, le puncheur de 20 ans n’a jamais été revu et a notamment profité de la couverture à un second échelon de Michael Storer, troisième sur la ligne. Il a par la même occasion endossé le maillot jaune, qu’il s’attachera à défendre dès mercredi vers Trélissac.
Romain Grégoire n’est pas homme à cacher ses velléités. Annoncé parmi les favoris du Tour du Limousin, le jeune coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ assumait complètement son statut dès ce mardi matin à Rilhac-Rancon, ville-départ de la toute première étape. En raison d’un final accidenté, incluant notamment deux côtes dans les trente derniers kilomètres puis un faux-plat montant vers la ligne, le Franc-Comtois aspirait clairement à la victoire. Ses coéquipiers se sont donc rangés derrière lui et ont pris leurs responsabilités une fois l’échappée du jour constituée, après environ trente bornes. Tom Maiguenaud (Van Rysel-Roubaix Lille Métropole), Samuele Zoccarato (Green Project-Bardiani CSF-Faizane’), Oliver Mattheis (Bike Aid), Andrea Pietrobon (Eolo-Kometa Cycling Team) et Jean-Louis Le Ny (Nice Métropole Côte d’Azur) ont pu naviguer avec un écart maximal de quatre minutes avant que Matthieu Ladagnous ne se présente en tête de paquet pour dicter l’allure et ne réduise la différence de moitié. À 83 kilomètres du but, les coureurs ont franchi une première fois la ligne d’arrivée, puis ont pris la direction du final, vallonné. La Groupama-FDJ, par l’intermédiaire de l’inusable Matthieu Ladagnous, s’est en tout temps maintenue dans les premières positions, évitant ainsi les quelques chutes, puis a véritablement pris les commandes avant l’enchaînement décisif des côtes des Beiges (2,5 km à 5,5%) et de Saint-Goussaud (5 km à 5%). « L’un des plans était de ne pas laisser partir les attaques, l’autre était de mettre en route pour essayer d’être nous-mêmes acteurs, exposait Philippe. C’est ce que les garçons ont fait. Ils ont vraiment mis en route fort avant l’avant-dernière bosse ».
« On a vraiment fait un bon boulot d’équipe », Rudy Molard
« On a d’abord décidé de prendre la course en main pour être bien placés dans la descente, exposait Rudy Molard. Michael et Romain se sentaient bien, on avait une équipe capable de prendre la course en main et c’est donc ce qu’on a fait. Reuben a roulé dans un premier temps, puis j’ai pris le relais dans le dernier col pour durcir. Avant ça, Lada avait roulé toute la journée. On a vraiment fait un bon boulot d’équipe. On venait avec des ambitions et on voulait tenter dans la bosse pour voir ce qu’il se passait ». « Je n’étais pas non plus super en début d’étape, mais quand j’ai vu tous les mecs se sacrifier un à un et faire un super boulot, ça m’a donné encore plus de force », confiait Romain Grégoire. En raison du gros tempo imprimé, aucun concurrent n’a pu passer à l’attaque et le peloton s’est réduit à une trentaine d’unités dans la côte de Saint-Goussaud. Puis, Michael Storer a lancé les hostilités à dix-sept kilomètres de la ligne bien que rapidement pris en chasse. « Le rythme était élevé dès le pied de la bosse car les mecs ont fait un super travail, témoignait Romain. Michael a allumé la première mèche, et j’en ai profité pour contrer derrière. On était un peu loin du sommet, mais d’un autre côté, tout le monde était un peu à fond après l’attaque de Michael. J’ai jeté un petit coup d’œil derrière après avoir attaqué, j’ai vu que j’étais tout seul, et à partir de ce moment-là, c’était à fond jusqu’au bout ! »
Le jeune homme a rapidement ouvert une brèche d’une quinzaine de secondes sur le « peloton », duquel sont ensuite sortis Benoît Cosnefroy, Lorenzo Rota et … Michael Storer. Au sommet, le trio comptait encore environ dix secondes de retard mais l’écart s’est quelque peu résorbé dans la descente qui suivait. « Ce n’était pas évident car la descente n’était pas très bonne, expliquait Romain. C’était technique, avec une alternance de parties humides et sèches, un peu de mousse sur le bord de la route… Je n’avais pas envie de me retrouver par terre, donc j’ai été assez prudent. Je n’ai pas fait une bonne descente et ils ont d’ailleurs failli rentrer, mais dès que je suis arrivé sur le plat, je me suis mis en mode contre-la-montre et j’ai fait mon effort. Je savais en plus que Michael était à l’abri derrière, donc je n’avais rien à perdre. Je ne me suis pas posé de question ». D’une poignée de secondes, l’écart a alors repris de l’ampleur, passant à dix, puis vingt et quasiment trente secondes à sept kilomètres de l’arrivée. Le peloton étant relégué encore plus loin, le Bisontin avait donc quasiment course gagnée en arrivant dans les trois derniers kilomètres. « Je savais qu’ils étaient durs, en faux plat montant donc j’ai essayé d’en garder un minimum pour ce final et je n’ai pas flanché », confiait-il. C’est ainsi qu’au terme d’un numéro solitaire de seize kilomètres, le Français de 20 ans s’est offert son troisième bouquet chez les professionnels. Le premier de cette manière.
« J’avais besoin de gagner pour me rassurer », Romain Grégoire
« J’avais clairement coché ce Tour du Limousin, j’en attendais beaucoup, assurait Romain. Je voulais vraiment gagner, et c’est fait, même si je ne l’imaginais pas de cette façon. J’avais la confiance de l’équipe, l’équipe a fait un super boulot et je viens les récompenser de la plus belle des manières. Chaque victoire est bonne à prendre, chaque victoire est prestigieuse car ça reste une victoire professionnelle, donc je suis très fier. J’avais aussi besoin de gagner pour me rassurer et ça fait du bien à la tête en vue du Tour d’Espagne ». « Ce genre de victoire marque les esprits, disait Philippe. C’est une journée qui doit le rassurer. Plus globalement, le plan était de tout mettre sur Romain et Michael aujourd’hui, et ça a plutôt bien marché ». En dehors de la victoire de Romain Grégoire, la Groupama-FDJ a ainsi placé Michael Storer sur la troisième marche du podium ce mardi, conservant donc deux cartes majeures pour le classement général. À l’issue de la première étape, le Bisontin devance de vingt-trois secondes Benoît Cosnefroy et de vingt-six son coéquipier. « Je visais d’abord les étapes, en espérant que le général suive, complétait Romain. J’ai désormais l’étape, donc on va se concentrer sur le général. Je m’attends à être attaqué de tous les côtés. J’ai une petite marge et c’est assez rassurant, mais il faudra être super vigilant et concentré pendant trois jours. Il ne faudra rien lâcher car on ne va pas me faire de cadeaux. Si je peux en gagner d’autres, je ne vais pas me priver mais le focus sera plus sur le général ». « La troisième étape est très difficile cette année, ajoutait Philippe. Il est vrai que l’épreuve se joue généralement aux bonifications, mais cette fois-ci, il faudra avoir franchi la troisième étape pour être plus sereins ».
1 commentaire
Le Du
Le 19 août 2023 à 18:03
Bravo Romain et à toute l’équipe vous avez de très belles choses devant vous