En ouverture de la semaine des « Ardennaises », Romain Grégoire ne s’est pas manqué ce dimanche sur l’Amstel Gold Race. En terres bataves, le jeune Bisontin a complètement répondu présent aux côtés des favoris de l’épreuve. Et s’il n’a pu suivre le fabuleux trio qui s’est joué la victoire dans la foulée du Cauberg, il s’est en revanche superbement accroché en contre pour finalement se flanquer de la septième place du jour. Une très solide entrée en matière.
Une semaine après le terme des Classiques pavées, les flahutes laissaient donc leur place aux puncheurs ce dimanche pour l’entame du « triptyque ardennais ». Plus précisément, ce n’est pas dans les Ardennes, mais dans le Limbourg néerlandais que le premier acte se tenait à l’occasion de l’Amstel Gold Race, sur 256 kilomètres et à travers pas moins de trente-quatre bosses, d’une difficulté plus ou moins importante. Avant un enchaînement de montées/descentes ininterrompu, Rémi Cavagna a profité d’un début de course relativement plat pour prendre la tête au sein d’une échappée de huit coureurs. Celle-ci a bénéficié d’un capital temps maximal de près de cinq minutes sur le peloton, avant que celui-ci ne décide d’embrayer, et ce de manière très sérieuse. « C’était une course très dure, il y a eu un gros tempo toute la journée, assurait Benoît Vaugrenard. J’ai rarement vu ça sur l’Amstel Gold Race, avec déjà beaucoup de lâchés au bout de 130 kilomètres ». « C’était une course assez folle, confirmait Romain Grégoire. Je pense qu’on ne s’attendait pas à un rythme aussi rapide dès le départ. On était vraiment tous à la limite quand on est arrivés dans le final, et ça a explosé rapidement ». Et Kevin Geniets de ponctuer : « J’ai rarement vu une course où ça roulait aussi vite et où, après 200 bornes, on retrouvait des mecs complètement morts ».
« J’ai fait la course que j’avais à faire », Romain Grégoire
Malgré le tempo infernal, Rémi Cavagna a tout de même pu faire perdurer son entreprise au-delà du premier passage du Cauberg, à 85 kilomètres du but. Avec trois autres rescapés de l’échappée, le TGV de Clermont-Ferrand a insisté une dizaine de kilomètres supplémentaires avant que le peloton n’opère la jonction. Dès lors, les premiers mouvements se sont initiés, Valentin Madouas a tenté de se joindre à la fête, mais c’est finalement par l’arrière que le peloton s’est peu à peu aminci. Au moins jusqu’au pied du Gulperberg, à moins de cinquante bornes du terme. Julian Alaphilippe a alors lancé les hostilités, s’est isolé avec Tadej Pogacar, puis ce dernier a poursuivi son chemin seul. Dans un peloton éclaté, Romain Grégoire et Valentin Madouas ont tenu le choc dans le Kruisberg, puis seul le Franc-Comtois a pu résister lorsque Remco Evenepoel a réduit le groupe de chasse à une quinzaine d’unités dans le Keutenberg. Au sommet, Matias Skjelmose a contre-attaqué, et le champion du monde du contre-la-montre l’a ensuite rejoint en poursuite. « J’étais à fond lorsqu’ils sont sortis, je ne pouvais pas y aller, commentait Romain. J’ai fait la course que j’avais à faire. Je n’ai pas de regrets ».
Si le duo de poursuivants s’est peu à peu rapproché de Pogacar, le second groupe de chasse est lui resté à distance dans les trente derniers kilomètres. Pointé à trente secondes lors de l’avant-dernier passage sur la ligne, Romain Grégoire et ses compagnons étaient relégués à environ une minute avant les dix derniers kilomètres. « Chacun était sa place, et les trois devant étaient une classe au-dessus, assurait-il. Je me suis battu dans chaque mont pour rester avec ce groupe et aller jouer le top 5 à l’arrivée ». Malgré une phase d’observation en tête de course dans l’ultime montée du Cauberg, à deux bornes du but, le groupe de chasse n’a pu revenir dans la course pour le podium. Derrière Skjelmose, vainqueur surprise, Romain Grégoire a bataillé pour obtenir la meilleure place possible. Devancé par Wout Van Aert, Michael Matthews et Louis Barré, il s’est finalement classé septième. « J’ai fait un sprint correct, disait-il. J’aurais pu lancer un peu plus tôt pour avoir plus d’espace, mais au bout de 250 bornes aussi rapides, chacun est à sa place. On va se contenter de ça. Un top 10 à ce niveau, ce n’est pas si mal ». « Romain est là, parmi les meilleurs. Il y en avait juste trois au-dessus aujourd’hui, mais on ne peut pas avoir de regrets », concluait Benoît. Prochain arrêt : la Flèche Wallonne.