Au lendemain de la troisième place de Paul Penhoët sur Tirreno-Adriatico, Romain Grégoire s’est également flanqué d’un podium d’étape ce mercredi lors de la plus longue journée de l’épreuve transalpine. Après 240 kilomètres très humides, et après s’être montré à son avantage dans la bosse finale, le Franc-Comtois a finalement arraché la troisième place du jour au terme d’un sprint en peloton réduit. Il occupe désormais le dixième rang du général.
Pour certains, il s’agissait d’une répétition pour Milan-San Remo. Si la troisième étape de Tirreno-Adriatico n’atteignait pas le cap des 300 kilomètres, elle en comptait néanmoins quasiment 250 en incluant le départ fictif. En plus de cela, les diverses montées parsemées sur le parcours portaient le dénivelé positif du jour à plus de 3000 mètres. Mais ce n’est pas tout, car la météo n’était pas non plus du côté du peloton entre Follonica et Colfiorito. « C’est la pire journée qu’un coureur puisse imaginer, assurait Thierry Bricaud. Plus de 240 kilomètres, avec la pluie et le froid, car il faisait tout juste dix degrés… C’étaient les pires conditions qu’on pouvait avoir, donc un grand respect aux coureurs ». « Le gros challenge de la journée était plutôt de gérer la pluie et les 250 kilomètres que la vitesse du peloton, confiait Romain Grégoire. En s’habillant correctement, c’était faisable. La journée s’est bien passée même si c’était loin d’être une partie de plaisir ». Dans ce contexte, les velléités d’échappée ont été peu nombreuses. Davide Bais et Lorenzo Conforti ont tenté leur chance dans la première moitié de course, mais ont été repris peu après la mi-course. Une fois le sprint intermédiaire franchi, à environ soixante-cinq kilomètres de la ligne, Dries De Bondt et Andrea Pietrobon sont à leur tour passés à l’attaque et ont pu bénéficier d’un avantage supérieur à trois minutes.
« Je ne regrette pas d’avoir essayé », Romain Grégoire
Le peloton ne s’est réellement mobilisé qu’à l’approche de la dernière ascension, longue de 18 kilomètres à 3% de moyenne, mais avec un « pied » et un « sommet » bien plus exigeants. « Du fait que la journée était longue et usante, on avait imaginé que le final se déroulerait comme une Classique, et c’est ce qu’il s’est passé, reprenait Thierry. On avait donc demandé à Clément et Paul, en particulier, de bien replacer Romain avant le pied de la bosse, car on savait que ça allait être compliqué pour les sprinteurs de passer. Ensuite, c’était à Romain de jouer ». Dès les premières pentes, le peloton s’est réduit de moitié, puis les fuyards ont été repris après la longue portion en faux-plat. Enfin, dans les quatre derniers kilomètres d’ascension, la route s’est de nouveau inclinée de manière plus prononcée et les attaques ont immédiatement fusé. Après avoir bouché quelques trous, Romain Grégoire s’est activement mêlé à cette bagarre. « On savait que ça allait être décousu et qu’il allait manquer beaucoup d’équipiers, expliquait Thierry. Carapaz a accéléré, Romain a suivi, puis c’était parti. Bien lui en a pris. Ça lui a permis de se rassurer et de se mettre dans l’action ». « C’était une montée très tactique, disait Romain. J’ai suivi une belle attaque de Carapaz qui aurait pu être intéressante, mais les gros groupes ont souvent raison des attaquants sur de telles montées. Je ne regrette pas d’avoir essayé ».
« Une journée satisfaisante », Thierry Bricaud
Le Bisontin a ainsi insisté en compagnie de l’Équatorien pendant quelques hectomètres, avant que d’autres favoris ne fassent la jonction, puis que le peloton ne se recompose quelque peu à la faveur d’une portion moins raide. Valentin Madouas a brièvement tenté de sortir au sommet, à quatre bornes du terme, mais c’est Filippo Ganna qui a grandement menacé l’arrivée groupée. L’Italien a été repris juste avant la flamme rouge et un sprint à cinquante unités s’est donc mis en place de manière désordonnée. « J’étais dans la roue de Pidcock aux 500 mètres, on est bien sortis sur la droite avec de la vitesse tandis que la partie gauche était un peu enfermée, racontait Romain. Seul Vendrame a réussi à s’extirper de là et il était vraiment rapide ». Dans le sillage de Tom Pidcock, le Bisontin s’est alors arraché pour obtenir la troisième place sur la ligne. « Il avait un petit temps de retard quand le sprint s’est lancé, mais Andrea Vendrame est rapide, donc ce n’est pas spécialement une surprise de le voir s’imposer, disait Thierry. Être battu par Pidcock n’est pas non plus déshonorant. Il a fait un beau sprint, il est à sa place et c’est encourageant pour la suite. Au-delà du fait qu’il se rassure et revienne dans le général comme on l’imaginait, on a vu que Valentin n’était pas mal, que Quentin était dans le coup aussi. Pour nous, c’est une journée satisfaisante ».
Grâce aux quatre secondes de bonification récoltées, et à la sélection opérée au préalable, Romain Grégoire a glané treize positions au classement général et siège au dixième rang au terme de ce troisième acte. Jeudi, les sprinteurs devraient être de retour aux affaires. « Vu le sprint qu’il nous a fait hier, on peut avoir de belles ambitions avec Paul, puis il y aura deux journées très importantes vendredi et samedi pour le général, concluait Romain. Si les jambes répondent, j’essaierai de garder ce top-10, voire d’aller chercher mieux, et surtout ne pas avoir de regrets dimanche ».