Ce samedi, la « Conti » a fait main basse sur l’étape reine du Tour du Val d’Aoste. Au terme d’une journée parfaitement contrôlée par leurs équipiers, Reuben Thompson et Lenny Martinez se sont envolés ensemble dans la montée de Plan Coumarial. Au sommet, les deux hommes ont passé la ligne main dans la main, le Néo-Zélandais s’est offert la victoire d’étape alors que le Français a conforté son maillot jaune. À la veille du dernier acte, ils occupent les deux premiers rangs du classement général.
Pour sa première journée vêtue de jaune, vendredi, Lenny Martinez avait vécu une journée relativement calme. La « Conti » Groupama-FDJ a laissé une échappée se jouer la gagne à Aoste, où ses trois hommes placés au général ont terminé dans un petit peloton à environ deux minutes. « On n’avait que deux coureurs pour contrôler, Enzo et Lorenzo, mais ils ont fait un gros boulot, commentait Jérôme. Les trois autres ont bien assuré dans le final, qui était technique ». La donne était toute autre ce samedi, pour la grande étape de montagne de ce Tour du Val d’Aoste version 2022. Au menu, 173 kilomètres et pas moins de 4500 mètres de dénivelé en direction de Fontainemore à travers six ascensions répertoriées. La première mission, rude, a été de filtrer l’échappée du jour. « Cinq coureurs sont partis dans un premier temps, mais il y a eu un petit moment de flottement lorsqu’un groupe de vingt-six est sorti derrière, relatait Jérôme Gannat. On avait Enzo mais aucun de nos leaders. Ils ont pris une minute dans la vallée, alors Finlay et Lorenzo ont bien travaillé pendant vingt kilomètres pour rattraper ce contre. Ensuite, parmi les cinq de tête, aucun n’était vraiment dangereux ». Dans la triple ascension située en milieu d’étape, la Conti est parvenue à maintenir un rythme relativement élevé pour se prémunir d’une quelconque offensive. « Enzo et Lorenzo ont fait un bon tempo, soulignait Jérôme. Lorenzo a d’ailleurs été monstrueux aujourd’hui ». « Enzo, Lorenzo et Finlay ont été incroyables, soulignait encore Reuben. Ils ont contrôlé toute la journée. Après les premières bosses, j’ai dit à Lorenzo que je me sentais super bien, que Lenny également, donc je lui ai demandé de rouler aussi vite que possible afin qu’on joue l’étape ».
« On avait planifié et rêvé de cette arrivée », Reuben Thompson
À trente-cinq kilomètres de l’arrivée, le peloton a rattrapé le dernier fuyard et la grande bataille a commencé peu après à l’initiative de la formation bisontine. « Finlay a monté le pied fort, puis Reuben et Lenny ont attaqué une première fois, poursuivait Jérôme. Ils n’ont été accompagnés que par deux coureurs. Dans la bosse suivante, Reuben a accéléré de nouveau, et il n’en restait plus qu’un. Il y avait ensuite une petite vallée en faux-plat pour aller chercher le pied de la dernière montée. Marco Frigo est rentré à ce moment-là, mais presqu’aussitôt, Lenny et Reuben ont accéléré, avant même la montée finale qu’ils ont abordée avec vingt secondes d’avance ». Grâce à une franche accélération, le maillot jaune et son dauphin au général ont immédiatement fait la différence et constamment creusé le trou sur leurs adversaires. À un kilomètre du sommet, une fois la victoire assurée, les deux jeunes hommes ont commencé à se congratuler avant d’appuyer leurs derniers relais. Sur la ligne, Reuben Thompson a attrapé la main de Lenny Martinez avant de célébrer sa première victoire de la saison. « Honnêtement, ça a été assez limpide pour nous aujourd’hui, disait le « Kiwi ». C’était une journée parfaite. Les gars ont roulé jusqu’à la première montée du final, puis Lenny et moi-même avons pu finir le travail. On fait chambre ensemble, on est très potes, donc on avait planifié et rêvé de cette arrivée à deux. Le réaliser, c’est génial. Je suis très heureux ». « C’est une belle satisfaction pour Reuben, car même s’il avait gagné le Tour du Val d’Aoste l’an passé, il n’avait jamais levé les bras sur une ligne d’arrivée, rappelait Jérôme. Quand tu passes la ligne en premier, c’est encore une autre émotion. Il la méritait aussi, et compte tenu de son profil, il fallait que ça arrive en montagne ».
« Finir de cette manière valorise le travail des autres coureurs », Jérôme Gannat
Lenny Martinez a lui évidemment conservé son maillot jaune, et si Reuben Thompson pointe désormais à vingt-cinq secondes, son premier adversaire se retrouve lui à 1’12 ce samedi soir. « C’était une belle journée, très importante pour le classement général, disait le jeune Français. C’était quand même l’étape reine, c’est donc fou de se retrouver avec juste Reuben après une grande course d’équipe. On gagne du temps au général, on garde le maillot et on gagne l’étape. C’est parfait, et je veux remercier toute l’équipe qui nous a beaucoup aidé. Je suis content qu’on ait merveilleusement conclu cette étape ». « L’objectif principal était de conserver le maillot jaune et de faire des écarts, ajoutait Jérôme. Ensuite, s’il y avait l’opportunité de jouer l’étape, évidemment on n’allait pas se priver. Ça a été le cas. On savait que Lenny et Reuben étaient les meilleurs grimpeurs du plateau, on pouvait donc imaginer ce scénario, mais le vélo, ce n’est pas si simple que ça. Ce n’était pas écrit d’avance. Il y avait de la concurrence, un parcours difficile, mais ils ont bien assuré. Ceci dit, s’ils ont pu réaliser le doublé, c’est aussi car il y a eu un énorme travail du reste de l’équipe. Il faut rappeler que ce sont des équipes de cinq. Ils ont roulé à trois pendant 140 kilomètres. Finir de cette manière, ça valorise aussi le travail préalable des autres coureurs de l’équipe. On avait déjà fait des doublés au sprint, on l’a maintenant fait en montagne. On avait aussi réalisé un stage de quatre jours pour reconnaître les étapes, car les montées sont importantes, mais les descentes encore plus. Je pense que l’épreuve a été bien préparée par l’équipe et les entraîneurs ».
Dimanche, la Conti devra défendre ses intérêts dans un acte final cumulant tout de même 3500 mètres de dénivelé. « La dernière montée vers Cervinia est très longue mais pas très raide, exposait enfin Jérôme. Le Col de Saint-Pantaléon, qui le précède, est tout de même difficile. C’est roulant mais il y a encore de quoi donner lieu à du combat. Il ne faut jamais être trop confiant, il peut y avoir des changements. On va tâcher de contrôler comme on l’avait très bien fait l’an passé pour la victoire de Reuben, et en essayant de garder nos deux premières places au général ».
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