Tour Down Under rime nécessairement avec Willunga Hill. Depuis son introduction à l’épreuve il y a une vingtaine d’années, mais plus encore depuis que l’organisation a décidé d’en faire une arrivée au sommet en 2012, l’ascension d’Australie-Méridionale s’est forgé une vraie réputation. Celle de juge de paix de la première course WorldTour de l’année. L’édition 2025 ne dérogeait ce samedi pas à la règle, avec un double passage par cette côte iconique dans les vingt-cinq derniers kilomètres. Avant l’explication finale, la course a connu un scénario relativement classique, avec une échappée de quatre hommes. « On s’attendait à beaucoup de mouvements en début de course, c’est ce qu’il s’est passé, et on voulait éviter qu’un gros groupe parte sans nous, racontait Jussi Veikkanen. Lewis a très bien joué le coup et s’est glissé dans un coup d’une dizaine de coureurs. Ils ont été repris, puis un groupe de six est parti avec Pablo Torres et Juan Pedro Lopez, qui se sont relevés tour à tour ». Quatre hommes ont ainsi ouvert la route toute la journée, avec une avance maximale de quatre minutes trente, mais leur aventure s’est interrompue avant même le premier passage par Willunga Hill (3,3 km à 7,4%).

« La consigne était de placer Rémy au pied de la première ascension avec Matt, Eddy et Lewis, ce qui a été fait à la perfection, reprenait Jussi. La deuxième consigne était de rester avec Narvaez le plus longtemps possible dans le final ». « Le plan était simplement de me protéger tout au long de la journée, et de mon côté, d’essayer de faire la plus belle montée possible pour essayer de remporter l’étape et faire le meilleur classement général », confiait Rémy. Un plan exécuté sans accroc jusqu’au sommet de la première ascension de Willunga Hill, alors qu’un duo Mauro Schmid-Chris Harper tentait d’anticiper la grande explication. En revanche, la transition vers la montée finale s’est avérée plus délicate pour les hommes de la Groupama-FDJ. « On s’était accordés pour faire rouler Clément, ce qui permettait de placer le reste de nos coureurs dans la première partie du peloton, disait Jussi. Malheureusement, il y a eu une incompréhension. Clément a fait son boulot à la perfection mais les autres ne l’ont pas suivi, et dans la dernière ligne droite à l’approche de Willunga, le peloton a pété. C’est rageant car on avait passé une très bonne semaine jusque-là et on avait fait une course parfaite aujourd’hui jusqu’à cet instant. Il y a une vraie frustration vis-à-vis de ce manque de communication ».

Un premier peloton d’une vingtaine d’hommes s’est ainsi détaché du reste, et Rémy Rochas a été contraint à un très gros effort pour recoller. « On s’est mal compris à la radio avec les mecs qui étaient encore là, et surtout, le vent a tourné, expliquait Rémy. Avec Sven, on était en train de se ravitailler et de se demander comment se placer avant la bosse. On commençait à remonter, mais un peu trop tard. Ineos a lancé un vrai coup de bordure car le vent était passé de côté, ça nous a vraiment surpris et mis en difficulté. Sven, Quentin et Clément ont essayé au mieux de boucher les trous et j’ai de mon côté fourni un gros effort au pied de la bosse qui m’a permis de rentrer directement. Mais au bout d’un kilomètre, du fait des attaques successives, j’ai dû décrocher et gérer le reste de ma montée ». Parmi les tous derniers à opérer la jonction avec le premier « peloton », le grimpeur savoyard a tout juste eu le temps de se replacer que Javier Romo, le leader de l’épreuve, plaçait une offensive. « La course était lancée et Rémy avait besoin de souffler, commentait Jussi. Il a fait ce qu’il a pu mais il a très certainement cramé une bonne cartouche dans la poursuite. C’est frustrant et dommage, car il avait un vrai résultat dans les jambes ».

Pas en mesure de tenir tête aux favoris dans les deux derniers kilomètres, Rémy Rochas s’est battu pour assurer la douzième place au sommet, ce qui le rétrograde à la douzième place du général ce samedi. « Terminer douzième, c’est forcément décevant, car je pense que j’avais les jambes pour jouer le podium ou le top 5, assurait l’intéressé. On va apprendre de tout ça, personnellement et avec l’équipe, et faire en sorte que ça ne se reproduise plus ». « Ils ont tout de suite compris qu’ils avaient commis une erreur et il faudra s’en servir pour les prochaines échéances », ponctuait Jussi. Dimanche, le général ne devrait pas grandement évoluer, mais Matt Walls aura lui l’opportunité de disputer un nouveau sprint à Adélaïde.