Tout va pour le mieux en ce début de saison. J’ai rejoint l’équipe dès la fin de saison dernière, ce qui m’a permis de réaliser les différents tests dès le mois d’octobre, de m’habituer au changement de vélo, de connaître tout le monde. Tout a été réglé dès fin 2024, j’ai été super bien accueilli, et ça m’a donc mis dans des conditions optimales pour démarrer 2025. J’ai déjà pu participer à quelques courses cette année et tout se passe à merveille. L’équipe est contente de moi et je suis super content de l’équipe.

« On croit en moi et on me fait confiance »

Oui, j’ai déjà clairement passé ce cap, comme si ça faisait déjà un an ou deux que j’étais dans l’équipe. La « barrière » de la langue ne m’avait jamais vraiment posé de problème lors de mes précédentes expériences, même si ça avait été un peu plus compliqué au tout début chez Movistar. Mais il est vrai que là, c’est un peu plus facile avec le Français. J’arrive dans l’équipe, et immédiatement, je suis en capacité d’exprimer mes attentes, mes envies, mes petits pépins physiques, mes remarques sur la position en chrono, et tout le reste. En plus de ça, il y a une super communication dans l’équipe, où tout est lié. Quand je parle d’un problème au docteur, il y a tout de suite un retour à l’entraîneur, au préparateur, au kiné. Je me sens vraiment à mon aise dans ce système. Je sens que je suis écouté et que tout est fait pour que je réussisse. Je me sens complètement intégré et je suis euphorique pour la suite.

Dès ma prise en charge à Besançon, en octobre, j’ai tout de suite senti qu’il y avait un bon feeling. Ça s’est confirmé dès les stages en Espagne, où j’ai pu rouler avec tous les collègues, où j’ai pu rencontrer tout le staff, tous les dirigeants. C’est vrai que j’ai beaucoup douté en 2024, mais dès que j’ai su que je pouvais rejoindre l’équipe, j’ai tout de suite été dans une autre optique et les premiers contacts ne m’ont pas démenti. J’ai vraiment senti qu’il y avait un bon groupe, et ça m’a immédiatement redonné cette envie. Il y aussi plein de jeunes dans l’équipe, et ça me donne non seulement envie de m’entraîner pour rester au niveau, mais aussi de leur apporter un peu de mon expérience et de mon vécu. La flamme ne s’est jamais éteinte, mais disons qu’elle s’est rapidement ravivée, et chaque jour un peu plus. À chaque course, chaque entraînement, je suis de plus en plus motivé. J’avais par exemple dit à l’équipe après le Tour d’Algarve que j’étais motivé pour participer aux Boucles Sud-Ardèche car je n’avais pas de course avant Paris-Nice. Au final, on m’a appelé, et j’étais super content d’être là ce week-end. Ça montre aussi qu’on croit en moi et qu’on me fait confiance. Ça me conforte encore plus dans l’idée que j’ai fait le bon choix.

J’ai repris avec le Grand Prix La Marseillaise et l’Étoile de Bessèges, qui sont des courses auxquelles je voulais participer car je ne les avais jamais faites auparavant, étant dans des équipes étrangères. C’était une petite découverte. Ce sont des courses où le niveau est moins relevé qu’en WorldTour, et c’est donc l’idéal pour reprendre contact avec le peloton et sa nouvelle équipe, ses nouveaux coéquipiers. Ça s’est globalement bien passé. On n’a pas gagné, mais c’était une réussite me concernant, car j’ai retrouvé ce plaisir et cette envie de groupe. J’ai aussi pu me tester sur le contre-la-montre avec le nouveau vélo, tant à Bessèges qu’en Algarve plus récemment. Je suis là où je voulais être à cet instant de la saison. Je ne suis pas encore à 100% mais je sens que je suis sur la bonne pente, et il suffit d’une petite étincelle pour que la grosse performance suive. De toute façon, la forme ne va que progresser au fur et à mesure que je courrai. J’ai toujours eu besoin des compétitions pour monter en puissance.

« Chaque petite touche positive ne peut que me motiver pour la suite »

Je n’étais pas le leader de l’équipe sur La Marseillaise, j’avais pour mission d’anticiper. Ça me permettait non seulement de faire quelque chose que j’aime, mais aussi de reprendre confiance. Forcément, la tentative était complexe, d’autant que je n’ai pas été très aidé, mais le fait que l’équipe ait cru en moi et m’ait laissé le champ libre, ça m’a apaisé et ça a ravivé cette fameuse flamme. Dès le briefing, j’étais excité à l’idée de faire quelque chose de bien.  

Avec ce qu’il s’est passé, on n’était plus que 80 coureurs au départ lors du week-end final, donc je ne prends pas ma deuxième place sur le chrono comme un accomplissement en tant que tel. Malgré tout, il y avait du positif dans tout ça : c’était ma toute première sortie sur le vélo de contre-la-montre, le parcours ne me convenait pas vraiment, et les sensations étaient plutôt bonnes. Bien qu’il n’y ait pas eu de « folies », ça reste évidemment plus positif que négatif. Et surtout, il y avait déjà du mieux par rapport à ce que j’avais vécu en 2024. Ce n’est certainement pas une référence en termes de performance, mais chaque petite touche positive ne peut que me motiver pour la suite.

Je suis hyper satisfait de la position. Je voulais qu’on reparte de zéro cet hiver, car je savais qu’il y avait des choses qui n’allaient pas, des choses qui me gênaient. Ça a donc pas mal changé et ce n’est que du positif pour l’instant. Il y a naturellement encore des choses à faire et à peaufiner, mais le gros du travail a été effectué. Maintenant, cela va surtout passer par du travail à la maison avec des sorties en vélo de chrono car on sait que c’est une position toujours un peu spéciale à tenir. En 2024, j’avais un peu oublié cette discipline et je ne roulais plus ou presque sur ce vélo. Désormais, j’essaie de l’utiliser 2-3 fois par semaine, comme « à l’époque », car c’est vraiment très important. Si on parle de courses, à Bessèges et en Algarve, le chrono se finissait à chaque fois avec une montée assez raide. Le résultat n’est donc pas simple à interpréter, mais je sais que c’est prometteur. Je sais ce que je peux faire, et je sais qu’il y a juste un petit cap à franchir pour aller gratter encore mieux. En tout cas, la spirale est bonne pour la suite.

« Ce après quoi je cours, je l’ai en fait déjà trouvé »

Je suis très content du vélo, mais comme tout le reste de l’équipe en fait. Que ce soit le vélo de chrono ou le vélo route d’ailleurs. Je suis aussi super heureux quand je vois cette volonté de professionnalisme au sein de l’équipe, qui travaille et recherche sans cesse le meilleur pour nous du point de vue du matériel. Ils savent que le contre-la-montre est une discipline importante pour moi, et tout est mis en œuvre pour que je sois épanoui à 200% et que les moindres détails soient optimisés.

J’ai repris un travail vraiment exigeant à ce niveau cet hiver et ça me fait du bien. Ça ne veut pas forcément dire que c’est mon unique priorité, mais disons que le contre-la-montre est malgré tout un bon révélateur de la performance. C’est juste toi, seul contre le temps, sans abri. C’est ta performance physique pure. Si je suis aux avant-postes sur le contre-la-montre, cela veut dire que je suis au niveau. Et si je suis au niveau, cela veut dire que je le serai aussi sur le reste des courses. C’est aussi psychologique. Parfois, être dans une bonne spirale sur le chrono permet de réussir d’autres choses sur les courses, d’être offensif. C’est pour cette raison que j’ai hâte de courir chaque semaine. J’ai envie d’aller de l’avant, j’ai envie de faire le vélo que j’aime, d’attaquer de loin, de reproduire ce qui m’a permis de remporter quelques courses. Je veux retrouver cet esprit agressif.

Ce après quoi je cours, je l’ai en fait déjà trouvé, car je suis aujourd’hui heureux et je me sens bien. J’ai déjà tout gagné, ou presque, car évidemment le vélo ce n’est pas que ça. Quand on est cycliste professionnel, on a envie de performer et de gagner des courses, et c’est encore ce qui m’anime. Mais en rejoignant l’équipe, j’ai déjà retrouvé 75% de ce dont j’avais envie : l’envie, la motivation, et le bonheur. Sans dire que le reste sera du bonus, ce sera simplement le fruit du travail. Je sais ce qu’il me reste à faire pour être comblé à 100%.

« Ça me tient à cœur d’accompagner la nouvelle génération »

Pas du tout. On verra ça avec l’équipe, mais chaque chose en son temps. Cette année, je n’ai pas envie de me mettre des choses en tête. J’ai envie d’être performant sur chaque course. À chaque départ, je veux apporter 100% de ce que je ce que je suis en mesure d’apporter à l’équipe, ou bien saisir les opportunités qui se présenteront pour performer et gagner.

Peut-être davantage d’un deuxième cycle, car je repars avec une nouvelle envie, une nouvelle motivation, et quelque chose de différent des années précédentes. Je voulais vraiment rompre avec 2024. J’essaie d’oublier un petit peu ce que j’ai pu faire avant pour repartir sur du neuf et me renouveler moi-même, même s’il y a une certaine continuité. J’ai envie d’être performant pour le coureur que je suis, un rouleur, baroudeur, mais aussi en tant qu’équipier comme je l’ai montré les années précédentes pour aider l’équipe et les jeunes à performer et à gagner de belles courses. Je suis encore extrêmement motivé et je sais que j’ai cette capacité de fournir du gros travail pour les autres.

Car ça me tient à cœur d’accompagner la nouvelle génération ! Je vais avoir 30 ans, ça passe vite, et je vois plein de jeunes dans l’équipe. J’y fais un peu plus attention qu’il y a encore un an ou deux. Quand je regarde les gars qui arrivent maintenant, ils sont nés en 2004, 2005… Ça me donne le vertige. Mais ce qui me choque, c’est qu’ils sont forts de plus en plus tôt. Ça me donne envie de m’entraîner dur pour être au niveau et les aider, et de leur apporter un peu de ce que j’ai appris. Avec « La Conti », on a la chance d’avoir un bon panier de jeunes qui ne demandent d’ailleurs qu’à être guidés pour atteindre le plus haut niveau.

« J’ai trouvé tout ce dont j’avais besoin […] Ça me motive d’autant plus pour tout casser »

Comme je le disais, je n’ai pas de plan en tête, mais j’ai envie de prendre du plaisir sur le vélo. Or, j’ai déjà retrouvé le plaisir. C’est une très bonne chose, et si les résultats doivent suivre, ils suivront. Je ne veux pas m’obséder à me comparer à ce que j’étais avant. J’ai 29 ans. Normalement, j’arrive dans mes belles années. Physiquement, ça va très bien. Je peux le constater, mon entraîneur peut le constater. Ça me conforte dans l’idée que la marge de progression que j’avais identifiée il y a quelques années peut être exploitée, et je sais que je peux aller chercher mieux. Sur certains aspects du cyclisme professionnel, comme la nutrition ou les « gains marginaux », j’ai par le passé été perfectible, un peu « à l’ancienne ». En 2021 j’ai perdu pas mal de contre-la-montre pour quelques secondes. Je m’étais dit : « si je ne suis pas loin en ne faisant pas les choses à 100%, si je fais tout bien ça devrait coller ». Ce sont ces gains que j’ai aujourd’hui envie d’aller chercher. Pour l’heure, j’ai besoin d’un peu plus que de gains marginaux, mais c’est en bonne voie.

Je suis un coureur épanoui et comblé. Je suis heureux car j’ai trouvé tout ce dont j’avais besoin dans une équipe. Ça me motive d’autant plus pour tout casser et aller chercher des beaux succès, et aider l’équipe à aller chercher des beaux succès.