Le Tour de Catalogne a offert ce samedi un scénario comme il ne s’en fait plus. Lors de la sixième étape, les favoris se sont fait la guerre à plus de 130 kilomètres de l’arrivée, et deux hommes forts ont alors filé et mené à bien leur escapade. Richard Carapaz l’a ainsi emporté devant Sergio Higuita, nouveau leader, tandis que Quentin Pacher a décroché la cinquième place du jour au sein d’un petit peloton où l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a constamment été bien représentée. Dernière opportunité dimanche sur les hauteurs de Barcelone.
« Une grosse journée pour les coureurs », Philippe Mauduit
Au lendemain d’une journée plutôt calme conclue par un emballage massif, le peloton du Tour de Catalogne entrait dans le week-end sous la pluie, du côté de Salou, pour une étape accidentée potentiellement propice aux échappés. Il va donc sans dire qu’il y avait presque autant de coureurs sur la ligne de départ que de coureurs désireux de prendre les devants ce samedi. « On s’attendait à ce que ça bataille, disait Quentin Pacher, mais sans doute pas autant ! Ça a été une journée à bloc, du départ à l’arrivée. Il n’y avait pas d’échappée au moment de la principale difficulté de la journée, après trente kilomètres, et sachant que la lutte pour le général était encore hyper serrée, les Ineos Grenadiers ont saisi l’occasion et ont durci la course de manière incroyable. Le premier col s’est quasiment monté comme si c’était une arrivée au sommet ». Le peloton a explosé en plusieurs morceaux et un premier groupe d’une quinzaine d’hommes est d’abord parvenu à se dégager avec Michael Storer en son sein. « Il va de mieux en mieux, confiait Philippe Mauduit. Étant donné ce qu’il s’est passé pour lui sur Paris-Nice, c’est une bonne chose de le retrouver, au fil des jours, de plus en plus capable de faire des efforts de haut-niveau. C’est encourageant ». À quelques kilomètres du sommet de cette première ascension, l’Australien n’a toutefois rien pu faire lorsque Luke Plapp, Richard Carapaz (Ineos Grenadiers) et Sergio Higuita (Bora-hansgrohe) se sont extirpés. Le trio a rapidement creusé l’écart sur un peloton émietté. « Nos coureurs ont tout fait pour se glisser dans l’échappée, mais il y avait devant deux coureurs bien au-dessus de tout le monde aujourd’hui, tranchait Philippe. Quand il n’y avait plus que vingt coureurs en haut du premier col, on était encore super bien représentés, avec Michael, Quentin, Seb, Rudy, Bruno… »
Lancée par les leaders à plus de 130 kilomètres du but, la course n’a dès lors plus connu un seul moment de répit, et s’est transformée en véritable calvaire pour l’ensemble du peloton. « Ça a été une grosse journée pour les coureurs, assurait Philippe. Le parcours s’y prêtait et la météo favorisait d’autant plus ce genre de scénario ». « On est partis sous la pluie, il faisait froid dans les descentes, c’était une journée très éprouvante pour l’organisme, témoignait Quentin Pacher. Dans ces cas-là, il faut réussir à bien gérer la façon dont on s’habille, pour ne pas prendre froid, mais aussi bien s’alimenter et rester concentré. Ça ne faisait que monter et descendre sur des petites routes sinueuses toute la journée, et ça demandait d’être hyper vigilant. Surtout sous la pluie ». Cette dernière a d’ailleurs été fatale à Bruno Armirail, pourtant omniprésent en début de course. « Il a été pris par le froid, s’est arrêté pour changer ses vêtements mais ça n’a pas suffi, expliquait Philippe quant à l’abandon de l’Occitan. Il faut dire qu’il faisait 4°C sous la pluie sur presque les cent premiers kilomètres ». À l’avant de la course, Higuita et Carapaz ont pour leur part porté leur avance jusqu’à 3’30 face à un – petit – peloton impuissant mené par la formation de Joao Almeida. « Quand c’est comme ça, tu laisses faire les leaders et tu attends de voir comment ça va réagir ensuite, poursuivait Philippe. On se rend compte qu’il n’y avait pas grand-chose à faire face aux deux coureurs de tête ».
« J’avais envie de saisir ma chance », Quentin Pacher
Si le peloton s’est quelque peu étoffé à soixante-quinze kilomètres du but, permettant notamment le retour d’Attila Valter, il n’est jamais parvenu à réduire l’écart de manière significative. Le duo comptait encore près de deux minutes d’avance à l’issue de la dernière difficulté et a ainsi sans problème tenu jusqu’à la ligne, située à Cambrils. Quarante-huit secondes plus tard, Quentin Pacher a pris la troisième place du peloton au sprint, soit la cinquième de l’étape. « Je me suis accroché toute la journée, et je me suis dit que je n’avais pas fait tout ça pour rien, confiait le puncheur. On était très bien représentés dans le premier peloton, on a un groupe super homogène. Dans le final, Michael a pris la tête du peloton dans le dernier kilomètre et Attila m’a un peu replacé. C’était bien de faire un truc tous ensemble. J’étais vraiment très fatigué, et c’était un sprint de coureurs fatigués, mais j’avais envie de saisir ma chance et ça a abouti sur un top-5. C’est bien. Après le podium de la première étape, c’est un bon résultat pour toute l’équipe ». « Quentin continue de nous surprendre par tout ce qu’il réalise, saluait Philippe. Il est passé par des moments difficiles sur ce Tour de Catalogne mais il ne lâche rien, et il est aujourd’hui récompensé avec cette cinquième place ». Par ailleurs, Sébastien Reichenbach a lui progressé au dix-septième rang du général au terme de cette sixième étape. Dimanche, le Tour de Catalogne se conclura sur le traditionnel circuit punchy de Montjuic. « On s’attend encore à une grosse baston », ponctuait Philippe.
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