Ses quelques larmes à l’arrivée ne trompaient pas. Ce mercredi, au Monastère de Tentudía, Quentin Pacher a effleuré du bout des doigts le plus grand moment de sa carrière cycliste. Au terme de la dix-septième étape de la Vuelta, après une longue échappée, le puncheur occitan s’est ainsi retrouvé à jouer la victoire dans les tous derniers hectomètres. Au sommet, le Libournais de 30 ans a tout lâché pour espérer l’emporter, mais Rigoberto Uran est parvenu à lui résister. Une deuxième place en forme de crève-cœur pour l’homme de la Groupama-FDJ, auteur de son meilleur résultat en carrière sur un Grand Tour, et de son quatrième top-10 dans cette Vuelta.

Les difficultés refaisaient leur apparition sur le Tour d’Espagne ce mercredi, à l’occasion d’une dix-septième étape à cheval entre l’Andalousie et l’Estrémadure qui avait pour conclusion une nouvelle arrivée au sommet. C’est néanmoins un long faux-plat descendant qui lançait l’étape, et qui rendait donc possible une moyenne de 54 km/h sur les trente premières minutes. De nouveau, il a ainsi fallu patienter de nombreux kilomètres avant que l’échappée ne se dessine, ce qui fût le cas après environ une heure de course. Ils ont alors été treize à se détacher, parmi lesquels Quentin Pacher. « Il fallait déjà être très fort pour prendre l’échappée, assurait Franck Pineau. Ça a encore bagarré pendant cinquante kilomètres, et il fallait être un très bon pour réussir à sortir. Quentin a beaucoup donné de sa personne, tout comme ses copains qui y sont allés à tour de rôle en début d’étape. Au final, c’est même Quentin qui a provoqué l’échappée du jour. Cela montre aussi qu’il avait vraiment envie d’être dans la bagarre. Il avait d’ailleurs annoncé au briefing qu’il voulait vraiment faire quelque chose aujourd’hui car il se sentait bien. Il n’a pas manqué à l’appel ». En tête, l’Occitan a alors trouvé la compagnie de Fred Wright, Gino Mäder (Bahrain Victorious), Alessandro De Marchi (Israel Premier Tech), Elie Gesbert, Simon Guglielmi (Arkéa Samsic), Clément Champoussin, Bob Jungels (AG2R Citroën), Jésus Herrada (Cofidis), Rigoberto Uran (EF Education-EasyPost) Lawson Craddock (BikeExchange-Jayco), Kenny Elissonde (Trek-Segafredo) et Marc Soler (UAE Team Emirates).

« J’y croyais vraiment », Quentin Pacher

Le peloton a d’abord muselé le groupe à environ quatre minutes, avant de finalement relâcher la pression une fois la mi-course franchie. Avec près de sept minutes d’avance à l’approche de la dernière difficulté vers le Monastère de Tentudía, l’échappée avait donc tout le loisir de se jouer le gain de l’étape. « Quentin a participé au travail comme tous les autres, chacun passait son bout de relais, indiquait Franck. Ensuite, on souhaitait qu’il anticipe un peu par rapport à des garçons qui sont un peu meilleurs grimpeurs que lui, comme Uran ou Soler. Dans l’idéal, on aurait aimé qu’il anticipe avec 2-3 coureurs et qu’il ait un temps d’avance dans la montée ». Le Libournais a bien tenté de répondre à une première offensive de Lawson Craddock, à environ vingt kilomètres du terme, mais c’est la deuxième accélération de l’Américain qui s’est avérée payante. Ce dernier a donc pu entamer l’ascension finale (9,4 km à 5,2%), entrecoupée d’une descente, avec un matelas de trente secondes. Dans le groupe de poursuite, la chasse s’est tantôt entreprise au train, tantôt via divers contres, mais la véritable bagarre s’est enclenchée dans la deuxième partie de la montée. « Ça a continué d’attaquer dans les cinq derniers kilomètres, et Quentin a lui préféré lisser son effort. Il a couru intelligemment », expliquait Franck. Légèrement décroché à chaque coup de boutoir, le coureur de la Groupama-FDJ est néanmoins toujours resté dans le match, à quelques mètres d’Uran, Herrada, Soler, Craddock ou Champoussin. Mieux, quand quelques-uns se sont effondrés à l’approche du sommet, lui est parvenu à rester à portée de fusil d’un duo Uran-Herrada sorti pour se jouer la victoire. « Ça a été une grosse bataille dans la montée finale, avec beaucoup d’accélérations et de changements de rythme, racontait Quentin. Je me suis accroché comme jamais ».

Si bien que le puncheur tricolore demeurait en lice pour la victoire dans le dernier kilomètre. « Quand j’ai vu à 200 mètres que la victoire était juste devant, j’y croyais encore un petit peu, relatait-il. J’ai fourni mon effort tard pour essayer de revenir, car au sommet d’une bosse de dix bornes, si on lance trop tôt, on peut vite se rasseoir et ne plus repartir. Il faut savoir être dans le bon timing. Je n’en étais pas loin, et je suis venu mourir dans la roue d’Uran. Il y a juste un mec qui était plus fort que moi aujourd’hui ». Malgré un sprint à l’arrachée dont a il le secret, qui lui a permis de déposer Soler, puis Herrada, Quentin Pacher n’a donc pu combler les cinq derniers mètres qui le séparaient de Rigoberto Uran sur la ligne. « C’est frustrant car j’avais de super jambes, j’y croyais vraiment, et ça ne passe pas loin, glissait-il après avoir essuyé quelques larmes à l’arrivée. Je pense que j’ai un peu joué mon va-tout aujourd’hui, mais les jambes sont là. C’est sans doute ma meilleure performance dans un Grand Tour, c’est déjà ça… » « Il faut rappeler qu’il revient de loin, soulignait Franck. Il est tombé malade en fin de première semaine. Être en mesure de se refaire sur un Grand Tour et de retrouver son meilleur niveau, c’est signe qu’il va très bien. Sur les treize coureurs de l’échappée, plus de la moitié avait gagné des étapes sur les Grands Tours. Ce n’est pas rien. Il est avant tout un puncheur, mais il fallait aussi être grimpeur aujourd’hui et il a su se mettre en évidence. On ne va pas cracher sur une place de deuxième, mais c’est évidemment frustrant. Il est battu par Uran, qui n’est pas n’importe qui, mais je reste persuadé qu’il avait les jambes pour gagner. Il va en tout cas prendre confiance et continuer d’aller de mieux en mieux. On est tout proche, mais tout proche, ce n’est pas gagner ».

« On a des garçons qui ont envie de jouer », Franck Pineau

Ce mercredi, Thibaut Pinot a par ailleurs accompagné les favoris jusqu’au sommet pour prendre la sixième place parmi les prétendants au classement général. « Ça me rassure, mais je sais que je ne suis pas trop mal, assurait le Franc-Comtois. Il me manque un peu de réussite pour prendre les échappées. Il reste trois jours et on va tenter. Quentin n’est pas passé loin aujourd’hui. C’est dommage. On avait dit qu’on venait ici pour prendre les échappées et viser la victoire. On compte pas mal de places d’honneur mais il nous manque encore cette victoire et on va essayer d’aller la chercher ». Ce sera le cas dès demain en direction de l’Alto del Piornal pour une nouvelle arrivée au sommet. « On n’a pas le choix, concluait Franck. On met tout en place pour réussir. On est positifs dans notre démarche, on va tous les jours au combat, on a des garçons qui ont envie de jouer. Il nous reste trois journées compliquées, mais c’est aussi certainement là qu’on peut le mieux s’illustrer. On l’a prouvé aujourd’hui. Il faut continuer comme ça, car ce n’est que comme ça qu’on réussira à gagner

2 commentaires

Jac34

Jac34

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Le 8 septembre 2022 à 06:49

Quentin est un garçon qui ne déçoit pas, il apparait dans les derniers kilomètres alors que beaucoup se sont déjà relevés. C’est un des meilleurs de l’équipe, et mériterait d’inscrire son nom dans ce grand tour.

BERNARD

BERNARD

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Le 7 septembre 2022 à 21:20

Quentin, il vaut plus que pas cher! Celà fait longtemps que je le dis et que je l’affiche sur le bord de la route. Allez Quentin, la dordogne est avec toi.