Thibaut Pinot et toute son équipe, hormis les sept coureurs engagés cette semaine dans le Tour Down Under, est en stage depuis une semaine à Calpé et s’il était un peu souffrant samedi, le leader charismatique de l’équipe FDJ envisage la prochaine saison avec confiance. Sans toutefois se contenter de ses acquis. Son plan de route est donc fixé : faire aussi bien que l’an dernier et gagner une course par étapes d’une semaine.
Thibaut, après une année 2015 marquée par de grands succès, quel est ton état d’esprit. Forcément, il doit être différent de celui d’il y a un an ?
C’est en effet très différent. J’ai fait une grosse saison mais maintenant il faut confirmer, c’est une autre pression à gérer. Vraiment différente mais c’est de la pression quand même.
C’est plus facile à gérer ?
Plus facile, non. Ce qui est acquis l’est vraiment mais maintenant il faut essayer de faire mieux, en tout cas ne pas régresser et ce n’est pas facile. En fait depuis que je suis pro, je n’ai jamais cessé de progresser et c’est un leitmotiv. Je dois progresser, progresser encore.
Tu as passé un bon hiver ?
Oui, un hiver sympa. Après le Tour de Lombardie (3e), j’ai coupé un bon mois sans toucher au vélo. J’ai fait du foot, comme tous les hivers. Avec l’équipe de DG United. C’est Arthur Vichot et sa bande de copains qui ont eu l’idée de la créer. On a fait sept matches, on est une vingtaine de joueurs. En fait j’ai vraiment besoin de ne pas penser vélo pendant cette coupure et je ne me suis jamais ennuyé, j’avais toujours quelque chose à faire, rarement chez moi. J’ai mes étangs, les travaux de la maison que je fais construire…
Mis à part le fait que tu as une petite crève pendant ce stage, comment te sens-tu ? Tu es sur de bonnes bases ?
Oui j’ai fait une bonne préparation, je pense être dans les temps de l’an dernier. Ni en avance, ni en retard et je ferai le point dans le Grand Prix « La Marseillaise », ma première course de l’année. Dans deux semaines je saurai.
Avec quel premier objectif ?
Le vrai premier objectif est Tirreno-Adriatico mais dès qu’il y a une course, dès qu’il y a un dossard, j’essaie de faire le mieux possible.
Tu changes des choses cette année ?
Je vais mettre en place un stage en altitude, je vais partir deux semaines en mai à Tignes. Pour mon programme de courses, c’est à peu près le même sinon que je vais disputer le Critérium du Dauphiné à la place du Tour de Suisse, également le championnat de France, chez moi, course en ligne et contre la montre. Dans les grandes lignes, c’est le même programme.
Tes résultats en 2015 ont sauvé la saison de l’équipe FDJ, penses-tu que le groupe sera plus fort cette année ?
J’ai besoin d’un groupe fort mais c’était mon but d’être leader, de marquer des points, de scorer. C’est mon rôle de gagner des courses et d’amener des résultats. A côté de ça Arnaud (Démare) a eu des petits soucis, Arthur (Vichot) aussi. On attendait plus de victoires mais on a fait une bonne saison quand même.
En plus de Steve Morabito, ton équipe s’est renforcée avec Sébastien Reichenbach et les jeunes Christian Eiking et Jérémy Maison que tu vois opérationnels très vite. Dans le cyclisme d’aujourd’hui, c’est important d’être épaulé longtemps ?
Maintenant, on voit qu’il n’y a plus de grosses armadas comme avant, on se retrouve souvent en tête à tête au moment de faire la décision. Il reste dix mecs mais il n’y en a pas 5 de la même équipe. On se bat d’homme à homme et ça ne sert à rien d’être trois coureurs de la même équipe à trois bornes de l’arrivée. Il faut bien équilibrer les forces et les efforts. Avec Steve et Seb, je pense qu’on va faire du bon boulot. Avec Kenny Elissonde, Alexandre Géniez aussi.
S’il s’agit de franchir un palier en 2016, ça doit se traduire comment ?
Monter sur le podium des courses d’une semaine parce que des quatrièmes places, ça va, j’en ai une belle collection. Si je peux monter sur le podium et vraiment jouer la victoire sur une de ces épreuves, ce serait bien. Sur le Tour de Romandie, sur Tirreno-Adriatico qui sont des belles courses qui me plaisent vraiment.
En revanche la période Tour de Catalogne-Tour du Pays Basque, en mars avril, semble toujours délicate à gérer ?
Je fais l’impasse sur le Tour de Catalogne parce que je suis toujours un peu frustré par le parcours et c’est pour ça que je vais désormais au Critérium International en Corse. En revanche j’aime bien le Tour du Pays-Basque mais j’ai besoin aussi d’enchainer les courses. On s’entraine beaucoup mais le mieux c’est quand même de courir.
Il semble que tu saches gérer tes pics de forme ?
L’an dernier je n’ai pas eu à gérer, j’ai marché de Tirreno-Adriatico jusqu’au Tour de Lombardie. Dans toutes les courses que j’ai disputées, j’ai fait quelque chose. Entre les courses, je parvenais à bien récupérer et à entretenir ma condition physique. D’être frais au moment d’accrocher un dossard.
As-tu le sentiment que le regard de tes adversaires a changé ?
Non. Je ne sais pas…
Par exemple Fabio Aru (Astana), quand il gagne la Vuelta, dit que tu fais partie de ses grands rivaux dans les Grands Tours ?
On a le même âge, de cette génération 90 qui est assez impressionnante. Oui on se connaît. Gagner, faire un top 10 au classement mondial en fin de saison comme je l’ai fait en plus de qu’il a réalisé lui même de même que Quintana, cela montre que nous sommes au point et que nous sommes l’avenir du cyclisme.
Avec qui as-tu des affinités, les retrouver dans le peloton et discuter ?
Je suis un peu comme eux, je ne parle que ma langue. Ce n’est pas simple d’échanger. Je vais me mettre à l’Anglais.
Vincenzo Nibali dit toujours des choses sympa sur toi. Cela pouvait laisser penser que tu es pote avec lui ?
On ne se parle pas beaucoup mais on se salue tous les jours, on se fait un petit signe. Les deux fois où il gagne deux grands monuments (Tour de France, Tour de Lombardie), j’étais sur le podium avec lui. Peut-être que je suis son porte-bonheur !
Quel est ton programme cette année ?
Le Grand Prix « La Marseillaise », l’Etoile de Bessèges, le Tour d’Algarve, Les Boucles du Sud-Ardèche…
Tu vas en profiter pour aller reconnaître le parcours du l’étape contre la montre du Tour de France ?
Sûrement oui… Et puis ensuite Tirreno-Adriatico, le Critérium International, le Tour du Pays-Basque, le Tour de Romandie, le Critérium du Dauphiné, les Championnats de France et Tour de France.
Avec une revanche à prendre dans le Critérium International que tu aurais dû gagner en 2015 ?
Oui ç’a été une grosse frustration mais c’est aussi peut-être ce qui m’a permis de gagner de grosses courses ensuite. Ça fait du bien de prendre une claque parfois.
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