Après trois étapes destinées aux rouleurs/sprinteurs, la Vuelta changeait drastiquement de profil ce mardi. Pas moins de 3500 mètres de dénivelé étaient au menu des coureurs pour leur première journée en Espagne, et des pentes affolantes les attendaient du côté du Pico Villuercas au bout de 170 kilomètres de course. En raison d’un terrain bien plus accidenté que les jours précédents, le début d’étape a été relativement animé, et il a ainsi fallu trente kilomètres à Bruno Armirail (Decathlon AG2R), Sylvain Moniquet (Lotto Dstny), Filippo Zana (Jayco-AlUla), Pablo Castrillo (Kern Pharma) et Mikel Bizkarra (Euskaltel-Euskadi) pour se faire la malle. « L’objectif était éventuellement de prendre l’échappée avec Kevin et Quentin si elle était conséquente, confiait Thierry Bricaud. On a vu rapidement que c’était contrôlé, par la Redbull-Bora hansgrohe en particulier, et on savait donc que ça allait se jouer dans la montée finale. Dès lors, c’était tout pour David et Rémy ». Le peloton s’est maintenu à environ trois minutes des fuyards tout au long de la journée, sous une chaleur parfois étouffante. « C’était difficile pour nous et difficile pour tout le peloton, commentait Thierry. Quand on a des températures qui avoisinent les 40 degrés comme aujourd’hui, les coureurs pensent plus à s’hydrater et à se rafraîchir qu’à autre chose, et ça se comprend ».

Il a néanmoins fallu se recentrer sur la course dans la dernière heure, et tandis qu’un duo Armirail-Castrillo s’approchait de l’ascension finale avec un capital de deux minutes. Bien que long de quatorze kilomètres, le Pico Villuercas se démarquait surtout par ses trois kilomètres à plus de 13%, dont le terme n’intervenait qu’à 1500 mètres du sommet. Les derniers rescapés de l’échappée ont été repris dès les premières pentes vertigineuses, et le peloton s’est très rapidement émietté par l’arrière. « Le placement a été assez limpide car il ne restait plus beaucoup de monde, expliquait Thierry. David et Rémy se sont retrouvés un petit peu loin au pied, quand c’est monté fort, puis chacun est monté à son rythme ». Tandis que Primoz Roglic faisait le ménage parmi ses concurrents, le Breton tentait lui de gérer au mieux son effort. « Le plan était de suivre le plus longtemps possible et de voir où j’en étais par rapport aux autres favoris sur une montée comme celle d’aujourd’hui, disait-il. J’ai bien géré le pied, mais j’ai juste voulu accélérer un petit peu trop tôt pour essayer de revenir sur le groupe Almeida. Je me suis mis totalement dans le rouge et j’ai explosé à 600 mètres de la fin de la partie raide ».

En tête, sept coureurs se sont regroupés dans le dernier kilomètre pour se jouer la victoire, et Primoz Roglic s’est imposé. David Gaudu a lui bien limité la casse pour arriver en quinzième position, à quarante secondes. « Ma petite erreur me coûte ma place avec Sepp Kuss (11e à 28 sec ndlr), mais il y a beaucoup d’autres leaders qui ont explosé, donc ça reste pas trop mal, disait-il. Je n’avais pas eu de repères sur des arrivées au sommet depuis un moment, et c’était finalement une arrivée très punchy. Ça s’est résumé à deux kilomètres très difficiles, ce n’était pas une ascension de quarante-cinq minutes. C’est une étape correcte et ça va me faire du bien pour la suite ». « David s’est bien accroché, saluait Thierry. Il a conservé le petit coup de retard qu’il avait au pied toute la montée, mais il termine quand même avec pas mal de coureurs qui vont jouer le général. Cela veut dire qu’il est dans le coup et ça va le booster pour la suite. C’est le plus important ». Également quinzième du général ce mardi soir, David Gaudu affiche un retard d’une minute et vingt-quatre secondes sur Roglic, nouveau maillot rouge. « On a l’objectif du général pour David, et on est dans le coup, concluait Thierry. Ces prochains jours, les étapes pourraient sourire aux échappées. Peut-être pas dès demain, mais il faudra être acteur car des échappées iront sûrement au bout et on se doit d’être présent car on a l’effectif pour ».

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