Une semaine après le prestigieux succès de Reuben Thompson sur le Tour de la Vallée d’Aoste, la « Conti » Groupama-FDJ a entretenu sa bonne dynamique lors du Tour Alsace. Le tout avec un invité de marque. Autour de Sébastien Reichenbach, « prêté » par la WorldTour pour l’occasion, les jeunes coureurs ont en effet pu engranger de l’expérience et travailler pour un professionnel confirmé tout au long de l’épreuve. Le Suisse n’a d’ailleurs pas déçu puisqu’il s’est octroyé la deuxième place finale tandis que Lewis Askey a également obtenu deux jolis accessits au sprint. Une semaine pleine à tous points de vue.
C’est par un exercice atypique que tout a commencé en Alsace, jeudi soir. À Sausheim, les équipes étaient ainsi divisées en deux groupes pour un contre-la-montre en « trio » sur tout juste 4,3 kilomètres. Dans cette optique, la Conti avait donc rassemblé Antoine Raugel, Lewis Askey et Joe Pidcock d’une part, et Sébastien Reichenbach – en provenance de la WorldTour -, Reuben Thompson et Alexandre Balmer d’autre part. « Ce n’était pas un choix simple car on partait tout de même dans l’optique d’un bon général avec Seb ou Reuben, initiait Jérôme. Or, il ne fallait pas perdre trop de temps au cas où ça se jouait à quelques secondes. D’un autre côté, on avait aussi une équipe capable de gagner, et on est forcément toujours attirés par la victoire… L’équipe des « rouleurs » a d’ailleurs fait un bon chrono. Avec le recul, on se dit toujours qu’on aurait pu gagner un peu ici ou là, mais je ne pense pas qu’on aurait pu gratter plus d’une seconde. Il aurait été compliqué de finir sur le podium ». Lors de cette première journée de course, la triplette Raugel-Askey-Pidcock a ainsi signé le sixième temps, à trois secondes de la Jumbo-Visma Development, tandis que les « poids plumes » ont concédé quinze secondes. Rien de rédhibitoire pour le classement général néanmoins, au vu du programme qui était à venir.
« Reuben s’est spontanément et naturellement proposé », Jérôme Gannat
La première véritable échéance intervenait d’ailleurs le troisième jour, avec une arrivée au sommet de la désormais célèbre Planche des Belles Filles. « C’était une vraie course de côte, hyper tonique, indiquait Jérôme. C’était un effort particulier. D’ailleurs, certains qui ont bien figuré là-haut n’étaient plus là le lendemain… Lorsqu’on est arrivés sur le petit replat à deux kilomètres du sommet, la décision n’était pas suffisamment faite et il y avait encore trop de coureurs avec Seb. On savait dès lors que ça allait être compliqué dans un effort typé puncheur. Ceci étant dit, Seb a réussi à prendre une bonne troisième place, tout en mettant un peu d’écart sur ses concurrents ». Le Colombien Santiago Umba s’est imposé quelques mètres devant le Suisse, qui avait au préalable profité d’un excellent travail de ses jeunes collègues, et notamment de Reuben Thompson. « C’était l’idée de base, mais c’est aussi venu de Reuben lui-même, qui s’est spontanément et naturellement proposé à travailler pour Seb si nécessaire, confiait Jérôme. Il est complètement rentré dans ce rôle, bien qu’il sortait d’une victoire finale sur le Tour de la Vallée d’Aoste. Je pense que ça lui servira pour les échéances à venir, notamment avec la WorldTeam. Il sait aussi que ça peut être important pour la suite de sa carrière, lors de laquelle il sera parfois appelé à jouer l’équipier modèle ».
Le Néo-Zélandais prenait d’ailleurs la douzième place dans cette troisième étape, mais abandonnait définitivement toute ambition personnelle le lendemain lors de l’étape reine vers la station de Lac Blanc. Toute la Conti Groupama-FDJ s’est ainsi articulée autour de Sébastien Reichenbach, quatrième du général samedi matin. « C’était une journée difficile, avec 4400 mètres de dénivelé et des cols toute la journée, rappelait Jérôme. Il y a eu une grosse sélection dans le deuxième col et on a perdu trois coureurs. Il ne restait que Reuben et Alexandre pour accompagner Seb. Puis, l’échappée est partie avec des équipes importantes en son sein. Reuben a monté le Petit Ballon à bloc, cela a créé une bonne sélection, et Alexandre a bien aidé dans le final également. Il aurait toutefois fallu établir la jonction dans l’avant-dernier col. L’écart était retombé à vingt secondes mais ça s’est un peu regardé et le seul coureur restant de l’échappée a pu résister et reprendre du champ. Seb y est allé mais la deuxième partie de l’ascension finale était un peu plus roulante. Il grignotait, grignotait, mais c’était trop tard. C’est dommage car il avait fait sauter le maillot jaune et les autres coureurs qui le précédaient au général ».
« Une première intéressante et stimulante », Jérôme Gannat
Le grimpeur helvète a donc de nouveau hérité de la troisième place, à quarante-huit secondes du vainqueur Jose Felix Parra, qui le privait du maillot jaune pour vingt-six secondes. Consolidée à l’occasion de l’ultime étape achevée au sprint ce dimanche, cette deuxième place pouvait apparaître quelque peu rageante, mais Sébastien Reichenbach mettait surtout en lumière les points positifs de sa petite semaine avec la Conti. « Je suis satisfait des sensations, commentait-il. Après deux mois sans course, je ne savais pas trop où j’en étais. Ça revient bien et ça fait plaisir. Tout s’est très bien passé avec les jeunes, c’était vraiment agréable d’échanger avec eux et ils m’ont donné l’impression d’être déjà très professionnels et de savoir déjà beaucoup de choses. Personnellement, cette course va me faire du bien pour les prochaines échéances. C’est toujours bon d’accumuler les kilomètres, et c’était aussi bien plus décousu de ce dont j’ai désormais l’habitude. Ça se court un peu différemment sans les oreillettes mais c’est plutôt plaisant. De manière générale, c’était en tout cas une expérience très sympathique et ça m’a beaucoup plu de courir avec la Conti ».
Le natif de Martigny n’a pas été le seul à briller ces derniers jours puisque Lewis Askey a profité de ce Tour Alsace pour signer deux top-5 (5e de la deuxième étape, 4e de la cinquième, ndlr), soit ses meilleurs résultats de la saison. « Lewis se met souvent au service des autres, car il est important dans l’approche du sprint pour les leaders de l’équipe, rappelait Jérôme. Cette fois, il avait un peu carte blanche et il en a bien profité. Les sprints en faux-plat montant, un peu techniques, lui convenaient plutôt bien ici. Il avait la conviction de pouvoir faire encore mieux, mais cela reste une satisfaction. On sait qu’il marche très fort, mais il a peu souvent l’occasion de s’exprimer par lui-même ». La Conti a ainsi mis un terme à son Tour Alsace forte de deux top-5 et deux podiums d’étapes, d’une deuxième place finale, mais aussi enrichie d’une nouvelle expérience. « Je crois que pour tout le monde : Seb, le staff et les coureurs, c’était une première intéressante et stimulante, concluait Jérôme. Je pense que c’était aussi rafraîchissant pour Seb, qui a pu goûter à autre chose. Les jeunes étaient à son écoute, de par son expérience et son palmarès. Pour nous, c’est une expérience réussie et motivante, et il serait intéressant de la renouveler de temps à autre. En plus de tout ça, les résultats ont encore été au rendez-vous. Il ne faut pas que ça s’arrête ! »
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