La « Conti » va décidément se faire une spécialité des doublés au sprint. Une semaine après la victoire de Jensen Plowright devant Paul Penhoët en Belgique, les deux hommes ont inversé les rôles ce vendredi lors de la cinquième étape du Tour de Normandie. À Bagnoles-de-l’Orne, le sprinteur tricolore a ainsi réglé l’emballage final devant l’Australien pour décrocher son premier succès personnel de l’année. Il s’agit du troisième en 2022 pour la Conti, qui a malheureusement perdu Laurence Pithie sur chute ce vendredi.
« C’était du tableau noir », Paul Penhoët
Au lendemain de la victoire de Laurence Pithie, la « Conti » Groupama-FDJ n’était déjà passée pas loin de doubler la mise jeudi du côté d’Argentan. Dans la dernière ligne droite, Paul Penhoët n’avait été devancé que par le Néerlandais Casper van Uden, déjà vainqueur du deuxième acte. Ce vendredi, vers Bagnoles-de-l’Orne, le plan d’attaque différait quelque peu pour les hommes de Jérôme Gannat. « On avait prévu de mettre Reuben devant car on ne voulait pas assumer la charge de la poursuite, expliquait d’ailleurs le directeur sportif. Ça a pas mal bataillé en début de course et Reuben est d’abord parti dans un groupe de six, qui s’est ensuite étoffé à dix-sept coureurs. C’était donc une bonne chose pour nous, on n’avait pas à rouler derrière. Pas mal d’équipes se sont alors entendues pour mener la poursuite et l’écart s’est réduit petit à petit. Quand on est arrivés sur le circuit final de Bagnoles-de-l’Orne, il y avait cinquante secondes de retard pour le peloton et c’est finalement resté très longtemps comme ça ». Peu avant d’entamer l’avant-dernière des quatre boucles du circuit, trois hommes se sont extirpés et de l’échappée et ont fait perdurer leur aventure. La « Conti » ne pouvait quant à elle plus compter sur Laurence Pithie, contraint à l’abandon après une lourde chute. « Le fait qu’on ait perdu Laurence a changé nos plans et l’approche du sprint, ajoutait Jérôme. On aurait voulu être acteurs avec Laurence sur le circuit, ce n’était donc plus possible. Les échappés avaient encore trente-cinq secondes d’avance à dix kilomètres de l’arrivée, mais ça a bien mis en route par la suite ». Le regroupement s’est donc opéré dans les tous derniers instants et l’emballage massif s’est présenté.
« Reuben était dans l’échappée comme c’était prévu au briefing, puis Lorenzo a fait un gros travail dans les trois derniers kilomètres, tout comme Joe dans le dernier tour, racontait Paul Penhoët. C’était parfait. On avait vu que l’arrivée était en faux-plat montant, ce qui me correspond mieux. Si je gagnais, j’avais aussi la possibilité de prendre des bonifications et de me rapprocher au général. Jensen n’a pas du tout hésité, et il m’a lancé dans les 500 derniers mètres ». L’Australien a même démarré si fort au sortir du dernier virage que les deux coureurs de la Conti ont fait la différence pour finalement couper la ligne en première et deuxième positions. Comme lors de la Youngster Coast Challenge la semaine précédente, mais dans l’ordre inverse. Cette fois-ci, Paul Penhoët a pu ravir la victoire, sa première de l’année après neuf top-10. « C’était du tableau noir aujourd’hui, se satisfaisait le jeune homme. Ça me réussit souvent quand c’est comme ça. Cette victoire récompense tout le travail effectué cet hiver et depuis le début de saison, mais aussi le bon boulot de toute l’équipe sur ce Tour de Normandie. C’est top. Depuis le départ, la cohésion est excellente. C’est bien pour moi et pour l’équipe ». « En revoyant le sprint d’hier, on a constaté que Paul remontait sur van Uden dans les derniers mètres, resituait Jérôme. On était donc très confiants vis à vis de sa pointe de vitesse. Depuis le début, on est d’ailleurs plutôt orientés sur Paul que sur Jensen en prévision du général ».
« Quand tu donnes, tu reçois en retour », Jérôme Gannat
À la suite du retrait de Laurence Pithie, victime d’une fracture de la clavicule, le sprinteur tricolore est désormais le mieux positionné au classement général puisqu’il pointe en quatrième position à douze secondes du maillot jaune Mathis Le Berre. « C’est une journée particulière, car cette victoire nous fait très plaisir, et en même temps, la chute de Laurence nous attriste », constatait Jérôme. Néanmoins, un gros point positif était soulevé par chacun ce vendredi soir. « Il y a une bonne complicité entre les deux sprinteurs, remarquait Jérôme. On dit souvent que quand tu donnes, tu reçois en retour. C’est le cas avec ces deux-là, car chacun sait travailler pour l’autre quand cela est décidé ». « Lui comme moi ne pouvons pas rêver meilleur poisson-pilote qu’un vrai sprinteur, concluait Paul. Quand je suis dans sa roue, je lui fais confiance, et quand il est dans la mienne, c’est la même chose. Il n’y a aucune hésitation. Quand le briefing désigne l’un ou l’autre, c’est clair pour tout le monde. Il n’y a aucune arrière-pensée. C’est pour cette raison que ça marche. Ça a déjà fonctionné deux fois cette saison et ça continuera de fonctionner. Au Centre de Performance, à Besançon, on est ensemble en chambre. On s’entend bien, on partage de bons moments et c’est aussi comme ça que ça marche le mieux ».
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