Au lendemain du traditionnel contre-la-montre de Lido di Camaiore, le tout aussi traditionnel deuxième acte de Tirreno-Adriatico emmenait les coureurs d’un bout à l’autre de la Toscane ce mardi, vers Follonica. Un sprint était attendu, et cela s’est matérialisé par la tentative d’échappée d’un seul homme, Manuel Tarozzi. Deux coureurs l’ont tout de même rejoint peu après la mi-course, mais le scénario du jour s’est malgré tout avéré extrêmement limpide. « Ça a vraiment été une longue journée », confiait même Paul Penhoët. « Ça a été relativement calme pendant un long moment, et comme souvent dans ces cas-là, c’est devenu beaucoup plus nerveux dans la dernière heure de course », précisait Thierry Bricaud. Malheureusement, la Groupama-FDJ a de nouveau fait les frais de cette tension ambiante puisque David Gaudu s’est retrouvé au sol à quarante kilomètres du terme, et n’a pu continuer sa route « Ça a pilé devant lui et il s’est fait taper de l’arrière, expliquait Thierry. C’est une très mauvaise spirale qui dure depuis quinze jours. Il était là pour valider son travail hivernal, enchaîner derrière, et c’est un nouveau contre-temps. Il n’y aurait rien de cassé et de rédhibitoire, on en saura plus demain, mais ça reste pénalisant. C’est le point noir de la journée, pour David comme pour l’équipe ».

L’étape s’est ainsi poursuivie sans le grimpeur breton, mais la nervosité n’a elle pas quitté le peloton. Une vive accélération a d’ailleurs nettement étiré le paquet à quinze kilomètres du terme, avant que la lutte finale ne démarre en vue du sprint. « C’était vraiment une histoire de placement aujourd’hui car le dernier tour était très tortueux, témoignait Paul. C’est cool d’avoir pu compter sur Lorenzo et Valentin qui ont fait un super boulot. Ça faisait plaisir de voir que toute l’équipe était tournée vers l’objectif qu’on avait ce matin ». Après ce travail initial, maintenu jusqu’à trois kilomètres de la ligne, le sprinteur maison s’est retrouvé avec son poisson-pilote Clément Russo. « J’ai pu compter sur un Clément au top, saluait-il d’ailleurs. On n’a pas fait d’erreur dans le placement. C’était nickel. On avait vu qu’il fallait vraiment virer dans les cinq premiers si on voulait pouvoir sprinter. On était un peu dans la boule à 1,5 kilomètre, aux alentours de la 20e position, mais on est remontés au bon moment, et du bon côté. Clément a fait son effort sur la gauche, en même temps que Visma. Il ne fallait vraiment pas laisser notre place, je suis resté avec Clément, et il m’a déposé à environ 600 mètres dans la roue des Lidl-Trek. C’était du tableau noir ».

Il a malgré tout fallu batailler jusqu’au dernier virage, situé à 300 mètres avant de pouvoir lâcher les chevaux. « Je me suis fait un peu bouger avant l’ultime courbe, mais j’ai vite réussi à rattraper le tir en prenant l’intérieur, racontait Paul. Je suis ressorti avec un peu plus de vitesse et j’ai pu lancer mon sprint directement. C’est ce que je voulais faire. Je savais que c’était long, mais il fallait faire un sprint long aujourd’hui. J’avais dit ce matin que je ne voulais pas avoir de regrets, je pense que c’est le cas ». En quatrième position à l’entrée de la dernière ligne droite, le Français a finalement pu gratter une place pour s’octroyer un joli podium, tandis que Jonathan Milan se montrait intraitable pour la gagne. « Je mentirais si je disais que je n’étais pas content de voir que la roue tourne un peu et que je suis en capacité de faire des sprints, confiait-il. Ça reste une bonne journée pour moi et une bonne remise en route ». « La bonne nouvelle du jour est que Paul nous a fait un beau sprint, ça va le mettre en confiance, et il en avait besoin, complétait Thierry. Clément a fait du très bon boulot, tout comme Lorenzo. Il a été placé idéalement puis il savait ce qu’il avait à faire. Au bout du compte, c’est une journée mitigée ». Romain Grégoire a lui franchi la ligne sans encombre et occupe toujours la 23e place du général. « Demain, le final est un peu plus corsé à l’approche de l’arrivée, mais on peut encore s’attendre à un gros groupe au sprint », concluait Thierry.