Les sprinteurs étaient supposés avoir les honneurs dans l’étape d’ouverture de la Route d’Occitanie ce jeudi. Ce fût bien le cas, mais la course ne s’est en aucun cas résumé à un emballage massif. Dans une dernière heure de course très tendue, notamment en raison d’un fort vent, le peloton s’est disloqué à plusieurs reprises, et ce de manière décisive après la dernière descente du parcours. S’il a perdu Bram Welten sur chute, Paul Penhoët était encore présent dans un groupe d’une vingtaine d’hommes pour disputer le sprint, dont il a pris la troisième place derrière le vainqueur Marijn van den Berg.
Malgré quelques 1500 mètres de dénivelé et une dernière côte à quinze kilomètres de l’arrivée située à Gruissan, l’étape d’ouverture de la Route d’Occitanie semblait bel et bien destinée aux hommes rapides ce jeudi. « On savait que c’était une étape qui nous convenait bien aujourd’hui, introduisait Benoît Vaugrenard. On voulait saisir l’opportunité au maximum, on ne voulait pas jouer, et on avait confiance en Paul ». Huit hommes ont eux cru dans les chances de l’échappée et ont pu se projeter à l’avant : Jacob Hindsgaul Madsen (Uno-X), Théo Delacroix (St-Michel-Mavic-Auber 93), Mario Aparicio Munoz, Antonio Eric Fagundez Lima (Burgos-BH), Peio Goikoetxea (Euskaltel-Euskadi), Carlos Garcia Pierna (Equipo Kern Pharma), Yaël Joalland (CIC U Nantes Atlantique) et Maxime Urruty (Nice Métropole Côte d’Azur). « On a fait une petite erreur de laisser partir huit coureurs car il n’y a pas beaucoup d’équipes de sprinteurs ici et on a été obligés de faire un peu plus de travail que prévu, expliquait Benoît. Surtout, les autres équipes ne nous ont vraiment pas aidées, à part Israel-Premier Tech sur le tard. Clément a fait le travail tout seul pendant une bonne partie de l’étape ». « On est les seuls à avoir pris la responsabilité de rouler, confirmait Paul Penhoët. Avec huit mecs devant, ça a donc été une belle partie de manivelles. Clément a fait un travail de malade pendant 130 bornes, puis les autres mecs ont pris la suite ».
« Un gros travail de toute l’équipe pour Paul », Benoît Vaugrenard
Si le Mayennais a muselé les fuyards à environ trois minutes durant une partie de la journée, la jonction s’est finalement opérée plus rapidement que prévu en raison d’une tension accrue dans le peloton. À cinquante kilomètres de l’arrivée, tout le monde est ainsi rentré dans le rang mais des cassures se sont aussi formées. « C’était une étape très venteuse, propice aux bordures, très nerveuse, avec des traversées de village comme on les connaît dans le secteur de Narbonne, ajoutait Benoît. Il fallait être très vigilant aujourd’hui. Ça a borduré, et on était toujours présents, également dans le final. Dès qu’on prenait le vent latéral, on savait qu’il y avait un gros risque, et ça se tendait à chaque fois. Ça a été une course très stressante pour les coureurs, mais le fait de rouler leur a permis d’être devant, d’être placés et d’éviter les accrochages. Il y a eu un gros travail de toute l’équipe pour Paul aujourd’hui ». Le forcing à l’entrée dans la dernière heure de course n’a finalement engendré que peu de dégâts et le peloton s’est ensuite présenté sur le circuit final de Gruissan à couvrir deux fois. Il est d’abord resté relativement compact avant l’attaque de deux hommes dans la dernière boucle. Lorenzo Germani, Enzo Paleni et Lars van den Berg ont gardé le contrôle de la situation et le peloton a pu franchir la dernière côte du jour avec un retard infime sur l’échappée.
« J’ai fait une grosse erreur », Paul Penhoët
C’est finalement la descente qui a opéré le plus de dommages, puisqu’à son terme, à peine une vingtaine d’hommes ont déboulé en tête, et ont insisté à la faveur du vent. « On s’est fait un peu avoir dans une bordure avec Bram à cinq kilomètres, mais on a réussi à rentrer, même si ça nous a coûté un premier effort », relatait Paul. Malheureusement, quelques hectomètres plus loin, le Néerlandais a touché terre violemment après un accrochage et n’a donc pu escorter son jeune coéquipier jusqu’à la ligne. « Je me suis refocalisé sur le sprint et j’ai essayé de bien me placer, reprenait Paul. Il n’y avait pas de gros trains, donc c’était possible tout seul. Malheureusement, j’ai fait une grosse erreur. Le sprint se lance sur la droite et je pars tout seul à gauche, avec le vent de face. J’ai eu un début de crampe au mollet, mais ce n’est pas une excuse car j’étais plutôt bien, j’avais pas mal de forces. C’est vraiment une erreur de ma part ». Le vainqueur du Tour du Finistère n’a donc pu faire mieux que quatrième, avant d’être reclassé au troisième rang suite à une manœuvre irrégulière d’Elia Viviani. « Je suis dégoûté de ne pas avoir pu récompenser les gars car ils ont fait un travail de fou, mais il y a encore une belle étape demain, tout le monde a la bonne patte donc on va réessayer », ajoutait Paul. « Chacun a fait un beau travail, soulignait Benoît. On est déçus de la place, mais il y a encore une possibilité demain et Rudy était aussi dans le premier groupe. On a saisi notre chance, on n’a pas gagné mais il n’y a pas de regrets ce soir. Je veux rendre hommage aux coureurs qui ont assumé la poursuite de l’échappée toute la journée ».
Bram Welten s’est quant à lui relevé et a pu terminer l’épreuve. « Il est bien égratigné un peu partout et on espère que ça ira demain matin, ponctuait Benoît. J’ai eu un peu peur quand je l’ai vu par terre, mais finalement, plus de peur que de mal. Ça aurait pu être plus grave ».
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