Si certains espéraient souffler quelque peu ce jeudi sur le Giro, à l’occasion d’une sixième étape tracée autour de Naples, ils ont été déçus. Une lutte palpitante entre l’échappée du jour et les équipes de sprinteurs a accouché d’une course sans répit, et même extrêmement intense dans les deux dernières heures de course. Après un détour par les contreforts du Vésuve et la côte amalfitaine, Mads Pedersen l’a finalement emporté au sprint alors que Thibaut Pinot a tenu sa place dans le peloton. Le porteur du maillot bleu demeure dix-septième du général avant la première grande arrivée au sommet à Gran Sasso vendredi.
Tout comme la cinquième étape, la sixième programmée ce jeudi affichait près de 2500 mètres de dénivelé positif. Pour autant, elle était elle aussi présentée comme une opportunité pour les sprinteurs. À l’inverse de la veille, néanmoins, l’échappée semblait davantage prisée autour de Naples en raison d’organismes déjà entamés et d’un parcours sinueux plus avantageux. Stefan Küng a même tenté de prendre les devants dans les premiers kilomètres, mais le bon coup est finalement sorti autour de cinq hommes un peu plus tard. Alessandro De Marchi (Jayco AlUla), Francesco Gavazzi (EOLO-Kometa), Alexandre Delettre (Cofidis), Simon Clarke (Israel-Premier Tech) et Charlie Quarterman (Corratec) ont pris les rênes, et peu après avoir contourné le Vésuve, ont entamé la première ascension du jour. Au sommet, le peloton est passé avec trois minutes de retard, et il n’y a dès lors plus eu un instant de répit. « On savait que l’étape allait être extrêmement technique, et ça a été le cas, indiquait Sébastien Joly. Ça roulait vraiment très vite sur le bord de mer. Les échappés ont vraiment fait un numéro et c’était un peu la folie dans le peloton. Il fallait gérer les montées et descentes, le tracé le long de la côte, et on était aussi très souvent en zone urbaine, avec des dalles pavées, des rétrécissements et beaucoup d’aspects techniques. Le peloton était en file tout le temps. C’était tout de même une journée difficile ».
« Il reste encore quelques opportunités », Jake Stewart
Dans la deuxième bosse du jour, à environ soixante-dix bornes du but, Simon Clarke et Alessandro De Marchi se sont débarrassés de leurs compagnons de fuite pour tenter de rallier la ligne et tromper le peloton. Une lutte à distance s’est installée entre le duo et les équipes de sprinteurs, et a finalement tourné à l’avantage de ces dernières… à tout juste 500 mètres de l’arrivée. Mads Pedersen a alors réglé le sprint final, alors que Lars van den Berg (13e) et Jake Stewart (14e) ont échoué aux portes du top-10. « Les sensations étaient très bonnes aujourd’hui, indiquait le Britannique. L’objectif était évidemment de passer les bosses au sein du peloton puis de faire le sprint. Dans les trente derniers kilomètres, la bagarre était encore très intense du fait que l’échappée avait encore deux minutes d’avance. Je devais juste rester au chaud dans le peloton et attendre le sprint. À l’approche de l’arrivée, j’ai pris la roue de Kaden Groves, j’y suis resté un moment, mais à 400 mètres de l’arrivée, j’ai été un peu bousculé au moment où Gaviria a lancé le sprint. Je n’ai pu me frayer un chemin. Quand j’ai pu relancer, il était déjà trop tard pour espérer rentrer dans le top-10. Ceci dit, cette journée doit nous donner confiance en vue de la suite. Les jambes sont bonnes, ça va bien dans les montées, et il reste encore quelques opportunités sur ce Giro qu’on tentera de saisir ».
Thibaut Pinot a terminé dans le même temps, tout comme Stefan Küng et Bruno Armirail, et a de nouveau revêtu le maillot bleu de meilleur grimpeur à l’arrivée. « Je ne m’attendais pas à une journée si difficile et on est contents d’en avoir terminé, disait-il. Il y a eu sprint à l’arrivée, mais c’était l’étape la plus intense depuis le départ de ce Giro ». Toujours 17e du classement général, à 2’33 du maillot rose Andreas Leknessund, le leader de la Groupama-FDJ a désormais les yeux rivés vers la montée de Gran Sasso d’Italia, où il avait accroché la deuxième place en 2018. « C’est une première arrivée au sommet difficile, même si ce n’est pas la plus dure du Giro, analysait-il. Elle se monte en deux fois et il ne faut surtout pas lâcher dans la première partie. Si un leader lâche prise à ce moment-là, c’est presque rédhibitoire pour le classement général, car il y a ensuite un long enchaînement de montées/descentes et un plateau exposé au vent. Les trois derniers kilomètres sont enfin assez raides. C’est une montée particulière, comme on en fait rarement ».