Au sein de l’équipe FDJ, il y a les leaders qui doivent convertir en victoires l’investissement de tout un groupe et il y a ceux qui travaillent dans l’ombre et sans qui rien ne serait possible. Dans sa phase d’apprentissage, vivant sa troisième année avec le Trèfle, Olivier Le Gac fait désormais partie de la garde rapprochée d’Arnaud Démare. Dans son appréciation toujours sage de sa carrière, le jeune Breton (23 ans) attend beaucoup de 2017 sans jamais renier le plaisir qu’il prend sur son vélo.
Olivier, trois jours après l’Etoile de Bessèges plutôt réussie, quel est ton programme ?
Je ne suis pas rentré en Bretagne, j’ai préféré rester dans la région d’Aix-en-Provence pour travailler. Ce mercredi je vais rejoindre mes équipiers en stage à Brignoles, principalement ceux ayant disputé le Tour Down Under et Kevin Reza. En revanche, je ne vais pas faire le Trophée Laigueglia dimanche. Je rentre chez moi, ce sera mon seul week-end avant la fin des classiques. En fait, je fais mon dernier grand bloc d’entraînement.
Et quel est ton programme ?
Le Tour du Haut-Var (18 et 19 février), le Circuit Het Nieuwsblad (25 février), Paris-Nice (5–12 mars), Milan-San Remo (18 mars) ou la Classic-Loire Atlantique (18 mars), A Travers les Flandres (22 mars), le Grand Prix E3 (24 mars), Gand-Wevelgem (26 mars), le Tour des Flandres (2 avril), le Grand Prix de l’Escaut (5 avril), Paris-Roubaix (9 avril), le Grand Prix de Denain (13 avril) et sans doute l’Amstel Gold Race (16 avril).
« Je veux encore élever mon niveau »
Te considères-tu toujours en apprentissage ?
Il n’est pas terminé. J’ai progressé, franchi un palier, je suis bien intégré à l’équipe et je pense avoir fait du bon travail en début de saison. Mais je veux encore élever mon niveau. J’ai encore du boulot pour continuer à apprendre.
Sais-tu mieux aujourd’hui le coureur que tu peux être ?
Je suis polyvalent. J’attends de découvrir un peu plus mais je prends du plaisir dans le groupe d’Arnaud Démare pour les sprints. Ensuite, j’espère garder ma liberté dans certaines courses. J’ai besoin d’attaquer, de prendre certaines échappées. Je n’ai pas envie de me cantonner dans un rôle d’équipier de la première heure, à rouler en début de course seulement. J’ai envie d’être devant. De prendre les échappées qui vont assez loin et c’est quand même possible dans les classiques. En deuxième partie de saison, ce sera au coup par coup.
« Ce groupe a envie d’être ensemble, de gagner ensemble, de travailler ensemble dans la bonne humeur »
Se fait-on facilement à ce statut d’équipier de la première heure ?
C’est une bonne manière de progresser. Ce rôle s’est imposé à moi. En 2016, j’avais demandé à faire les classiques et puis dans le Giro, j’ai découvert le travail avant le sprint. Ce groupe Arnaud Démare est très agréable, j’ai envie d’y rester. Je sens que j’ai progressé et les autres le disent aussi. Ce groupe a envie d’être ensemble, de gagner ensemble, de travailler ensemble dans la bonne humeur. On va continuer comme ça.
C’est un groupe qui a beaucoup changé cette année, surtout dans le travail ?
Dans ce groupe, les nouveaux se sont vite intégrés, les deux Italiens font des efforts, ils vont de l’avant. On veut tous la même chose, tout le monde prend plaisir à travailler. Ça fonctionne bien. Jacopo (Guarnieri) et Davide (Cimolaï), ont une vision différente, on s’inspire d’eux, on apprend d’eux. Ils apportent à tout le groupe. Le fait d’avoir fait les stages d’avant-saison en deux entités a soudé le groupe classiques-sprint. Il est plus petit, c’est facile de discuter, on est toujours tous ensemble, ça rapproche. Et puis les deux Italiens sont très amicaux et l’ambiance vient d’eux aussi. Arnaud sait fédérer autour de lui. On travaille tous pour lui et c’est le patron. Dans l’Etoile de Bessèges, les travailleurs de la première heure étaient Kono (valovas) et moi. Kono d’abord et moi je venais l’aider. Chacun a un rôle bien défini, il n’y a pas de jalousie mais chacun est reconnu pour son travail. Arnaud est reconnaissant.
Quel regard as-tu aujourd’hui sur ta saison 2016 ?
J’aurais aimé lever les bras mais j’ai vu que j’ai progressé. Il n’y avait rien à voir avec le Giro 2016 par rapport à la Vuelta 2015 où j’avais subi pendant les dix derniers jours. Là, c’était mieux et je l’ai constaté aussi dans les classiques du Canada et dans l’Eneco Tour. Je suis capable d’évoluer avec les grands. Parfois il faut se satisfaire de ça. Pas seulement penser à la victoire qui manque. De toute façon, dans le peloton, c’est souvent les même qui gagnent. J’espère y parvenir cette saison mais le plus important reste de faire du bon travail et que mes leaders gagnent des courses.
Par moments, il semblé que tu butais sur les longues distances ?
En 2016, j’ai découvert les classiques pavées après un hiver compliqué par ma blessure au genou. De coup, j’ai souvent travaillé au début des courses et quand la bagarre commençait vraiment, j’étais dans le dur. Dans ces conditions, c’était difficile de franchir le palier.
Pour avoir une chance de gagner, tu n’as pas demandé à faire davantage d’épreuves de Coupe de France ?
Je prends beaucoup de plaisir dans les Flandriennes, c’est un souhait d’être au départ. L’équipe est d’accord avec moi et c’est une marque de confiance. Franchement, je n’ai pas le besoin d’être en Coupe de France, ce programme me va bien. Bien sûr ne pas gagner, c’est dur parfois. Je vois des coureurs de ma génération qui gagnent de belles courses dans le World Tour, par exemple Alexis Gougeard ou Pierre Latour et je me dis pourquoi pas moi ? Chacun progresse différemment et si je fais bien mon travail, il n’y a pas de raison que ça ne paie pas. Je constate aussi que chaque équipe travaille à sa façon. Moi, j’ai un plan de carrière, j’ai prolongé mon contrat de deux ans… Je sais où je vais.
Tu as un Grand Tour sur ton calendrier ?
Ce sera le Tour de France ou la Vuelta. En ce moment, c’est plutôt la Vuelta mais le Tour n’est pas exclu.
Comment as-tu vécu les deux victoires d’étapes d’Arnaud dans l’Etoile de Bessèges ?
C’est comme si j’avais gagné moi ! Tout le monde était heureux, tout le monde avait le sourire dans le bus. A chaque fois, j’avais mis tout ce que j’avais comme Kono avant moi. Et les autres après. Ce sont des émotions très fortes.
Par Gilles Le Roc’h
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