Après les 250 kilomètres de Gand-Wevelgem dimanche dernier, et avant les 270 kilomètres du Tour des Flandres ce dimanche, c’est sur un parcours plus ramassé, de 184 bornes, que le peloton s’en allait disputer À travers la Flandre ce mercredi. Mais à parcours plus réduit, temps de répit plus réduit. Il ne fallait ainsi couvrir que soixante-dix kilomètres pour rencontrer le premier des dix monts du jour, et à cet instant-là, l’échappée venait à peine d’être constituée. Lewis Askey était de ces attaquants. « On voulait être vigilants sur les coups du début de course, et Lewis a su saisir sa chance, commentait Frédéric Guesdon. C’était d’ailleurs un bon coup et cela lui a permis de passer la première ascension du Berg Ten Houte sans soucis ». En revanche, en raison d’une guerre de placement extrêmement disputée, et d’une violente accélération du peloton, l’aventure du coureur britannique s’est interrompue dès la côte de Trieu (ou Knokteberg) quelques kilomètres plus loin. Le peloton s’est momentanément calmé, regarni, mais la course a repris de plus belle à l’approche du second passage du Berg Ten Houte. La formation Visma-Lease a Bike a imprimé un rythme infernal, et tout a explosé du fait d’un puissant vent latéral. « On était en position idéale derrière les Visma mais Van Baarle a fait la cassure juste devant moi et ils sont sortis », témoignait Valentin.

Juste derrière son compère breton, Stefan Küng n’a pas non plus pu réagir dans l’immédiat, et pour cause. « C’était évident que Visma allait mettre en route, car c’était là où il fallait le faire, disait le Suisse. Mais juste avant le Berg Ten Houte, j’ai eu un problème de dérailleur et ma chaîne ne faisait que de sauter. C’est dommage que ce problème mécanique soit intervenu pile quand Visma a mis les gaz car ça m’a clairement fait louper le bon coup. Si on ne peut pas exprimer sa pleine puissance à ce moment-là, c’est juste impossible de suivre. Je me suis défendu comme je le pouvais ». Stefan Küng et Valentin Madouas ont dès lors pris place dans un peloton d’une quarantaine d’hommes, à une vingtaine de secondes d’un trio de la Visma-Lease a Bike ayant récupéré les précédents attaquants. À cinquante bornes du terme, l’écart restait contenu sous les trente secondes alors que Stefan Küng parvenait enfin à changer de monture. « En temps normal, après un tel ennui mécanique, ta course est finie, surtout que les commissaires ont fait barrage et qu’il y a eu des petites bordures, confiait Stefan. J’ai déjà dû fournir beaucoup d’efforts sur la grande route avant d’attaquer le secteur de Mariaborrestraat, et j’ai même fait l’effort pour boucher l’écart sur un groupe qui était sorti ».

Dans la foulée, les deux coureurs de la Groupama-FDJ ont tenté de faire le forcing dans l’Eikenberg, mais un petit peloton d’une trentaine d’unités parvenait encore à tenir le rythme tandis que l’échappée voyait son avance atteindre les quarante-cinq secondes. Pas découragé, Stefan Küng a continué d’insister dans les secteurs pavés précédant le Nokereberg, à environ trente bornes du but. « J’ai dépensé beaucoup, beaucoup d’énergie, pour suivre les coups, confiait-il. Dans le final, j’ai senti que j’avais fait trop d’efforts inutiles et gaspillé trop d’énergie durant la course ». L’ancien champion de France a lui été distancé à environ vingt bornes de la ligne. « Ce n’était pas simple aujourd’hui pour moi, disait Valentin. J’ai vraiment souffert de mes allergies. Je n’arrivais plus à respirer correctement sur la fin, et ça m’a vraiment coupé dans mon élan alors que les jambes étaient très bonnes ». Isolé dans le final, Stefan Küng est malgré tout parvenu à créer un groupe de chasse au prix d’une nouvelle accélération sur les pavés. Six hommes se sont ainsi détachés à la poursuite du quatuor de tête, et si l’écart s’est d’abord quelque peu réduit, il n’a toutefois pu être totalement comblé.À Waregem, Stefan Küng s’est donc présenté pour jouer la cinquième place, obtenant finalement la neuvième au sprint. « Honnêtement, j’ai été trop généreux dans mes efforts, mais j’avais en tête de vraiment jouer devant et ne pas me contenter d’un top 10, disait-il. La forme est bonne mais je suis un peu fâché de la manière dont la course s’est déroulée. Je sentais vraiment que quelque chose de plus était possible aujourd’hui ». « Les mecs ont fait une belle course et ont été acteurs, concluait Frédéric. J’espère que ça continuera dimanche, et que ça nous sourira un peu plus ».