Épreuve de référence dans le calendrier de « Classe 2 » sur le territoire français, le Tour Alsace débutait mercredi dernier par son traditionnel contre-la-montre par demi-équipe. Organisé à Sausheim, sur 4300 mètres, il a été remporté par un trio allemand en 4 minutes 57 secondes, soit cinq secondes de moins que le temps réalisé par la triplette Lewis Bower/Noah Hobbs/Brieuc Rolland pour le compte de « La Conti » Groupama-FDJ. « Neuvième à cinq secondes, c’était un bon chrono, assurait Jérôme Gannat. C’était aussi une bonne option pour le général pour Brieuc, car il n’avait quasiment pas perdu de temps ». Le lendemain, en direction de Ferrette, le jeune Breton a également très bien limité la casse malgré une « petite frayeur », dixit son directeur sportif. « C’était une étape un peu piège, et une ascension très raide à la mi-course a fait une grosse sélection dans le peloton, continuait Jérôme. Il y a eu beaucoup de mouvements de course, on a retrouvé vingt-huit coureurs devant et on n’était pas représentés. On a roulé un peu puis Brieuc a accéléré lors de l’avant-dernier passage sur la ligne pour rejoindre le premier groupe. Tout s’est finalement regroupé, et il y avait enfin cette arrivée spécifique avec un mur de 300m à 12% puis 500m à 4%. Brieuc s’en est encore bien sorti, en prenant la septième place. Il a concédé un petit écart sur les deux premiers, mais c’était malgré tout une bonne opération pour le général ».

Sixième du général avant l’étape reine vers la Planche des Belles Filles vendredi, Brieuc Rolland a continué d’assumer son statut en Haute-Saône. « C’était notre leader unique, et il y a eu un gros travail de l’équipe toute la journée pour le placer dans de bonnes dispositions, notamment à l’approche du col des Chevrères, relatait Jérôme. Ensuite, il a bien limité la casse dans la Planche. Derrière Jorgen Nordhagen, qui a aussi profité d’un petit coup d’avance, Brieuc a accompagné les meilleurs ». Le jeune Norvégien s’est imposé en solitaire, alors qu’un groupe d’une demi-douzaine de coureurs en a terminé à une quarantaine de secondes. « Brieuc a pris la septième place, à quelques secondes de la deuxième, mais on a vu plus tard que ces quelques secondes avaient une importance entre faire top-10 ou top-5 », commentait Jérôme. Qui plus est, le quatrième acte doubiste vers Valentigney samedi a opéré quelques chamboulements au général, en défaveur du Breton. « C’était une étape quand même difficile avec 3000 mètres de dénivelé, exposait Jérôme. Un groupe costaud de treize est parti et a pris jusqu’à 4’30 d’avance. Un coureur était dangereux, à savoir Joris Delbove, mais Visma-Lease a Bike avait aussi placé un coureur devant. Ils ont malgré tout assuré un tempo dans le peloton mais ils se sont vite fatigués ».

Le peloton s’est nettement rapproché dans la montée du Lomont, puis est même revenu à moins d’une minute, et c’est alors que Brieuc Rolland a tenté son va-tout. « Il a attaqué, mais tout seul, et c’était donc compliqué, confiait Jérôme. Il est revenu à 40 secondes de l‘échappée mais il n’a pas pu faire la jonction. Il a continué malgré tout car il a eu jusqu’à une minute d’avance sur le peloton, ce qui le replaçait troisième du général. Mais dans les vingt derniers kilomètres, il a perdu progressivement du temps et le peloton est revenu sur lui dans les cinq derniers kilomètres. Au final, des coureurs de l’échappée pointés à plus d’une minute sont passés devant lui, mais au moins, il a tenté de jouer le podium plutôt que de se contenter du top-10 ». Repoussé à la dixième place du général après ce quatrième acte, Brieuc Rolland a même cédé une position dimanche au jeu des bonifications, suite à la présence d’un adversaire dans l’échappée matinale. « C’était une étape pour les sprinteurs, sans difficultés et sans vent, confiait Jérôme. On savait que Noah était notre meilleure carte mais il fallait que ça arrive au sprint. Avec la perte de Titouan Fontaine et Jens Verbrugghe, on n’avait pas non plus les moyens de contrôler la course comme on l’aurait voulu. Il fallait jouer avec les échappés et les autres équipes intéressées par un sprint. Louis Rouland était devant et a fait les bonifications pour passer devant Brieuc, mais on ne pouvait pas jouer sur tous les tableaux ».

« La Conti » Groupama-FDJ s’est donc focalisée sur l’emballage massif, et bien lui en a pris. « Brieuc et Ben Askey devaient participer à la chasse de l’échappée à 60 kilomètres de l’arrivée car elle était quand même inquiétante, et l’écart a mis du temps à se réduire, reprenait Jérôme. Ils ont bien participé, et il était prévu qu’on ne garde que Lewis dans le final pour Noah. C’est rentré à deux kilomètres de l’arrivée, puis le sprint était compliqué car ça frottait beaucoup. Il y avait un petit pont avec des pavés, et il était prévu que Lewis lance Noah à ce moment-là, ce qu’il a parfaitement fait. Noah était lancé, et personne n’a pu le remonter. Il s’est imposé assez nettement ». Il a notamment devancé Liam Walsh et Tim Torn Teutenberg. « Ça se voyait qu’il était en forme car il allait plus loin dans les bosses que d’habitude cette semaine, ajoutait Jérôme. Il est aussi en confiance, et son duo avec Lewis fonctionne bien. Il a été bien lancé, comme il l’aime, à savoir quand il prend le sprint à son compte. C’est déjà sa troisième victoire cette année, et il y en aura peut-être d’autres. Pour l’équipe, ça fait neuf victoires cette année, si on comptabilise celles de Brieuc avec l’équipe de France. C’est un bilan positif de ce point de vue, et ça démontre l’engagement des coureurs dans cette deuxième partie de saison. On disputera le Grand Prix de Poggiana dans dix jours, puis on enchaînera avec le Tour de Roumanie, où on pourra encore jouer des victoires d’étapes ».

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