On l’avait laissé sur une belle échappée finale sur le Critérium du Dauphiné. On a retrouvé Michael Storer 48 heures plus tard tout aussi en forme à l’occasion du Mont Ventoux Dénivelé Challenge, ce mardi. Sur les pentes du Mont Chauve, escaladé à deux reprises, l’Australien s’est montré parmi les plus costauds du plateau, ne devant finalement s’incliner que face à un duo EF Education-Easy Post. Au sommet du Géant de Provence, l’Australien a donc accroché une excellente troisième place, de très bon augure à quelques semaines du Tour de France.
Pour la deuxième année consécutive, l’organisation du Mont Ventoux Dénivelé Challenge avait planifié deux ascensions intégrales du mythique col vauclusien. De fait, près de 4500 mètres de dénivelé étaient au programme des coureurs pour cette quatrième édition de l’épreuve, disputée sur 154 kilomètres. Avant la grande explication, néanmoins, Alexandr Riabushenko (Astana), Lilian Calmejane (AG2R-Citroën), Alan Jousseaume (TotalEnergies), Victor Koretzky (B&B Hotels-KTM) et Nicolas Debeaumarché (Auber 93-Saint-Michel) ont souhaité anticiper et ont pu prendre jusqu’à quatre minutes d’avance. Pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, le plan d’attaque était relativement clair. « On n’était pas les plus forts sur le papier, et sur une épreuve si spécifique, c’est plus la cuisse qui parle que la tactique, introduisait Franck Pineau. On ne peut pas se cacher quand il y a deux montées du Ventoux. Mon mot d’ordre était surtout de ne pas prendre chaud car les températures étaient très élevées aujourd’hui. Il y avait aussi un vent favorable sur le Ventoux. J’avais peur que les mecs soient en surchauffe, on avait donc mis en place pas mal de ravitaillements ». Pour le reste, les coureurs ont tâché d’accompagner le peloton au mieux jusqu’à la première ascension du Ventoux. En raison d’un solide tempo, une première sélection s’est effectuée avant qu’Attila Valter ne place une petite accélération à l’approche du sommet. « Il était prévu qu’Attila attaque pour essayer de brouiller un peu les cartes, ajoutait Franck. Je voulais voir comment ça réagirait derrière ». Le peloton s’est finalement regroupé, a atteint le haut du col avec 1’40 de retard sur l’échappée, et Michael Storer, Attila Valter, Olivier Le Gac ainsi que Finlay Pickering étaient encore présents, Valentin Madouas faisant lui son retour dans la descente.
« Michael commence à montrer son vrai niveau », Franck Pineau
Plus tard, après un morceau de plat, le peloton s’est présenté au pied du Ventoux, depuis Bédoin, avec un peu plus d’une minute de retard sur le groupe de tête. Le tempo s’est durci dès les contreforts et a condamné pléiade de coureurs. Quand se sont alors présentées les pentes les plus difficiles, Michael Storer s’est replacé dans les premières positions du peloton, prêt pour la bagarre finale. Celle-ci a finalement éclaté à environ douze kilomètres du sommet, lorsque Ruben Guerreiro (EF Education-Easy Post) a placé un puissant contre lui permettant de prendre quelques mètres d’avance. Derrière lui, Michael Storer n’a pas tardé à s’isoler avec le seul Esteban Chaves (EF Education-Easy Post) dans la roue, après s’être débarrassé de Carlos Rodriguez (TotalEnergies). Dès lors, l’Australien a toutefois été contraint d’effectuer la totalité du travail en chasse. Si l’écart s’est longtemps maintenu à une vingtaine de secondes, il a ensuite progressivement augmenté lorsque les coureurs sont arrivés sur la partie dégarnie du Ventoux. « Ça s’est fait à la pédale et Michael a fait ce qu’il avait à faire, indiquait Franck Pineau. S’il avait suivi la première attaque de Guerreiro, il aurait sans doute pu le tenir, mais peut-être pas jusqu’en haut au vu de son rythme. Je pense qu’il n’a pas fait beaucoup d’erreurs. C’est pour moi l’une de ses premières vraies performances de l’année, et il commence à montrer son vrai niveau, physiquement. C’est plutôt encourageant en vue des prochaines échéances ».
En poursuite, le natif de Perth est resté concentré sur son sujet mais n’a logiquement pu répondre à l’attaque de Chaves à deux bornes du terme. Il s’est donc présenté pour la troisième place au sommet, à l’issue de cette Classique pas comme les autres. « Je suis très content de ma troisième place aujourd’hui, assurait-il. J’aurais aimé gagner mais les coureurs d’EF Education-Easy Post étaient plus forts que moi. Ils étaient certes en surnombre, mais malgré tout, je n’ai pas réussi à boucher l’écart sur Guerreiro. C’était la première fois que je faisais le Mont Ventoux et j’ai réalisé pourquoi c’est un lieu si spécial. C’est une ascension difficile, mais qui offre des paysages spectaculaires ». Sur la ligne, Attila Valter (10e) et Valentin Madouas (12e) ont parachevé une belle prestation collective, tandis qu’Olivier Le Gac s’est arraché pour la 26e place et que Finlay Pickering (39e) s’est joliment battu parmi « les grands ». « Je suis satisfait de la journée, et rassuré sur la condition des mecs, concluait Franck. On sent qu’il y a eu du bon travail de fait, notamment au Dauphiné. Olivier a montré aujourd’hui qu’il avait déjà bien récupéré et qu’il marche très fort. On sent que Valentin va en progressant aussi. Attila a fait un bon retour après son Giro. Finlay a un peu craqué sur la fin, mais c’est un tout jeune. Il faut qu’il prenne un peu de force, mais un paquet de gars se sont écartés avant lui ».
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