Michael Storer rafle tout

À l’instar de Jake Stewart, Michael Storer s’est cette semaine rappelé au bon souvenir du Tour de l’Ain. Tout comme il l’avait fait lors de l’édition 2021, le grimpeur australien s’est ce mercredi adjugé l’étape finale ainsi que le classement général de l’épreuve, au terme d’une performance dominante en direction de Lélex Monts-Jura. Sorti à plus de vingt-cinq kilomètres du but à la suite d’un excellent travail préparatoire de ses équipiers, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’a pas trouvé d’adversaire à sa mesure et s’est offert le coup double parfait. Il a par la même occasion apporté à l’équipe ses 12^e et 13^e victoires de l’année. Rudy Molard a quant à lui achevé l’épreuve en quatrième position.

L’Équipe cycliste Groupama-FDJ disposait encore de 137 kilomètres et 3000 mètres de dénivelé pour renverser le Tour de l’Ain ce mercredi. L’étape de clôture menait les coureurs d’Oyonnax à Lélex Monts-Jura, et au lendemain d’une rageante deuxième place pour Michael Storer à Lagnieu, il fallait avant tout s’assurer que l’Australien ait récupéré de sa chute/glissade survenue après la ligne mardi. « C’était le gros point d’interrogation ce matin, confirmait Michael. Hier soir, j’avais un peu d’appréhension quant à la nuit que j’allais passer. En me levant, je me sentais un peu courbaturé mais ok. J’ai dit aux gars que je leur confirmerais à mi-course si on pouvait mettre en route ou non ». « On restait sur nos gardes, confirmait Benoît, mais Michael nous avait dit au briefing qu’on pouvait compter sur lui. À partir de là, on avait choisi de mettre sous pression EF Education-EasyPost. Soit en mettant Reuben ou Rudy dans l’échappée, soit en prenant la course en main. Au final, cinq mecs se sont retrouvés devant, sans nous, mais l’équipe du leader a été obligée de faire un tempo car un coureur de tête était placé au général. Ça nous arrangeait vraiment ». Peu après la mi-course, l’échappée ne comptait donc qu’une minute tandis que Michael Storer donnait le feu vert à ses coéquipiers.

« On a fait tapis », Reuben Thompson

À 53 kilomètres de Lélex Monts-Jura, la Groupama-FDJ a pris les rênes du peloton et ne les a dès lors plus lâchées. « On voulait que la course soit la plus dure possible et on avait défini le kilomètre 78 pour faire la descente puis durcir dans la côte de Giron, exposait Benoît Vaugrenard. Ça a été du tableau noir, on a fait exactement ce qu’on voulait faire ». « On avait un plan et on l’a parfaitement exécuté, se félicitait aussi Reuben Thompson, paré du maillot blanc de meilleur jeune. On ne voulait pas avoir de regrets ce soir, alors on a fait tapis pour gagner avec Michael. Fabian et Jake nous ont parfaitement placés dans la descente étroite avant qu’Enzo ne fasse un super train jusqu’au pied de la grosse ascension de la journée ». Grâce au tempo d’Enzo Paleni, le peloton s’est ainsi réduit à moins de trente unités à près de cinquante bornes du terme. « Le but était de commencer à faire le ménage et vraiment durcir, insistait Benoît. On ne voulait pas attendre la dernière ascension et se dire à l’arrivée « si on avait su … ». On s’est exposés, mais la prise de risque en valait la peine. On ne voulait pas faire deuxième et cinquième, mais tout tenter pour gagner, quitte à tout perdre ». Enzo Paleni a donc gardé les commandes jusqu’au pied du col principal du jour, celui de Menthières (9,1 km à 6,3%), où Reuben Thompson puis Rudy Molard sont entrés en jeu à leur tour.

« L’équipe s’est sublimée », Benoît Vaugrenard

« C’est rare dans une saison, mais il s’est produit exactement ce qu’on avait prévu au briefing, commentait Benoît. Michael avait également annoncé. Il était sûr de lui, sûr de sa force. Dans le dernier col, il répétait à Reuben et Rudy d’accélérer. Forcément, ça transcende, et l’équipe s’est sublimée ». « J’ai fait de mon mieux pour durcir avant que Rudy ne fasse le dernier relais pour Michael, relatait Reuben. Quand il est en confiance et qu’il a de telles jambes, on sait qu’il est capable de finir le travail ». À 26,5 kilomètres du but, après le travail de sape mentionné précédemment, Michael Storer s’est donc fendu d’une seule attaque, mais qui s’est avérée suffisante pour décrocher le maillot jaune Jefferson Cepeda. Kenny Elissonde est parvenu à accrocher la roue l’espace de quelques minutes, mais il a lui aussi été contraint de laisser filer l’Australien. Dès lors, le coureur de la Groupama-FDJ n’a cessé de creuser son avantage. Ce dernier était déjà de plus d’une minute au sommet de Menthières, puis le grimpeur de 26 ans a pris ses précautions dans l’ultime descente avant douze derniers kilomètres de faux-plat pour rejoindre la ligne d’arrivée. Intouchable et toujours en contrôle, il a finalement rallié la ligne d’arrivée en vainqueur, deux minutes avant son dauphin, avec un grand sourire contrastant avec les images de la veille.

« Je suis tellement content d’avoir pu terminer le travail », Michael Storer

« Je n’ai pas les mots, c’est incroyable, confiait-il à l’arrivée. Je savais que j’étais en bonne forme avant cette course, et l’équipe le savait aussi. On avait un bon plan d’attaque et la cohésion était superbe. C’est assez rare d’avoir un si bon groupe de mecs autour de soi. Les gars ont fait la course parfaite et j’en avais presque des frissons. Je voulais vraiment faire de mon mieux aujourd’hui. C’était génial de les voir si motivés et prêts à tout donner pour attaquer. Je suis tellement content d’avoir pu terminer le travail. J’aurais simplement aimé que l’arrivée soit vingt kilomètres plus tôt (sourires) ». Comme en 2021, Michael Storer s’est donc non seulement octroyé la victoire d’étape, mais aussi le classement général final : ses premiers succès avec la Groupama-FDJ, et le tout de manière écrasante. « C’était assez impressionnant, saluait Benoît. C’était du grand Michael. Il avait la rage aujourd’hui. Il connaissait cette étape, il l’avait gagnée il y a deux ans en faisant un numéro similaire. C’est sa course, c’est une période qui lui convient bien. C’est une grande satisfaction pour lui et pour nous car on repart avec deux étapes et le général. On pouvait difficilement faire mieux. C’est un gros bilan, mais je retiens la performance collective. Tout le monde a fait un excellent travail. On a gagné deux étapes avec deux mecs différents, au sprint et en montagne. C’est une grande satisfaction. C’était un plaisir d’être à la tête de ce super groupe, motivé et uni ». Le capitaine de route Rudy Molard s’est enfin adjugé la quatrième place du général tandis que la Groupama-FDJ a remporté le classement par équipes. Un séjour pour le moins fructueux.