Fidèle équipier depuis le départ de Barcelone, Michael Storer a ce samedi saisi sa chance sur la Vuelta. La quatorzième étape a encore fait de gros ravages, mais l’Australien est parvenu à jouer les premiers rôles après s’être immiscé au sein d’une large échappée, en compagnie de Clément Davy, à la suite d’une grosse bataille au départ. Le grimpeur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ n’a en revanche rien pu faire face à Remco Evenepoel, vainqueur en solitaire, mais a tout de même résisté au peloton pour accrocher une honorable cinquième place à l’arrivée. Lenny Martinez, pour sa part, a vécu une journée galère et concédé plus de trente minutes. Il occupe désormais la dix-huitième place du générale.
Malheureusement pour les coureurs, les journées se suivent et se ressemblent sur la Vuelta. Au lendemain d’une étape dévastatrice vers le Tourmalet, ce sont encore plus de 4600 mètres de dénivelé positif qui attendaient le peloton ce samedi, pour un quatorzième acte reliant la France à l’Espagne. Trois ascensions majeures figuraient de nouveau au menu, mais cette fois-ci, il fallait couvrir plus de cinquante kilomètres pour atteindre la première d’entre elles. Comme prévu, cela a donc donné lieu à une lutte acharnée pour l’échappée. « On s’attendait à un gros départ, on connaît Evenepoel et on savait qu’il allait tenter aujourd’hui après sa défaillance d’hier, résumait Benoît Vaugrenard. C’est ce qu’il s’est produit. On voulait mettre Michael devant car il marche fort et on y est parvenus ». Il a toutefois fallu patienter une quarantaine de minutes pour voir vingt-quatre hommes se détacher, dont Michael Storer et Clément Davy pour le compte de la Groupama-FDJ. « Étant donné que c’était plat, ce n’était pas évident de savoir quand ça allait sortir mais les gars ont bien bossé pour placer Michael devant », complétait Frédéric Guesdon. « C’était un départ super dur, confiait d’ailleurs Michael. Je dois remercier mes coéquipiers qui m’ont permis de faire partie de l’échappée. Sans eux, ç’auraitété difficile ». En tête de course, la doublette franco-australienne a donc retrouvé Remco Evenepoel, mais aussi Romain Bardet, Lennard Kämna, Damiano Caruso ou encore Juan Pedro Lopez. Le peloton leur a accordé une marge de quatre minutes, mais l’échappée s’est réduite à une douzaine d’hommes dès le difficile Col Hourcère (11,6 km à 8,3%).
« J’ai été surpris qu’Evenepoel attaque si tôt »,Michael Storer
Dans le paquet, les choses n’ont pas tardé à s’animer également, et Lenny Martinez en a fait les frais. Le jeune grimpeur a été distancé du peloton maillot rouge relativement tôt, abandonnant donc tout espoir de suivre les favoris ce samedi. À l’avant, l’échappée a gardé une certaine harmonie jusqu’à l’approche du sommet, où Remco Evenepoel a placé un violent démarrage pour s’emparer de la première place. Michael Storer est alors passé en troisième position, à quelques mètres du Belge et de Romain Bardet. « Les deux ont poursuivi leur effort, fait la descente à bloc, et l’écart a continué d’augmenter, expliquait Frédéric. C’est dommage que Michael n’ait pas suivi car il était fort physiquement ». « Quand Evenepoel a attaqué, j’ai été un peu bloqué et j’ai fait une erreur, expliquait l’Australien. Peut-être que si j’avais été dans la roue de Romain, j’aurais pu les accompagner. J’ai été surpris que Remco attaque si tôt. Il avait encore Cattaneo, donc je pensais qu’il l’attendrait pour rouler dans la vallée, mais ça n’a pas été le cas ». C’est ainsi que Michael Storer a pris place dans un groupe de poursuivants qui a entamé le col suivant, le Puerto de Larrau (15 km à 7,8%), avec plus d’une minute de retard sur le duo de tête. L’écart s’est encore accru dans les premiers kilomètresd’ascension, puis Michael Storer a tenté de réagir. « Il a attaqué car on voyait bien que ça allait être compliqué avec le reste du groupe, complétait Frédéric. Il s’est rapproché àquarante secondes mais ils ont ensuite repris du temps devant ». Au sommet, l’Australien était donc isolé en troisième position, mais à près de deux minutes d’Evenepoel et Bardet. Ces derniers se sont envolés pour jouer la victoire d’étape et le coureur de la Groupama-FDJ a attendu ses premiers poursuivants, Lennert Van Eetvelt et Jonathan Castroviejo.
« Lenny essaiera de se remettre pendant la journée de repos », Benoît Vaugrenard
Ce trio a plus tard attaqué l’ascension finale avec quatre minutes de retard sur la tête de la course, et avec autant d’avance sur le peloton. Ils ont ainsi pu se disputer les places d’honneur, et Michael Storer a récolté la cinquième position au sommet du Puerto de Belagua (9,4 km à 6,3%), 7’24 après Evenepoel, vainqueur en solitaire. « Même si j’avais pu les accompagner plus tôt, ils m’auraient lâché dans l’ascension finale, confiait Michael. Je n’aurais été que spectateurdevant. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi fortqu’Evenepoel. Sur le plat, il était incroyable, présent danschaque attaque au départ. À partir du moment où quelqu’un est capable de faire ça, on sait que ce sera difficile. Je n’ai jamais rien vu de tel ». « Michael a donné le maximum, ajoutait Benoît. Il aurait certes pu faire troisième, mais ça ne change pas grand-chose ». L’Australien s’est par ailleurs replacé au deuxième rang du classement de la montagne ce samedi, mais possède 24 unités de retard sur Evenepoel. Lenny Martinez a lui terminé avec la majeure partie de ses coéquipiers dans un gruppetto à trente minutes du vainqueur. « Ça n’allait pas bien, il est un peu sur la pente descendante, confiait Benoît. Le cumul de tout commence à payer. Il essaiera de se remettre pendant la journée de repos en vue de la semaine prochaine, car il y a encore de belles choses à faire ». Le jeune grimpeur de 20 ans occupe ce samedi soir la dix-huitième place du général à près de 32 minutes de Sepp Kuss. Dimanche, les baroudeurs-puncheurs devraient avoir le dernier mot à Lekunberri.
Aucun commentaire