Le Tour d’Italie a repris de la même manière qu’il s’était mis en pause lundi soir : avec une belle étape de montagne. Vers Sega di Ala ce mercredi, c’est cette fois-ci Matteo Badilatti qui a eu l’occasion de jouer sa carte en intégrant l’échappée du jour. Le grimpeur suisse a toutefois été repris peu avant l’ascension finale, où Dan Martin s’est avéré être le seul fuyard à résister aux favoris. Victime d’un jour sans, Attila Valter a lui glissé au 16e rang du général.
« Je vais en tirer les leçons », Matteo Badilatti
Au lendemain d’une journée de repos pour le moins bienvenue, un départ canon attendait les coureurs ce mercredi matin du côté de Canazei. Du fait d’un faux-plat descendant d’une trentaine de kilomètres, la première heure de course s’annonçait extrêmement rapide, et la bagarre pour l’échappée par conséquent très disputée. « Ce n’était pas facile d’y être, confirmait Philippe Mauduit, mais Matteo a été attentif et a réussi à se glisser dans le bon coup ». Celui-ci s’est constitué après quasiment quarante kilomètres, mais le peloton n’a véritablement cessé de batailler qu’après la première difficulté de la journée, soit après 60 bornes. Dès lors, dix-neuf coureurs ont pu prendre le large. « Il y avait pas mal de mecs devant, mais l’harmonie et la collaboration n’étaient pas bonnes, témoignait Matteo, dont c’était la première échappée sur ce Giro. Certains coureurs et certaines équipes ne voulaient pas relayer. En plus, il y avait vent de face et ça rendait l’organisation encore plus compliquée. C’est toujours difficile de manoeuvrer quand on est seul dans un si gros groupe car il faut faire attention à ne pas se faire piéger ». « Avec le profil du final, c’était bien d’avoir Matteo devant, ajoutait Philippe. On rêve toujours de cette victoire d’étape même si on a conscience qu’elle est très compliquée à obtenir. Douze équipes n’ont encore rien gagné sur ce Giro et on a d’ailleurs vu que BikeExchange était motivée pour permettre à Yates de s’imposer ».
En raison du tempo imprimé par l’équipe australienne au sein du peloton, l’avance de l’échappée a été bloquée à cinq minutes. Elle a même été réduite à 3’30 au pied du Passo San Valentino (15 km à 7,5%). L’allure en tête s’est alors évidemment accélérée, principalement sous l’impulsion de Dan Martin. À l’approche du sommet, l’Irlandais a placé une attaque à laquelle Matteo Badilatti a tenté de répondre, avant de céder. « Quand il a accéléré, j’ai suivi, mais je n’avais pas les meilleures jambes qui soient, détaillait le grimpeur suisse. Si j’avais pris mon propre rythme, ça se serait mieux passé. Du coup, j’ai un peu explosé et j’ai perdu le contact avec le groupe de tête ». Au sommet, le représentant de la Groupama-FDJ s’est ainsi retrouvé à un troisième échelon et n’a jamais pu opérer la jonction, étant également pris au piège dans la courte vallée menant à l’ascension de Sega di Ala (11,5 km à 9,5%). « On fait cette vallée à deux puisque les coureurs de la Deceuninck-Quick Step ont attendu le peloton, rappelait-il. Il aurait été préférable de se relever, récupérer et tenter de s’accrocher dans cette dernière montée. Malgré tout, c’était une bonne expérience et elle me sera utile pour la prochaine fois. Je vais tirer les leçons de ces petites erreurs ».
« Attila a vécu une journée très difficile », Philippe Mauduit
En tête, seul Dan Martin est parvenu à résister au retour tonitruant des favoris pour rafler la victoire d’étape. Matteo Badilatti a terminé six minutes plus tard à la vingt-cinquième place du jour. « On ne peut pas se satisfaire de ce résultat en soi, mais quand on voit qu’il n’y a que Dan Martin qui va au bout, on n’a pas trop de regrets à nourrir, complétait Philippe. On est tombés sur plus forts que nous, c’est tout ». « C’est toujours agréable d’être à l’avant et d’essayer de faire la course, reprenait Matteo. On réessaiera dans les prochains jours ». Pour Attila Valter, cette dix-septième étape a été synonyme de journée galère. Le Hongrois a connu un jour sans qui l’a vu perdre vingt minutes sur la ligne et trois rangs au classement général (16e). « Attila a vécu une journée très difficile, et ce dès le pied de l’avant-dernière montée, expliquait Philippe Mauduit. Ce sont des choses qui arrivent, mais ça n’enlève rien à tout ce qu’il a fait jusqu’à maintenant. Il s’est bien battu, il a été accompagné par Lars, mais c’était juste une journée sans. Il faut simplement espérer qu’il n’en ait pas d’autres lors des deux autres étapes de montagne ».
Désormais loin du maillot rose, voire même du top 10 au classement général, le jeune Hongrois pourra jouir d’une certaine liberté d’ici la fin de la semaine. « Il reste trois étapes avant Milan, et ces trois-là vont être âprement disputées, comme aujourd’hui, concluait Philippe. Attila va pouvoir se créer des opportunités et se donner la chance de jouer une étape. En tous les cas, on se jette dans la bataille le matin avec l’espoir que ça finisse par payer. En cela, tous les coureurs jouent le jeu, et tous vont à la bagarre. Cependant, il y a un tel niveau que ce n’est pas facile d’intégrer l’échappée, ou d’en tirer son épingle du jeu lorsqu’on y est. Demain, il faudra encore essayer d’être présent devant, tout en sachant que ça reste compliqué ».
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