« La Conti » Groupama-FDJ aura, quoi qu’il en soit, inauguré avec succès sa première participation au Tour de Roumanie. Après deux accessits lors des deux premiers actes, la formation bisontine a en effet raflé la mise ce vendredi lors de la troisième étape, grâce à un sprint dominant de Lewis Bower dans la commune de Cristian. Le Néo-Zélandais s’est offert son second succès de la saison, apportant par ailleurs la huitième à son équipe en 2024. Deux journées de course sont encore au programme, et tout autant d’opportunités.
C’est par une étape sur le papier anodine, comptant seulement deux difficultés séparées de cent kilomètres l’une de l’autre, que le Tour de Roumanie s’est élancé mercredi. Pour autant, ce premier acte a eu un impact énorme sur le classement général. « On montait une difficulté d’un kilomètre à 13% après dix kilomètres, qu’on enchaînait avec des petites routes, et ça s’est avéré déterminant pour la suite, contait Jérôme Gannat. Vingt-cinq coureurs sont sortis à ce moment-là et toutes les grosses équipes étaient représentées, dont Astana avec cinq coureurs. Malheureusement, on n’avait qu’un coureur en la personne de Lewis, et on était un peu déçu car il aurait fallu qu’un grimpeur, notamment Maxime [Decomble], soit devant en prévision du général. L’écart s’est vite creusé et le peloton a vite levé le pied pour finalement perdre vingt minutes, ce qu’on ne voit pas très souvent. Ce scénario était prévisible avec la difficulté au départ, et Maxime a peut-être manqué d’un peu de concentration ». Si le général s’est rapidement évaporé pour « La Conti », Lewis Bower a eu l’opportunité de jouer la victoire d’étape. Face à des équipes surreprésentées, le Kiwi de 19 ans a toutefois dû se contenter de la neuvième place, tandis que Lukas Kubis s’est imposé après s’être extrait avec deux hommes. « Lewis était un peu fatigué, il a eu un début de crampes et n’a pas pu sprinter correctement », ajoutait Jérôme.
« Maxime avait le top-5 final dans les jambes », Jérôme Gannat
Jeudi, c’est une arrivée au sommet qui se présentait au-devant des coureurs. « C’est une arrivée assez classique, avec une montée assez longue de quinze kilomètres dont dix kilomètres à 8% », détaillait Jérôme. L’échappée n’a pas eu son mot à dire, et la gagne s’est jouée à la pédale. « Astana a accéléré au pied, et le peloton a tout de suite explosé, reprenait Jérôme. Dès qu’on est arrivé dans la partie raide, les deux premiers sont sortis, puis on a retrouvé en chasse un groupe de six coureurs avec Maxime et le leader. Ils ont été battus par un troisième coureur d’Astana au sommet, mais Maxime a pris la cinquième place, confirmant qu’il aurait pu être une bonne option pour le général et qu’il avait le top-5 final dans les jambes. Je pense même qu’il aurait pu faire même un peu mieux avec un peu plus de confiance, mais il n’a que 19 ans ». Le Kazakh Rudolf Remkhi a fait coup double, et la formation Astana Qazaqstan Development s’est hissée aux trois premières places du général. Cela faisait notamment dire à Jérôme Gannat qu’une ouverture était possible ce vendredi lors du troisième acte, long de 200 kilomètres sans grande difficulté. « On a mis Titouan Fontaine dans l’échappée car on se disait qu’elle avait des chances de réussite, exposait-il. On y a cru après 100 kilomètres car Astana s’est relevée pour laisser quasiment six minutes. Mais certaines équipes étaient intéressées par un sprint et l’échappée a finalement été reprise à vingt kilomètres de l’arrivée ».
« Cela signifie beaucoup de finir le travail pour eux », Lewis Bower
C’est dès lors un sprint massif qui s’est profilé et « La Conti » s’est mise en place dans cette perspective. « On avait bien analysé le sprint, avec une série de virages dans le dernier kilomètre puis une grande ligne droite, expliquait Jérôme. Il y a eu un très bon travail de Jens [Verbrugghe] dans les trois derniers kilomètres pour placer Lewis dans la partie technique. Maxime a également travaillé, et même Titouan a mis un petit bout droit. Ce sont des gestes importants et ça met en confiance le sprinteur ». « C’était une journée parfaite, reprenait Lewis. La présence de Titouan dans l’échappée nous a permis de rester dans les roues, puis dans les vingt derniers kilomètres, on s’est parfaitement mis en place. On était dans une position idéale jusqu’au dernier kilomètre, où je me suis retrouvé tout seul. À 500 mètres, on a passé le dernier virage et les cinq coureurs devant moi l’ont pris trop vite et ont dû freiner à la sortie. J’ai réussi à prendre l’intérieur, j’avais de la vitesse, donc j’ai lancé plus tôt que prévu. Heureusement, j’ai pu faire le trou sur eux et j’ai réussi à tenir jusqu’à la ligne d’arrivée ». « Il a profité de l’aspiration et de la vitesse pour lancer de loin, confirmait Jérôme. Il restait quand même plus de 300 mètres avec un petit vent de face, mais il a fait un tel écart dès le départ qu’il a pu conserver une certaine avance. C’était vraiment bien joué ». Le Néo-Zélandais s’est alors octroyé son deuxième succès de la saison après la première étape de la Ronde de l’Oise. « Il a souvent un rôle de lanceur pour Noah, qu’il maîtrise très bien, ajoutait Jérôme. Il savait qu’il aurait des opportunités en venant ici, et il a su les saisir. Je pense que ça l’a beaucoup rassuré pour la fin de saison ». « C’est chouette de remporter une nouvelle victoire, disait Lewis. Je suis content d’avoir eu ma propre chance avec l’équipe et je suis vraiment content que les mecs aient cru en moi aujourd’hui. Cela signifie beaucoup de finir le travail pour eux et de faire en sorte que tout travail soit récompensé à la fin ». « Nous concernant, on venait pour un top-10 au général et une victoire d’étape, concluait Jérôme. On a dû laisser tomber le général, mais il reste deux étapes, et deux opportunités de sprint pour Lewis. Si on peut ramener deux bouquets supplémentaires, ça pourrait être pas mal ».