La Conti n’a pas fait le voyage pour rien. En déplacement en Italie ce dimanche pour le Grand Prix de Poggiana, en Vénétie, l’équipe bisontine s’est flanquée d’un très joli podium. Au terme d’une course mouvementée, Lewis Askey s’est octroyé la deuxième place du jour en réglant un groupe de poursuivants sur les talons de l’unique homme échappé. Futur membre de l’équipe WorldTour, le Britannique de 20 ans continue d’exhiber une excellente forme à l’approche du Tour de l’Avenir, son prochain rendez-vous.
Quelques jours après sa flopée d’accessits sur le Kreiz Breizh Elites, en Bretagne, la « Conti » Groupama-FDJ avait rendez-vous dans la province de Trévise ce dimanche pour disputer une course huppée du calendrier Espoirs italien, le Gran Premio Sportivi di Poggiana. Tous les coureurs présents au « KBE » quelques jours auparavant étaient reconduits pour l’occasion, à l’exception de Marijn van den Berg, et Jérôme Gannat présentait ainsi un groupe de rouleurs-sprinteurs au départ d’une épreuve traditionnellement assez décousue. « On débutait par un circuit de soixante kilomètres en plaine avant de rencontrer une difficulté de trois kilomètres à 8%, exposait le directeur sportif de la Conti. On enchaînait avec une descente très technique et un circuit de treize kilomètres, assez vallonné sur des petites routes, à répéter quatre fois. On revenait ensuite sur la bosse précédente, mais dans l’autre sens. Il y avait enfin une dernière côte puis on terminait avec trente kilomètres de plat. Le dénivelé n’était pas énorme mais il y avait une bonne partie casse-pattes. En plus de cela, il faisait une chaleur assez étouffante ». Lors des quatre premiers tours sans obstacle autour de Poggiana, une échappée de dix-sept hommes s’est d’abord développée avec Laurence Pithie en son sein. « C’était une bonne chose d’y être représenté, car quelques équipes manquaient à l’appel et ont roulé dans le peloton, ajoutait Jérôme. Dans la première bosse, Laurence a été distancé et ils se sont retrouvés à sept devant, avec 2’30 au moment d’aborder le circuit intermédiaire ».
« Je ne pouvais rien faire de plus », Lewis Askey
Désigné leader de l’équipe pour l’épreuve du jour, Lewis Askey était de son côté bien concentré sur son sujet dans cette première zone clé de la journée. « On pensait que le parcours serait trop vallonné pour nous, confessait le jeune Anglais. Mais on avait dit au briefing qu’il fallait que j’économise mon énergie en début de course, et ensuite voir si j’étais en mesure de rester avec les meilleurs dans les montées. Dans la première bosse, je me sentais vraiment bien et j’étais bien placé. Il y a eu une petite cassure mais je suis resté bien devant dans la descente. Dans le troisième tour du circuit intermédiaire, une côte s’est montée très fort puis tout le monde s’est posé. J’ai placé une petite attaque à ce moment-là, je me suis retrouvé tout seul pendant un moment puis six coureurs m’ont rejoint et nous n’avons jamais été repris. Devant, il restait néanmoins sept coureurs de l’échappée matinale et on les a rattrapés juste avant la toute dernière bosse du jour (1km à 10%). Au sommet, il y a eu une attaque et j’ai réussi à la suivre. On n’était plus que quatre en tête, je me suis dit que la situation était parfaite, mais deux autres coureurs ont fait la jonction, puis après cinq kilomètres, le reste du groupe est également revenu ». Après le franchissement de toutes les difficultés du jour, quatorze hommes étaient donc encore en lice pour la victoire. « Ça a alors cessé de collaborer car il y avait trop de mecs présents, ajoutait Lewis. J’ai essayé une petite attaque, mais j’ai été repris et un autre coureur a contré ».
À une douzaine de kilomètres, l’Italien Riccardo Ciuccarelli (Biesse Arvedi) s’est ainsi isolé et a tenté de rejoindre la ligne en solitaire. « Colpack avait trois coureurs dans le groupe donc ils ont mené la poursuite et j’avais seulement à suivre, disait Lewis. Les choses se présentaient bien pour moi, et j’avais confiance en mon sprint ». Pourtant, le contre n’a jamais opéré la jonction. « Je n’ai pas bien compris, complétait Jérôme. Les Colpack sont revenus à huit secondes de l’homme de tête, mais ils se sont relevés un petit peu, de peur de se faire contrer, et l’écart est repassé à vingt, trente puis quarante secondes ! L’homme de tête a pourtant un petit gabarit, et était seul, sur du plat. Ceci étant dit, Lewis n’avait pas d’autre choix que de suivre la Colpack, qui était obligée de rouler pour Baroncini. Ils n’ont jamais pu rentrer sur l’homme échappé, tant mieux pour lui, dommage pour nous ». D’autant plus que dommage que Lewis Askey a su dominer le sprint pour la deuxième place, cinq secondes derrière Ciuccarelli. « Jérôme m’avait dit qui surveiller pour le sprint, et il a eu raison, commentait le Britannique. J’ai réussi à suivre la roue et à gagner le sprint. Malheureusement, il y avait encore un coureur devant, mais je suis quand même très content de cette place car je ne pensais pas pouvoir m’exprimer sur ce terrain. C’est évidemment un peu embêtant de manquer la victoire de si peu, mais je ne pouvais rien faire de plus, donc je suis content de ma course ».
« Lewis mérite de gagner une course », Jérôme Gannat
« Avec la chaleur, c’est parfois compliqué pour Lewis, mais il est en grande forme et il était aussi en très grande confiance, jugeait Jérôme pour conclure. Habituellement, il dépense beaucoup d’énergie pour aller dans les échappées, mais il a cette fois couru comme il le fallait et il avait la victoire dans les jambes. C’est dommage que le dernier coureur n’ait pas été repris. Lewis mérite de gagner une course avant son passage en WorldTour. Ce n’est pas un coureur qu’on voit toujours dans les résultats, mais c’est un coureur qui fait un travail énorme à chaque fois et qui est dévoué au collectif. Il est notamment important dans la préparation des sprints. Il dispose d’une petite pointe de vitesse mais il y en a toujours un plus rapide que lui dans l’équipe. Il avait tout de même déjà pu faire quelques sprints la semaine dernière au Kreiz Breizh Elites et il a prouvé qu’il était en très bonne condition et en très grande confiance avec la saison prochaine en ligne de mire ». Déjà auteur de deux top-5 sur le Tour Alsace puis de trois top-10 en Bretagne, le jeune homme de 20 ans semble donc totalement opérationnel à l’approche du Tour de l’Avenir, qu’il disputera avec sa sélection nationale. Il y croisera d’ailleurs quelques coéquipiers, à savoir Rait Ärm (Estonie), Marijn van den Berg (Pays-Bas) ou encore Enzo Paleni et Antoine Raugel (Hauts-de-France / Grand Est). La Conti retrouvera elle la compétition sur le Baltic Chain Tour, le 20 août.
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