Deuxième acte du « week-end d’ouverture », Kuurne-Bruxelles-Kuurne laissait, cette année encore, augurer une belle lutte entre les sprinteurs et les attaquants. Samedi soir, par la voix de son directeur sportif Frédéric Guesdon, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ se disait prête pour les deux scénarios. Malheureusement, la donne a drastiquement changé après environ soixante-dix kilomètres de course ce dimanche. Tandis qu’une échappée ouvrait tranquillement la route devant le peloton, Paul Penhoët était ainsi victime d’une chute. « La course n’était même pas lancée, confiait Frédéric. Il s’est retrouvé très loin, il a pu revenir, on pensait que ça allait, mais il nous a averti assez tôt que ça ne serait pas faisable. Quelques monts plus tard, Marc [Madiot] l’a récupéré. On s’est retrouvé privé de notre sprinteur, et sans sprinteur à Kuurne, ça devient compliqué ». C’est aussi pourquoi, à près de cent kilomètres de l’arrivée, Lewis Askey a lancé les hostilités dans le peloton. « La meilleure solution de figurer pour nous était dès lors l’attaque, disait Frédéric Guesdon. Lewis avait de bonnes jambes, il a tenté ».

Le Britannique a d’abord pu s’extraire avec Timo Kielich, avant que le duo ne soit rejoint par Jhonatan Narvaez. Leur avantage a ensuite gonflé à trente secondes avant le Mont-Saint-Laurent. « L’équipe m’avait demandé d’attaquer dans les bosses, et c’est ce que j’ai fait, disait l’intéressé. L’idée était cependant d’emmener plus de gars avec moi. À trois, ça ne suffisait pas, et on a en plus perdu Kielich sur crevaison. Mais c’était quand même un bon « move » car à partir de là, je suis toujours resté devant et je me suis retrouvé avec les groupes qui sortaient du peloton ». Après une petite heure de bagarre, le paquet s’est finalement reformé de manière assez conséquente, et malgré quelques offensives ici ou là, c’est bel et bien un sprint massif qui s’est annoncé dès la fin des difficultés, à cinquante bornes du terme. Étoffée par l’arrivée de deux hommes frais, l’échappée matinale a pu faire perdurer son aventure quelque peu, mais le regroupement général a eu lieu à douze bornes du but. Un peloton d’une centaine d’unités s’est donc dirigé vers le sprint, avec une bataille de placement naturellement intense.

« Paul étant tombé, les gars m’ont dit de faire le sprint, racontait Lewis. J’ai été gêné par une chute à quatre kilomètres, mais Johan m’a bien aidé pour revenir devant avant la dernière ligne droite. J’avais encore les jambes pour faire un bon sprint, malheureusement je n’ai pas choisi les bonnes roues. C’est vraiment quelque chose je dois travailler car cela fait deux jours que je ne réussis pas à obtenir le résultat que mes jambes méritent ». Jasper Philipsen s’est finalement imposé, tandis que le jeune Anglais a accroché la seizième place du jour, après sa dixième de la veille. « Je vais retenir le positif, à savoir que j’ai réussi à me présenter ici avec un bon niveau pour jouer avec les meilleurs », disait-il. « Le sentiment du week-end est partagé, concluait Frédéric. C’était très bien samedi, même si on n’a pas été récompensés à notre juste valeur au niveau du résultat. Aujourd’hui on avait une équipe plus jeune et les circonstances ont fait qu’il était plus difficile de s’exprimer. Il faut continuer à insister, en espérant aussi que Paul ait moins de malchance. Car malheureusement, encore une fois, ce n’était pas son jour ».