Laurence Pithie a pour la première fois mis les pieds sur un Monument du cyclisme ce samedi à l’occasion de la 115ème édition de Milan-San Remo. La découverte, qui plus est dans la peau d’un leader, s’est avérée plutôt réussie pour le jeune Néo-Zélandais de 21 ans, à qui il n’a manqué qu’un kilomètre pour accompagner les meilleurs au sommet du Poggio. Finalement en lice pour les places d’honneur à trente-cinq secondes du vainqueur Jasper Philipsen, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, parfaitement épaulé par ses équipiers toute la journée, a assuré une très honorable quinzième place sur la « Primavera » la plus rapide de l’histoire. Un vrai point de départ.
De Pavia à San Remo, les coureurs s’apprêtaient ce samedi à disputer « La Classicissima » la plus « courte » depuis l’édition raccourcie de 2013. Officiellement, 288 kilomètres figuraient au menu du premier Monument de la saison, auxquels il convenait d’ajouter les six bornes de départ fictif. La mythique barre des 300 bornes ne serait donc pas atteinte, mais le final s’annonçait tout aussi palpitant qu’à l’accoutumée. Avant que les esprits ne s’échauffent dans les soixante-dix derniers kilomètres, place a d’abord été faite à l’échappée, qui a tout de même eu besoin d’une vingtaine de minutes pour se constituer. Onze hommes se sont alors retrouvés devant, dont Lorenzo Germani ! « Lorenzo avait pour mission de contrôler un minimum au départ dans le cas où des formations WorldTour prenaient l’échappée, exposait Yvon Caër. Il a bien fait son travail, et en suivant une vague, il s’est retrouvé devant. On a ensuite mis du temps à pouvoir dépasser le peloton pour faire le point avec lui. On a finalement jugé qu’il serait plus utile avec ses leaders que dans l’échappée. Il avait un travail bien précis en début de course et sur le bord de mer, et je préférais donc qu’il travaille auprès de Laurence ». L’échappée, réduite à dix hommes, n’a d’ailleurs jamais vu son avantage atteindre les trois minutes sur un peloton très prudent. Après le traditionnel passage sans embûche du Passo del Turchino peu avant la mi-course, le peloton s’est retrouvé sur le « Lungomare », en Ligurie, où la situation s’est stabilisée dans un calme ambiant pendant une heure supplémentaire.
« J’étais un peu court aujourd’hui, mais c’est une bonne expérience », Laurence Pithie
La tension est finalement apparue, comme attendu, à l’approche des trois Capi, à environ soixante-dix kilomètres du terme. Dans le sillage de Clément Russo et Sam Watson, les hommes forts de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ ont pu franchir ces trois premières difficultés dans de parfaites conditions. Il en a été de même au pied de la Cipressa, avant-dernière montée de la journée, que Stefan Küng, Quentin Pacher et Laurence Pithie ont entamé dans les vingt premières positions. « Vis-à-vis du placement, chacun avait ses responsabilités et le travail a été très très bien fait, soulignait Yvon. Clément a fait un gros boulot, et l’approche de la Cipressa a été faite de manière optimale. Notre capacité de placement est une grosse satisfaction de la journée. Tactiquement et techniquement, on a été au rendez-vous ». « L’équipe a fait un super travail pour me maintenir devant et en bonne position toute la journée », témoignait Laurence, encore parfaitement en place au sommet de la Cipressa aux côtés de Stefan Küng et Quentin Pacher dans un peloton déjà réduit à une quarantaine d’unités. La transition vers le juge de paix de l’épreuve a néanmoins été moins intense, ce qui a permis le retour de quelques hommes de l’arrière. « Sam est rentré juste avant le Poggio, et il a quasiment placé nos coureurs en tête pour la montée, reprenait Yvon. Laurence était dans de bonnes conditions ».
Une grosse relance du Britannique à moins d’un kilomètre des premières pentes a permis à Laurence Pithie et Stefan Küng d’entamer la dernière montée du jour dans les dix premières positions. La véritable accélération ne s’est produite qu’à 2,5 kilomètres du sommet dans le sillage de Tim Wellens, le peloton s’est alors étiré, et Tadej Pogacar a finalement placé l’attaque attendue à une borne de la bascule. « J’étais en bonne position sur le Poggio, mais j’ai été un peu chahuté, et quand les dix meilleurs sont partis, je n’avais malheureusement pas les jambes pour suivre, relatait Laurence. Je me suis retrouvé entre le groupe de tête et le reste ». « Il lui a juste manqué un petit peu de ressources au sommet du Poggio, rien de plus », ajoutait Yvon. Treize coureurs ont pu faire la différence avant la descente, et personne n’a réussi à se détacher réellement avant la ligne d’arrivée. La victoire s’est jouée au sprint, et Jasper Philipsen s’est imposé. Trente-cinq secondes plus tard, Laurence Pithie a pris la troisième place du premier groupe de poursuite, soit la quinzième du jour. « C’est dommage de ne pas avoir fini devant, soufflait Laurence. L’équipe a fait un excellent travail et j’en suis vraiment reconnaissant. C’est juste moi qui étais un peu court aujourd’hui, mais c’est une bonne expérience. Les jambes sont encore bonnes et j’espère que mon heure viendra sur les prochaines courses ».
« C’est, a minima, de très bon augure pour la suite », Yvon Caër
Quinzième de son premier Monument, le « Kiwi » a quoi qu’il en soit donné de solides garanties pour l’avenir. « Le résultat est satisfaisant car on n’a aucun regret, avançait d’abord Yvon. Après une course, je me demande d’abord si on aurait pu mieux faire dans l’attitude et dans les choix. Or, je sors de cette course très satisfait quant à ces critères. On a fait la course qu’on devait faire, on a été battus par plus fort, et Laurence est tout jeune, il est en pleine maturation. Il vivait Milan-San Remo pour la première fois, il a un vécu en WorldTour encore assez limité même s’il progresse vite. Il ne lui manque pas grand-chose pour basculer avec les treize, mais c’est Milan-San Remo, un Monument, avec les meilleurs du monde. C’est la première fois qu’il faisait cet effort du Poggio en situation de course. C’est, a minima, de très bon augure pour la suite, et je pense qu’il a le potentiel pour très très bien faire sur Milan-San Remo à l’avenir. Il a, je pense, beaucoup appris aujourd’hui ». Sur la ligne, Laurence Pithie a enfin été suivi par Quentin Pacher (19e) et Stefan Küng (23e). « Stefan a couru mercredi et jeudi, il a chuté il y a deux jours, mais il était encore là pour faire du gros travail au pied du Poggio, concluait Yvon. On est rassuré sur sa condition. Quentin surfe lui sur sa très belle condition. Tous deux avaient pour mission d’accompagner Laurence et ils l’ont très bien fait ».
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