Lenny Martinez frise la victoire à Montfaucon

Il aura tout tenté pour rafler sa première victoire chez les grands ce vendredi, mais Lenny Martinez a finalement dû s’incliner au sommet de La Malate, à Montfaucon, dans l’édition 2023 de la Classic Grand Besançon Doubs. Auteur de multiples attaques dans l’ascension finale, le jeune grimpeur tricolore n’a toutefois pu se débarrasser de Victor Lafay qui l’a ensuite devancé au sprint. L’ancien pensionnaire de « La Conti » s’est néanmoins octroyé son meilleur résultat depuis son passage dans la WorldTour tandis que Thibaut Pinot a coupé la ligne quelques secondes plus tard en cinquième position.

Pour sa troisième édition, la Classic Grand Besançon Doubs invitait, comme l’an passé, les coureurs à rejoindre le sommet de La Malate. Le tout au terme d’un parcours de 170 kilomètres qui incluait une autre montée, partielle, de l’ascension. Avant d’aborder cette séquence fatidique de l’épreuve, une grande boucle d’une centaine de kilomètres était néanmoins à couvrir autour de la cité franc-comtoise. Six hommes l’ont effectuée devant le peloton, au sein de l’échappée matinale formée après quelques minutes seulement : Morne Van Niekerk (St-Michel-Mavic-Auber 93), Sean Christian (Etats-Unis), Wesley Mol (Bike Aid), Emil Vinjebo (Leopard TOGT Pro Cycling), Rory Townsend (Bolton Equities-Black Spoke Pro Cycling) et Charles Quarterman (Team Corratec). Leur avantage a atteint les cinq minutes, mais plusieurs équipes se sont par la suite alliées pour mener la chasse, dont l’Équipe cycliste Groupama-FDJ par l’intermédiaire d’Eddy Le Huitouze, de nouveau promu de « La Conti ». Au moment d’entamer la première montée de La Malate, l’écart tombait ainsi à 3’30 et n’était même plus que d’une minute trente au sommet. Alors que seuls deux hommes demeuraient en tête de course, le peloton était déjà réduit à une quarantaine d’hommes dont Thibaut Pinot, Lenny Martinez, Reuben Thompson, Enzo Paleni et Lorenzo Germani.

« Je ne venais que pour gagner », Lenny Martinez

Aux côtés de la jeune garde, le grimpeur de Melisey est toujours resté à l’avant du peloton, les rescapés de l’échappée ont été revus à quinze bornes du but, puis la meute s’est dirigée à toute vitesse vers la montée finale de la Malate (3,3 km à 9%), aux pentes maximales de 17%. Omniprésente dans un virage à épingle à l’issue de l’ultime descente, puis au pied du juge de paix, la Groupama-FDJ était en condition optimale pour la grande explication. « On partait avec deux cartes aujourd’hui, Thibaut et Lenny, expliquait Thierry Bricaud. Avec une option davantage sur Lenny car la montée lui correspondait plus ». « Sur une arrivée comme celle-là, assez raide, pour puncheur, Lenny était quand même notre carte prioritaire », abondait Thibaut. Par conséquent, Enzo Paleni a durci le ton dès les premières pentes, puis a été relayé par Reuben Thompson après quelques hectomètres. Suite à un premier écrémage par l’arrière, Lenny Martinez a décidé de prendre ses responsabilités en attaquant à environ trois kilomètres du terme. « Il était prévu qu’il essaie de s’isoler le plus tôt possible pour pouvoir faire sa montée et aller chercher la gagne, expliquait Thierry Bricaud. Si ça temporisait un peu derrière, on avait aussi Thibaut en cas d’arrivée groupée ». « Je pense que je faisais La Malate au moins trois fois par semaine l’an passé, donc je la connais par cœur, glissait Lenny. Les équipiers nous ont lancé à bloc, et je ne me suis pas posé de questions, j’ai attaqué ». Le jeune homme de 19 ans s’est dans un premier temps détaché avec quatre hommes alors que son aîné haut-saônois est resté vigilant à un deuxième échelon.

À coups d’accélérations, le grimpeur de poche s’est délesté de tous ses concurrents, à l’exception de Victor Lafay, toujours présent dans sa roue à la flamme rouge. « J’ai essayé de m’en débarrasser pour partir seul, il ne voulait pas relayer, et même si la montée est dure, elle est tout de même assez courte, expliquait Lenny. Tant que je n’étais pas tout seul, je ne me voyais pas gagner, et c’était dur de lâcher Lafay sur des à-coups ». Malgré plusieurs essais, le coureur de la Groupama-FDJ n’a pu s’isoler et Roger Adria est finalement revenu de l’arrière dans les ultimes hectomètres pour lancer le sprint. Dans des pourcentages moins prononcés, Lenny Martinez a pu passer l’Espagnol, mais pas Victor Lafay, victorieux sur la ligne. « Je suis vraiment déçu, commentait-il sur la ligne. Deuxième c’est bien, mais je voulais vraiment la victoire pour l’équipe. Je n’étais venu que pour ça.  Lafay marche fort et il est un peu plus puissant que moi au sprint, mais c’est dommage, car cela aurait été une belle première. Je passe de peu à côté, donc c’est un peu frustrant. Il y en aura forcément d’autres, mais je suis quand même déçu ». « On a fait la course qu’on devait faire, assurait Thierry. Collectivement tout le monde était très appliqué et c’était quasiment le scénario parfait. On est simplement tombé sur un très bon Lafay et il nous manque un petit quelque chose. Je pense qu’il a manqué un peu d’expérience et un peu de force à Lenny, mais il est aussi là pour apprendre, il va continuer à grandir et c’est de bon augure ».

« J’ai pris beaucoup de plaisir », Thibaut Pinot

Auteur de son premier podium chez les « grands », Lenny Martinez a quoi qu’il en soit confirmé son excellent Tour de Catalogne. Quant à Thibaut Pinot, toujours très proche, il a pratiquement recollé au groupe de tête avant que le sprint ne se lance. Il a finalement décroché une solide cinquième place pour son retour à la compétition après un mois sans course. « Les jeunes ont super bien bossé et personnellement, je suis quand même satisfait de ma course, disait le Franc-Comtois. Je pense que je serai encore un peu mieux sur les deux prochaines (Tour du Jura et Tour du Doubs, ndlr). Je suis dans le match pour la victoire, c’est plutôt bon signe pour la suite. J’ai aussi profité de l’ambiance, il y avait du monde au bord de la route. C’était vraiment une très bonne journée et j’ai pris beaucoup de plaisir sur ces routes que je connais par cœur. J’ai revu beaucoup de personnes que je connais depuis tout petit, et si je peux ramener un résultat ce weekend pour tous ces gens-là, ce serait avec plaisir ». « Thibaut a fait une belle journée, ajoutait Thierry. Il était attendu. Il manque un petit quelque chose mais on sait que l’objectif est le Giro. Il va continuer à monter en puissance et on sait qu’il sera présent ces deux prochains jours ».