Lenny Martinez déjà au rendez-vous

La deuxième étape du Tour de Catalogne, ce mardi, s’apparentait à un premier grand test pour Lenny Martinez au niveau WorldTour. Il s’agissait en effet de sa toute première explication dans une arrivée au sommet face à un plateau de top niveau mondial, et le grimpeur français de 19 ans n’a pas déçu. Il a même fait très belle impression, puisque dans la longue ascension vers Vallter 2000, il a tenu le rythme des meilleurs jusqu’à deux kilomètres du sommet. Sur la ligne, il s’est finalement flanqué d’une convaincante quatorzième place, lui permettant de grimper à la douzième position du général. Une nouvelle arrivée au sommet, moins sélective sur le papier, sera au programme mercredi vers La Molina.

Il fallait ce mardi repartir de l’avant pour l’Équipe cycliste Groupama-FDJ, après une entame tumultueuse sur le Tour de Catalogne. Du fait de sa chute à haute vitesse dans l’étape d’ouverture, Michael Storer n’était naturellement pas apte à jouer les premiers rôles en direction du sommet de Vallter 2000, mais il était bien au départ à Mataró. Aussi, Jussi Veikkanen et Franck Pineau pouvaient compter sur une autre carte à l’occasion de cette première bataille pour le classement général. « On n’a pas radicalement changé notre stratégie malgré ce qui s’est passé hier, avançait Jussi. On savait que c’était une belle opportunité pour se tester. On connaissait l’arrivée et son approche, et du fait des conditions de course, on se doutait que ça allait être compliqué pour l’échappée, que ça allait se jouer entre costauds. Sans lui mettre de pression, on voulait donc protéger Lenny du mieux possible ». Alors qu’une échappée de huit hommes comprenant Simone Petilli (Intermarché-Circus-Wanty), Ewen Costiou (Arkéa-Samsic), Christopher Juul-Jensen (Jayco AlUla), Simon Carr (EF Education-EasyPost), Vadim Pronskiy (Astana Qazaqstan), Julen Amezqueta, Francisco Galván (Equipo Kern Pharma) et Xabier Mikel Azparren (Euskaltel-Euskadi) a obtenu un bon de sortie, le grimpeur de poche tricolore a pu bénéficier du soutien de ses équipiers, et notamment de l’expérimenté Matthieu Ladagnous au sein du paquet.

« Lenny a bien maîtrisé son effort », Jussi Veikkanen

« Dès le premier col, à une cinquantaine de kilomètres, on était vigilants et bien devant, reprenait Jussi. On a eu une bonne équipe, groupée autour de Lenny. Chacun a fait de son mieux. Aussi, Clément allait beaucoup mieux aujourd’hui, après sa chute à Denain. Michael a lui bien géré sa journée et ça allait également mieux qu’hier soir. C’était déjà une bonne chose ». Tout paraissait fluide, mais à environ dix-huit kilomètres de l’arrivée, soit tout près du pied du col, Reuben Thompson et Lenny Martinez ont été pris dans un accrochage. « Reuben est tombé et a dû changer de vélo, expliquait Jussi. Il a livré une bonne chasse pour rentrer dans le peloton. Il a réussi à revenir, mais il a lâché beaucoup d’énergie dans l’affaire ». « L’approche était plutôt bonne, jusqu’à ce que je tombe avec Reuben et quelques autres coureurs, relatait Lenny. Heureusement, je n’avais rien de grave. Je me suis relevé, j’ai vu que le vélo était intact et je suis reparti. En revanche, je ne suis pas arrivé dans les meilleures positions au pied, mais l’équipe m’a remonté petit à petit, et je veux les en remercier. Je ne voulais pas faire un effort violent, donc on est remontés avec Bruno petit à petit, par à-coups ». « L’idée pour lui était de ne pas se mettre dans le rouge, affirmait Jussi. C’est quand même une sacrée arrivée, à plus de 2100 mètres d’altitude. Il a bien maîtrisé son effort ».

« Content de ma performance », Lenny Martinez

Après avoir effectué la première moitié de l’ascension en second rideau, l’ancien de « La Conti » a finalement accroché le wagon des favoris à tout juste sept kilomètres du but. Il ne restait, à cet instant-là, plus qu’une vingtaine d’hommes en tête. « J’ai dû boucher les trous que les mecs laissaient au fur et à mesure de ma remontée, précisait-il. Petit à petit, j’ai pu réintégrer la boule du top-20. Une fois dedans, j’ai voulu rester derrière, dans les roues. J’étais bien dans le rythme pendant tout le col et c’est seulement à deux kilomètres de l’arrivée, quand Remco Evenepoel a accéléré, que j’ai un peu décroché ». Longtemps au plus près de quelques-uns des meilleurs grimpeurs du peloton, Lenny Martinez a assurément répondu présent pour son premier rendez-vous au sommet, et a finalement coupé la ligne en quatorzième position, à 53 secondes du vainqueur Giulio Ciccone. « Je suis quand même content de ma performance, confiait-il. J’avais les jambes un peu dures dans le final, mais je pense que c’était davantage dû à l’effort qu’à l’altitude. Ça ne m’a pas dérangé plus que ça. J’ai été agréablement surpris de ce point de vue ». « On connaît évidemment ses qualités de grimpeur, ajoutait Jussi. Ceci étant, c’est quand même sa première course WorldTour et sa première grande arrivée au sommet. On sait qu’il a des qualités, il l’a prouvé, et on ne va pas lui fixer de limites. Au contraire, il faut continuer sur cette dynamique, progresser et découvrir. Demain, ce sera dans le même esprit à La Molina. On va continuer à le protéger, à bien le placer dans le peloton et on verra jusqu’où on pourra aller avec lui ».

Ce mardi soir, Lenny Martinez a d’ailleurs fait un bon de cinquante places au classement général pour se replacer aux portes du top-10 (12^e), à 1’19 de Primoz Roglic.