Lenny Martinez conquiert Le Faron sur le fil

L’adage « se battre jusqu’à la ligne » a rarement été aussi bien illustré. Lors de la Classic Var ce vendredi, Lenny Martinez s’est offert sa première victoire de la saison à l’occasion de sa reprise, en raflant la mise dans les tous derniers mètres à Tobias Halland Johannessen. Au sommet du Mont Faron, le jeune grimpeur tricolore a sprinté jusqu’au bout pour passer le Norvégien, récompensant également une belle prestation collective confirmée par les sixième et dixième places de David Gaudu et Romain Grégoire. L’Équipe cycliste Groupama-FDJ compte désormais trois succès en 2024.

Une toute nouvelle course fêtait son inauguration ce vendredi dans le sud de la France. Au lieu de proposer trois étapes lors du Tour des Alpes-Maritimes, les organisateurs de l’épreuve avaient ainsi décidé d’isoler un jour de course pour créer la Classic Var en préambule du week-end. C’est au plus grand plaisir des grimpeurs que ce nouvel évènement voyait le jour, puisque l’iconique Mont Faron (5,7 km à 8,4%) venait ponctuer les 184 kilomètres de course, et David Gaudu, Lenny Martinez ainsi que Romain Grégoire en profitaient d’ailleurs pour opérer leur retour à la compétition. La grande bagarre était attendue dans les vingt derniers kilomètres, et les premières heures de course ont surtout été animées par l’échappée de Morne Van Niekerk (St-Michel-Mavic-Auber 93), Valentin Tabellion (Van Rysel-Roubaix), Victor Vaneeckhoutte (Lotto-Dstny DT), Maël Guégan (CIC U Nantes Atlantique), Noah Knecht (Nice Métropole Côte d’Azur) et Alessandro Iacchi (Corratec-Vini Fantini). « Le début de course s’est déroulé comme prévu, avec une échappée qu’on ne souhaitait pas trop dangereuse, indiquait Yvon Caër. Il faut aussi souligner le travail de Jens [Verbrugghe] pendant 140 kilomètres ». Le jeune Belge, promu de la Conti pour l’occasion, a ainsi participé à la chasse au sein du peloton. Après le passage aux abords du Circuit du Castellet, à une trentaine de kilomètres de la ligne, Fabian Lienhard a pris la relève et c’est ensuite Lars van den Berg qui a imprimé le tempo à l’avant du peloton dans la montée en deux temps du Col du Corps de Garde.

« On avait un coup d’avance », Yvon Caër

Peu avant le sommet, et avant de plonger vers Toulon, Kevin Geniets a permis à l’équipe de basculer dans les toutes premières positions. « On avait un protocole en place censé nous amener jusqu’au début de cette descente, reprenait Yvon. On voulait absolument faire la descente, et je pense que c’était la clé pour aborder le Faron. En bas de la descente, une cassure de douze coureurs s’est dégagée et les quatre coureurs qu’on souhaitait avoir y étaient. On avait un coup d’avance ». Au moment de s’attaquer au juge de paix de la journée, la Groupama-FDJ disposait encore de toutes ses cartes, et a donc tenté de les utiliser au mieux. « Romain a allumé la première mèche, ce qui a permis à Lenny et David de rester un peu en retrait », continuait Yvon. Le Franc-Comtois a accéléré dès les premières pentes avant d’être repris à quatre kilomètres du but puis de se mettre au service de ses coéquipiers. Après un joli forcing en tête, les offensives ont repris, notamment par l’intermédiaire de David Gaudu. Mais à l’instar des autres concurrents tels que Romain Bardet, Aurélien Paret-Peintre, Michael Woods ou Tobias Johannessen, le Breton n’est pas parvenu à faire une différence. « J’ai essayé de ne pas exploser quand les mecs attaquaient, commentait pour sa part Lenny Martinez. Même si j’étais à bloc, il fallait vraiment rester au contact car ça pouvait aussi se calmer. La petite route rendait les choses un peu plus difficiles car ça frottait dans la bosse pour essayer de garder une place devant. Je voulais mettre une cartouche sur la fin pour jouer avec la présence de David, mais d’autres l’ont fait et je me suis dit que j’allais attendre le final. Ça s’est fait un peu au feeling ».

« J’ai tout mis jusqu’à la fin et j’ai eu raison », Lenny Martinez

Au passage de la flamme rouge, et malgré quelques accélérations, six concurrents étaient donc encore en lice pour la gagne, dont le grimpeur cannois et son homologue breton. C’est finalement ce dernier qui a lancé le « sprint » à près de 500 mètres du but. Romain Bardet et Tobias Johannessen sont parvenus à emboîter le pas, Lenny Martinez a cédé quelques mètres et le Norvégien s’est détaché à 50 mètres de la ligne et a pensé l’emporter. Mais dans un dernier effort, Lenny Martinez est revenu comme une flèche de l’arrière pour lui souffler la victoire sur la ligne. « J’étais complètement à fond, racontait Lenny. Je voyais un peu flou dans l’effort et je cherchais simplement la ligne d’arrivée. Je l’ai vu lever les bras et je me suis dit que je pouvais peut-être encore le passer. C’est ce que j’ai réussi à faire, et c’est le jeu. C’est spécial car je pensais que c’était fini aux 300 mètres car j’étais distancé, mais j’ai tout mis jusqu’à la fin et j’ai eu raison ». Non sans une certaine confusion, Lenny Martinez a donc inscrit son nom au sommet du Mont Faron, et ce pour son premier jour de course de l’année. « Je suis super content de m’imposer ici, devant ma famille, à côté de la maison, sur une course que j’avais ciblée, ajoutait-il. Les gars ont fait un boulot monstre. C’est grâce aussi à eux que je gagne ». « Lenny n’a rien lâché, c’est son tempérament, confiait Yvon. La photo-finish ne montre pas la belle construction collective de la course. Au bout du compte, la gagne, c’est la gagne. On avait quand même la pression, avec un collectif identifié comme étant le plus costaud. On a pris nos responsabilités et fait ce qu’on avait à faire. Lenny a bénéficié du travail de tous les autres. C’est lui qui avait les ressources pour finir, et il l’a fait ».

Au sommet, David Gaudu (6^e) et Romain Grégoire (10^e) ont également pris place dans le top-10 du jour, synonyme d’une journée réussie de bout en bout. « Ce que j’appréhendais le plus, c’était la reprise de nos trois leaders, mais ça s’est bien passé, ponctuait Yvon. On s’aperçoit que tous nos coureurs sont désormais performants quand ils reprennent. En vue du week-end, Romain va très bien, Kevin aussi, et on a le sourire ! Gagner des courses, c’est ce qu’on recherche et tout est plus facile derrière. On va remettre les compteurs à zéro pour samedi et dimanche, et on va tout faire pour gagner de nouveau ». Alors qu’une partie du groupe s’alignera donc sur le Tour des Alpes-Maritimes, David Gaudu et Lenny Martinez remettront un dossard la semaine prochaine à l’occasion d’O Gran Camino.