Lenny Martinez ne comptait pas terminer le Tour de Suisse dans l’anonymat. Il a finalement profité de la journée la plus particulière de toutes pour revenir sur le devant de la scène. Ce vendredi, dans une sixième étape réduite à seulement 42,6 kilomètres, le jeune grimpeur français a fait état de ses réelles qualités dans l’ascension finale vers Blatten. Il s’est ainsi flanqué de la cinquième place au sommet, à tout juste 35 secondes du vainqueur Joao Almeida. Il pointe désormais au quatorzième rang du général avant un week-end très coriace autour de Villars-sur-Ollon.
Non, le second contre-la-montre individuel du Tour de Suisse n’avait en rien été avancé à ce vendredi. Les 42,5 kilomètres de course au programme du jour, dans cette sixième étape, étaient la simple conséquence d’un – important – raccourcissement décidé il y a quelques jours en raison de la neige présente sur le Nufenenpass initialement prévu. « L’organisation de la journée était un peu atypique, confessait Thierry Bricaud. On est partis de l’hôtel ce matin, on a fait deux heures de voiture, puis on a chargé les voitures sur un train pour traverser le Saint-Gothard. Le tout pour prendre le départ à 15 heures d’une étape de 42 kilomètres, dont près de trente étaient en descente ou en faux-plat descendant ». Le début de course a de fait été extrêmement rapide, et si un trio d’échappés est parvenu à se détacher, il n’a jamais compté plus d’une minute d’avance. « C’était un peu bizarre de courir sur seulement 42 kilomètres, confiait Lenny. En plus, j’ai souvent de meilleures jambes en fin d’étape qu’au début. Je me suis dit que ça allait être compliqué, et finalement les jambes allaient plutôt bien aujourd’hui ». Le jeune homme a donc agi en conséquence et s’est lancé dans la bataille au pied de la montée finale de Blatten (6 km à 9%). « J’ai été super bien placé par l’équipe, assurait-il. C’était parfait, j’étais aux avant-postes. Il fallait alors suivre le train d’UAE Team Emirates, qui était très élevé ».
« Ça fait du bien », Lenny Martinez
Légèrement distancé au plus dur du forcing, et alors qu’une douzaine d’hommes seulement étaient encore présents à l’avant, le coureur de la Groupama-FDJ a en revanche mieux terminé que d’autres. Il a ainsi rattrapé quelques coureurs au fur et à mesure de la montée, se retrouvant même à un troisième échelon dans la roue de Tom Pidcock à 1500 mètres du sommet. « J’ai fait mon effort et j’ai tout mis jusqu’à la fin, mais les 500 derniers mètres étaient longs, souriait-il. Ça fait du bien d’enfin retrouver des sensations et de se faire plaisir à l’avant avec les meilleurs ». Sur la ligne, il n’a ainsi été devancé que par quatre coureurs : Joao Almeida, Adam Yates, Mattias Skjelmose et Egan Bernal. « Il avait envie de bien faire et de se racheter des jours précédents, commentait Thierry. Il sait qu’il n’était pas à sa place et ça ne lui convenait pas. Il avait envie de se rassurer, ce qu’il a très bien fait aujourd’hui. Il fait une très belle montée, c’est bien pour la suite. Il lui reste un bon week-end pour encore gratter des places au général, faire une belle performance sur la dernière étape de montagne samedi et un beau chrono dimanche pour finir ce Tour de Suisse sur une bonne note ». Grâce à sa performance du jour, Lenny Martinez a intégré le top-15 du général (14e à 5’54). Samedi, 3000 mètres de dénivelé seront à franchir sur à peine plus de 110 kilomètres, avec une nouvelle arrivée au sommet, à Villars-sur-Ollon (8 km à 7,7%).