Mais quelle deuxième semaine de Thibaut Pinot dans la Vuelta ! A l’attaque mardi sans être bien récompensé, il n’a depuis cessé d’élever son niveau pour finir à la quatrième place samedi et surtout gagner dimanche la mythique étape des Lacs de Covadonga, atteignant l’un des rêves de sa carrière, à savoir gagner une étape de chaque grand Tour.
Sans doute pensait-il avoir touché un must en s’imposant en 2015 au sommet de l’Alpe d’Huez mais ce succès dans cette ascension espagnole, dont l’histoire est jonchée d’exploits, fera date pour lui et pour son équipe Groupama-FDJ.
« C’est une belle victoire à la pédale, c’est une victoire qui va compter ! » T.Pinot
« Gagner aux Lagos de Covadonga, je ne réalise pas, a-t-il dit quelques minutes après l’arrivée. C’est une belle victoire à la pédale, ça fait du bien. J’avais l’obsession de gagner dans les trois Grands Tours et je peux dire que c’est une victoire qui va compter ! Je reste concentré sur la Vuelta, sur la possibilité d’une autre victoire d’étape, sur le classement général (il est désormais septième). Il y a la journée de repos demain et puis je vais donner le maximum avant Madrid. Je ne suis pas dans le calcul… »
Cette étape avait débuté par différents mouvements des Polonais Kwiatkowski (Team Sky) et Majka (Bora-Hansgrohe) et du Belge De Gendt (Lotto-Soudal) avant que onze coureurs ne fassent finalement la différence, notamment Garcia Cortina (Bahrain-Merida), repris le dernier, le double vainqueur d’étape Ben King (Dimension Data), Rolland (Education First-Drapac), Bennett (LottoNL-Jumbo), Geoghegan Hart (Team Sky), Roche (BMC) et Mollema (Trek-Segafredo). Leur avance a atteint 5’45’’ après 83 kilomètres mais l’équipe Astana avait pour son grimpeur Lopez de réelles ambitions.
C’est bien Lopez, dans le groupe des favoris, qui est passé à l’attaque, à 7,5 kilomètres de l’arrivée sans se défaire de Quintana et Valverde (Movistar), du maillot rouge Yates (Mitchelton-Scott), de Kruijswijk (LottoNL-Jumbo), Thibaut, Mas (Quick Step Floors) et Uran (Education First-Drapac).
C’est sans montrer le moindre signe de faiblesse qu’il a construit son succès.
A 6 kilomètres du sommet, Thibaut a produit son effort sans que personne ne puisse le suivre, pas même l’explosif Yates. Avec 15 secondes d’avance sur ses suivants, Thibaut savait que les attaques de ses rivaux seraient toujours suivis de ralentissements et c’est sans se désunir, sans montrer le moindre signe de faiblesse qu’il a construit son succès, repoussant Lopez et Yates, ses suivants immédiats à trente secondes. Sa performance lui permet de poursuivre sa spectaculaire remontée au classement général.
« C’est le plan que j’avais prévu, dit Thibaut. J’étais à 2’45’’ des leaders, je n’étais pas un danger pour eux. J’ai donc attaqué et dès que j’ai eu que 15’’ d’avance, avec la forme qui est la mienne, je savais que c’était jouable. Je suis vraiment très heureux… »
Tout comme l’ensemble de ses équipiers apprenant la bonne nouvelle à leur descente de vélo, notamment le formidable Rudy Molard, désormais 18e au classement général. Derrière le gruppetto, Franck Pineau, n’a pas pu empêcher quelques larmes de joie.
« Franck a pleuré comme une madeleine, de toute façon il a toujours une boite de kleenex dans la portière de sa voiture, dit en riant Thierry Bricaud. Moi aussi, bien sûr, je l’ai vécu intensément. Il fallait que tout se goupille bien pour que la victoire se joue dans l’ascension entre les costauds et au pied on savait que ce serait le cas. Au fur et à mesure, je voyais que Thibaut était dans le match, il a attaqué dans la partie la plus difficile et puis jusqu’à l’arrivée, il a fait ce qu’il sait faire. On se doutait que derrière ils allaient se marcher dessus, c’est vraiment une très belle victoire ! »
« Rudy est à l’image de sa saison, exemplaire, fiable et solide. » T.Bricaud
« Thibaut est zen, il sait pourquoi il est dans la Vuelta, poursuit son directeur sportif. J’avais le pressentiment, ce matin, qu’on allait vivre une belle journée parce qu’hier il avait fait une belle montée sur un terrain ne lui convenant pas trop. Je sais qu’il avait aussi cette étape dans la tête. Il a de nouveau bien profité du travail de Rudy Molard qui a de l’expérience et fait l’effort pour le placer quand il le faut et après il a les jambes. Rudy est à l’image de sa saison, exemplaire, fiable et solide. Pour nous, ça va être une belle journée de repos même s’il y a un chrono de 32 kilomètres, prévu mardi, à aller repérer. »
Par Gilles Le Roc’h
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