Après d’innombrables tentatives et quelques frustrations, Bruno Armirail a enfin obtenu, ce jeudi, sa première victoire professionnelle. Mais quelle victoire ! À Cholet, le rouleur occitan a tout simplement remporté le titre de champion de France du contre-la-montre, après deux podiums consécutifs dans l’événement. Cette fois-ci, au terme des 44 kilomètres du tracé, c’est bien lui qui s’est montré le plus fort, pour une vingtaine de secondes devant les deux anciens lauréats de la tunique tricolore. À 28 ans, Bruno Armirail connaît enfin la consécration. Méritée, de l’avis de chacun.
Depuis plusieurs mois, Bruno Armirail avait fait de ce jeudi 23 juin 2022 l’un des, sinon la date phare de sa saison. Il s’agissait donc de l’ouverture des championnats de France de cyclisme sur route, à Cholet, et plus précisément de la tenue de l’épreuve chronométrée. Au sortir de deux éditions bronzée puis argentée, l’Occitan rêvait évidemment de grimper la dernière marche. Et c’est à 16h23, après ses jeunes collègues de la Conti Enzo Paleni, Eddy Le Huitouze et Romain Grégoire, mais aussi de son coéquipier de la WorldTeam Clément Davy, que sa mission « bleu-blanc-rouge » débutait. Sur la rampe de lancement, le natif de Bagnères-de-Bigorre était précédé par Rémi Cavagna, et suivi par Benjamin Thomas, les deux derniers champions de France de l’exercice. Dès le premier intermédiaire, neuf kilomètres plus loin, la bataille entre les trois hommes s’est installée. Bruno Armirail occupait alors la troisième position, à quatre secondes du meilleur temps. « Il fallait tout de suite être dans l’allure, car c’était très roulant au départ », indiquait David Han, son entraîneur. Parfaitement dans les temps, le représentant de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est même porté en tête au second intermédiaire, après 19,2 kilomètres. Pour deux et sept secondes, il devançait respectivement Thomas et Cavagna. « Ensuite, il y avait une partie assez longue en faux-plat montant, à la moitié du parcours, détaillait David. On pouvait avoir tendance à s’endormir après vingt bornes de chrono, et je lui avais dit que je serais beaucoup plus insistant à l’oreillette. C’est ce que j’ai fait. Bruno aime qu’on le booste énormément. Plus que ça, il aime qu’on lui parle tout le temps pour le motiver. Il ne fallait rien lâcher tout du long, ça pouvait se jouer à n’importe quel moment. Je pense qu’il est parti comme il le fallait, puis il a réussi à reprendre du temps sur la deuxième partie ».
« Tout était parfait », David Han
Après une vingtaine de kilomètres sans pointage, les concurrents ont atteint Mazières-en-Mauges après 38,7 kilomètres de course, où Bruno Armirail a largement conforté son avance. À un peu plus de cinq bornes de l’arrivée, il comptait alors douze secondes d’avance sur Cavagna, et vingt-trois sur le tenant du titre Thomas. « On sait que c’est quelqu’un qui finit assez fort à chaque fois, soulignait David. Quand on a vu qu’on avait dix-douze secondes au dernier intermédiaire, on était plutôt très confiants avant le final technique ». « On savait que ça allait être serré entre les meilleurs, disait l’intéressé. Il n’y avait pas énormément de parties pour faire des écarts. J’avais les temps grâce à mon entraîneur qui m’a encouragé du début à la fin. Au dernier intermédiaire, il m’a dit que j’avais dix secondes d’avance, je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas lâcher, que c’était dur pour tout le monde. C’est beaucoup la tête qui joue dans ces moments-là. J’ai pensé à beaucoup de choses qui m’ont permis de me dépasser ». Tout en contrôle et en fluidité, Bruno Armirail a parfaitement maîtrisé les derniers moments avant de se présenter dans la dernière ligne droite avec un avantage conséquent. Après 50 minutes et 50 secondes d’efforts, à plus de 52 km/h de moyenne, il s’est alors offert le titre de champion de France du chrono, vingt-quatre secondes devant Cavagna, et trente devant Thomas. « C’était un chrono vraiment parfait, lançait son entraîneur. Je lui ai d’ailleurs répété plusieurs fois pendant la course que je n’avais rien à lui dire, que tout était parfait. Les trajectoires étaient bonnes, la puissance était même au-dessus de ce qu’on avait imaginé au début. On sait aussi que pour être champion de France, il faut parfois être au-dessus de ce qui est prévu. Les records sont faits pour être battus. Il fallait qu’il aille au-delà de ce qu’on connaissait de lui, et c’est ce qu’il a réussi à faire ».
« C’est mon tour », Bruno Armirail
Au moment de réaliser que le maillot bleu-blanc-rouge était sien, Bruno Armirail a essuyé quelques larmes avant de livrer ses premiers mots. « Je cours après ce titre depuis longtemps, soufflait-il. J’avais été titré en Espoirs en 2014 et j’ai souvent fait des podiums. J’avais prévenu que j’étais venu pour le titre, pas pour faire deuxième ou troisième. Je suis super content, je n’ai pas de mots, c’est vraiment super… À l’image d’un Anthony Roux, j’ai fini par décrocher ce titre : il m’avait envoyé un message avant le chrono et ça m’a touché. Je vais avoir le maillot bleu-blanc-rouge pendant un an et les liserés à vie. C’est mon tour. Je remercie tous ceux qui étaient derrière moi, c’est beaucoup de travail, beaucoup de stages en altitude. Les sacrifices paient. Je devais être prêt pour le jour J, et j’ai répondu présent, comme on l’avait prévu ». « Cela fait plus de deux ans qu’il court pour ça, alors y arriver et concrétiser, c’est un soulagement », ajoutait David Han, avant de compléter : « Quand il a appris sa non-sélection pour le Tour mardi soir, je lui ai dit que tout ce qui avait été fait ne pouvait pas être vain : quinze jours de stage à Ténérife, une semaine au Pic du Midi après le Dauphiné… Tous ces sacrifices personnels devaient payer. On avait préparé le championnat et il fallait concrétiser ça. L’équipe a aussi beaucoup investi au niveau du matériel et des équipements pour le championnat. Il avait pas mal de nouveautés disponibles. Tout cela fait qu’on n’avait pas le droit de lâcher aujourd’hui. Il a eu une grosse déception, qu’il a plus ou moins vite évacuée en se recentrant sur le championnat. Mon rôle était d’insister sur les efforts qui avaient été consentis avant, qui devaient lui permettre de jouer la gagne aujourd’hui. On ne peut pas se permettre de passer à côté d’un maillot bleu-blanc-rouge ».
Ce jeudi, la structure Groupama-FDJ a d’ailleurs remporté son treizième titre de champion de France sur route, son cinquième dans l’épreuve chronométrée. Bruno Armirail, lui, a sans doute ouvert à 28 ans une nouvelle page de sa carrière. « Je pense que ça peut le libérer pour les prochains chronos, concluait David. Il va courir avec le maillot bleu-blanc-rouge pendant un an, et cela sera forcément source de grande motivation ». Comme l’an passé, Clément Davy s’est lui octroyé une solide sixième place ce jeudi, alors qu’Enzo Paleni (13e), Romain Grégoire (14e) et Eddy Le Huitouze (23e) ont encore accumulé une belle dose d’expérience.
2 commentaires
Jac34
Le 24 juin 2022 à 16:07
Bruno est l’image de l’équipier modèle. Quand Bruno mène la chasse, il ne fait jamais semblant. Pour une fois il monte sur la première marche et ce n’est que justice.
Bravo Bruno.
Dédé 60
Le 24 juin 2022 à 10:21
Bravo BRUNO, ce titre te vas à merveille, te voilà récompenser de tout tes efforts qui n’ ont pas été nuls.
Tu as ouvert le chemin pour les autres en compétition pour un titre ce week-end, encore BRAVO et quel
plaisir pour tout les supporters de l’ équipe comme moi.