Privé d’un bon résultat dimanche malgré sa belle escapade sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, Laurence Pithie a été davantage récompensé sur Le Samyn ce mardi. Actif et vigilant dans la dernière heure de course, le jeune Néo-Zélandais, représentant pour l’occasion « La Conti », a finalement accroché la huitième place dans un sprint en peloton réduit. Prochain rendez-vous pour lui : Paris-Nice, à compter de dimanche.
Après l’ouverture en Flandre, l’ouverture en Wallonie ! Trois jours après le lancement de la saison des Classiques lors de l’Omloop Het Nieuwsblad, Le Samyn faisait comme de coutume office de première course de l’année en terres wallonnes ce mardi. Pour l’occasion, c’est « La Conti » Groupama-FDJ et non pas la formation WorldTour qui était alignée, malgré la présence de Laurence Pithie et Matt Walls aux côtés de leurs jeunes collègues. Les coureurs devaient alors se frotter à quelques secteurs pavés et une poignée de côtes entre Quaregnon et Dour sur le tracé désormais traditionnel de l’épreuve : une partie en ligne de 90 kilomètres puis un circuit de 26 bornes, incluant l’ensemble des difficultés, à effectuer quatre fois. La première moitié de course a permis à une échappée de cinq hommes, en l’occurrence Martijn Budding, Stijn Daemen, Enrico Dhaeye, Kévin Avoine et Miguel Ángel Fernández, de s’extirper et totaliser trois minutes d’avance au maximum. Mais dès l’arrivée sur le circuit, le peloton est devenu plus nerveux et les premières tentatives de contres ont été déclenchées. Au même moment, Laurence Pithie a connu quelques déboires. « J’ai eu un problème mécanique après le premier secteur, j’ai mis un peu de temps à revenir, et j’ai utilisé un peu de force à ce moment-là, confiait-il. En revenant, il a aussi fallu éviter les nombreuses chutes qui se sont produites, mais les gars ont fait du très bon boulot. Ils m’ont attendu et m’ont aidé à remonter. C’était une course assez folle ». « Le travail a commencé de bonne heure pour les petits jeunes, confirmait Frédéric Guesdon. Il y avait pas mal de cassures au premier tour, donc ils ont attendu Laurence et l’ont remis dans la course ».
« Je n’ai jamais pu remonter », Laurence Pithie
Une fois rentré au sein du peloton, le « Kiwi » s’est d’abord fait discret alors que la sélection s’opérait progressivement. À moins de soixante bornes du but, l’échappée matinale a été revue, et d’autres attaques ont émergé. « C’était un schéma classique de course belge, où il fallait se forcer à courir devant, ajoutait Frédéric. Il y a eu des accélérations, mais l’élimination s’est surtout faite par l’arrière. Il n’y avait pas trop de vent et la météo était assez bonne, ça a joué. Dans l’avant-dernier tour, j’en avais encore quatre dans le premier peloton, mais Jens [Verbrugghe] est tombé en premier, puis Titouan [Fontaine] à son tour à vingt bornes de l’arrivée. Dans le dernier tour, il n’y avait plus que Noah avec Laurence, mais il commençait à être juste. Laurence s’est donc débrouillé tout seul dans le final, mais il sait faire et on n’était pas trop inquiet ». Au sein d’un peloton réduit à une trentaine d’unités, le leader de « La Conti » a su manœuvrer dans le final, et a même brièvement accéléré à onze bornes du but, au sortir d’un secteur pavé. « J’ai souvent réussi à bien me placer mais il n’y a pas eu beaucoup de mouvements dans le final, confiait l’intéressé. C’était plutôt contrôlé en vue du sprint ». Encore parfaitement positionné dans les deux dernières portions épineuses du jour, puis à l’entame du faux-plat final vers la ligne, le Néo-Zélandais a seulement été pris au piège dans la préparation de l’emballage. « J’ai été enfermé à deux kilomètres, et je n’ai jamais pu remonter pour lancer mon sprint, soufflait-il. C’est la course ».
« Les jeunes n’ont pas déçu », Frédéric Guesdon
Trop loin de la tête du peloton à l’entame de la dernière ligne droite pour espérer la victoire, Laurence Pithie s’est malgré tout battu jusqu’au bout pour arracher la huitième place du jour. « Ce n’est pas trop mal, mais ça pourrait être mieux », disait-il. « C’est dommage car quand on regarde son sprint, il est loin mais ne recule pas, complétait Frédéric. Au contraire, il remontait. Mieux placé, il y avait possibilité de faire un peu mieux. Physiquement, il en était capable. C’est quoi qu’il en soit encourageant pour la suite. C’était seulement sa deuxième course en Europe. Il était devant dimanche, il est huitième aujourd’hui, et n’avait peut-être pas totalement récupéré de ses efforts fournis sur Kuurne. C’est de bon augure en vue de Paris-Nice ». Ce mardi, le vainqueur de la Cadel Evans Great Ocean Road Race s’est par ailleurs octroyé son dixième top-10 de la saison. Quant à ses jeunes acolytes, ils ont souffert mais aussi appris en Wallonie. « C’était très intéressant car on avait un fil rouge avec Laurence, concluait Frédéric. C’est une course où ils ont appris à courir pour un leader, surtout ici où il est important de rester placé. Quand on s’est quittés, ils étaient contents, et ils voulaient revenir. Ils n’étaient absolument pas découragés par le scénario de la course, les chutes, la vitesse et la tension. Ils n’ont pas déçu. J’ai même été surpris par certains, dont Titouan qui n’avait jamais couru sur une distance aussi longue. C’est encourageant pour la suite ».