Il y a déjà quelques semaines, Rudy Molard avait coché cette étape de Paris-Nice s’achevant à Vence. Le puncheur de l’Équipe Groupama-FDJ, auteur d’une fin de course parfaite, s’est offert en solitaire une victoire de prestige et parachève une semaine qui valorise un groupe sachant saisir sa chance.
Dans la voiture suivant les quinze coureurs formant le groupe de tête, Thierry Bricaud a vécu la victoire de son poulain avec beaucoup d’enthousiasme. « Vous voyez Marc Madiot quand il vit la victoire d’un de ses coureurs, et bien j’ai fait pareil ! Dans la voiture, avec Christophe le mécanicien, c’était un super moment. Cette victoire fait vraiment du bien. Elle signifie plein de choses, c’est la deuxième dans Paris-Nice, la deuxième avec Groupama-FDJ, la deuxième pour Rudy Molard après celle qu’il avait gagné dans le Tour du Limousin en 2015. Il y a trois jours, quand Hivert (Direct Energie) a gagné, il s’en est voulu toute la soirée. Là, il a vraiment bien joué le coup ! »
Avant ce très bel épilogue, il y a eu l’échappée d’Arnaud Démare au sein d’un groupe de treize coureurs mais rien n’était prévu. Cela relève même du gag.
« Arnaud ne l’a pas fait exprès ! »
« Il ne l’a vraiment pas fait exprès, explique Thierry. Il y avait déjà six coureurs à l’avant avec 20 secondes d’avance. Sur la route est survenue une patte d’oie, la tête du peloton est partie à droite, ce n’était pas la bonne option. Seuls les derniers coureurs du peloton ont pris à gauche et Arnaud, qui était dans les dernières places, s’est donc retrouvé devant en suivant De Gendt (Lotto-Soudal) ou Kristoff (Katusha-Alpecin). Il s’est retrouvé échappé contre sa volonté, ce n’était pas son plan. Il a été repris à 40 kilomètres de l’arrivée. »
Dans le final, ça s’est joué en costaud et la sélection a été irrémédiable dans la côte de la Colle sur Loup. Rudy Molard savait exactement ce qu’il devait faire.
Thierry Bricaud sur le numéro de Rudy : « Il l’a fait tout seul ! »
« Dans cette côte, explique le vainqueur du jour, il fallait suivre et ne pas tout donner. Essayer d’accompagner les meilleurs sans à-coup. Je me sentais bien, je savais aussi qu’au sprint j’avais de toute façon perdu. J’ai porté deux attaques, la dernière a été la bonne. C’est un super Paris-Nice pour l’Équipe Groupama-FDJ. Cette victoire récompense beaucoup d’entrainements, de sacrifices, cet hiver dans la neige et le froid. Je me suis entrainé tous les jours pour vivre des moments magiques comme ceux-là ! »
« Il l’a tout fait tout seul, dit encore son directeur sportif. Comme un grand et face à des pointures telles que Henao (Team Sky), le dernier vainqueur de Paris-Nice, Alaphilippe (Quick Step Floors), Sanchez (Astana), le maillot jaune, Tim Wellens (Lotto-Soudal), les frères Izagirre (Bahrain-Merida) ou Dylan Teuns (BMC). Il le mérite tellement, c’est vraiment bien. Rudy donne beaucoup, il ne dit jamais rien. Cette victoire, c’est beaucoup de plaisir dans l’équipe, c’est un bon gamin. En 2017, il avait donné tous les jours pour Arnaud et avait fini émoussé. Là, il a sa chance et c’est génial qu’il ait su en profiter. »
Par Gilles Le Roc’h.
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