Après Benoît Vaugrenard en 2007 à Aurillac et Thibaut Pinot en 2016 à Vesoul, Benjamin Thomas est le troisième coureur de l’histoire de l’équipe à décrocher le titre de champion de France du contre la montre. Dans une chaleur étouffante et malgré quelques petits soucis en cours de route, le rouleur de l’équipe Groupama-FDJ a devancé Rossetto (Cofidis) de 1’09’’ et Antomarchi (Natura4ever-Roubaix-Lille Métropole) de 1’47’’.eau
Avant de détailler la performance de Benjamin, il est utile de se souvenir de ce qu’il nous avait déclaré le 6 mars dernier tandis qu’il venait de disputer le championnat du monde sur piste : « J’ai en tête le Championnat de France du contre la montre. L’an dernier j’avais fini sur le podium, et ç’avait été une surprise dans l’équipe mais c’est une discipline que j’affectionne. En terme de résultat c’est mon objectif ! »
Pour gagner aujourd’hui il fallait être en grande condition, savoir supporter la chaleur et ne pas se poser de questions. Au cours de la matinée, Benjamin avait retenu la prédiction de Benoît Vaugrenard, qui, pour sa part, disputait son dernier championnat de France de la spécialité. « Celui qui sera champion de France ce soir sera celui qui n’aura pas explosé à cause de la chaleur. Ou le moins. »
« J’ai perdu 70 watts d’un coup et je me suis dit que c’était fini » B. Thomas
Au premier pointage intermédiaire, ce championnat a pris des allures de duel entre Benjamin et Cavagna (Deceuninck-Quick Step). Après neuf kilomètres, le rouleur de Groupama-FDJ avait quatre secondes de retard sur son adversaire qui faisait alors une très grosse impression. Dans le final, Benoît Vaugrenard avait raison, Cavagna a été de ceux qui ont explosé. Benjamin a eu le grand mérite de bien gérer quelques contrariétés.
« A 20 kilomètres de l’arrivée, dit-il, j’ai eu l’impression d’être vidé. J’ai perdu 70 watts d’un coup et je me suis dit que c’était fini. Au deuxième ravitaillement, j’ai manqué un bidon pour m’arroser, ça m’a mis un petit coup au moral, je me suis dit que ça pouvait être le détail qui allait me faire perdre… Dans les derniers kilomètres, mon entraîneur me poussait et continuait de me dire qu’il fallait encore donner. Ça s’est joué dans la tête ! »
En un peu moins d’une heure d’un effort intense, Benjamin a simplement confirmé son très grand talent, sa faculté à pouvoir négocier piste et route dans une même saison au plus haut niveau.
« Nous allons faire une course collective comme la Groupama-FDJ le fait ces dernières années. «
« Ce titre représente une progression, dit-il. J’ai eu des titres sur la piste en Elite, c’est le premier sur la route et dans la discipline que j’affectionne. Sur la piste, en sortant des juniors, ça a été facile de m’intégrer aux Elite, sur la route j’ai un peu plus galéré. J’avais été recruté par l’équipe de l’Armée de Terre qui m’a fait bien progresser puis par Groupama-FDJ qui m’a permis de passer un nouvel échelon. Je n’avais peut-être pas le niveau des vrais pros… J’y arrive par le travail. La course d’aujourd’hui représente tout le début de ma carrière, je vais chercher les résultats par le travail et c’est vraiment une grosse satisfaction. J’ai fait une bonne préparation avant de disputer le Tour de Suisse. J’ai pris samedi la huitième place du contre la montre long de 20 kilomètres et j’ai ensuite bien récupéré. Aujourd’hui j’ai donné le meilleur de moi même en ayant peur de manquer de fraîcheur sur la fin du parcours. J’espère continuer à progresser. La clé du chrono c’est allé chercher les détails, c’est un travail de tous les jours. »
Dimanche, compte tenu de sa condition physique, Benjamin sera un élément essentiel de son équipe pendant la course sur route. Il en connaît les clés.
« Je ne vais pas dévoiler la grande messe de Martial Gayant et Marc Madiot, dit-il. Nous allons faire une course collective comme la Groupama-FDJ le fait ces dernières années. De nouveau, ce sera notre force. »
Puis Benjamin va s‘octroyer une coupure avant de partir en stage en altitude et de disputer le Tour de Pologne et, il l’espère, le Tour d’Espagne qui serait son deuxième Grand Tour. S’il en sort bien, il a très envie de participer au championnat du monde du contre la montre. Avant de reprendre son vélo de piste, de disputer en fin d’année des épreuves de Coupe du Monde et le championnat d’Europe afin de décrocher son billet pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Telle est la vie du nouveau champion de France… Rien ne l’arrête jamais.