Pour la troisième fois en quatre jours sur le Tour de Catalogne, Bruno Armirail s’est crédité d’une offensive. Seulement, elle a ce jeudi duré bien plus longtemps que les précédentes. Après une rude bataille au départ du quatrième acte, le natif de Bagnères-de-Bigorre a réussi à prendre place dans l’échappée du jour, dont il a même été le tout dernier rescapé. Au terme de 130 kilomètres de fuite, le coureur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a dû rendre les armes à quatre kilomètres du sommet de Boí Taüll. Ses compères suisses Sébastien Reichenbach et Matteo Badilatti ont alors pris les relais et terminé aux portes du top-20.
La haute-montagne se poursuivait et se concluait ce jeudi sur le Tour de Catalogne. Au lendemain de l’arrivée au sommet de La Molina, les coureurs s’en allaient affronter le Boí Taüll à plus de 2000 mètres d’altitude lors de la quatrième étape. Deux autres cols précédaient cette ascension finale pour un dénivelé positif de plus de 3500 mètres sur à peine 166 kilomètres de course. Ce joli morceau, l’Équipe cycliste Groupama-FDJ souhaitait l’appréhender avec un temps d’avance en plaçant au moins un élément à l’avant. Après une quarantaine de kilomètres et environ une heure de course, c’est Bruno Armirail qui est parvenu à faire la différence pour accrocher le bon wagon. « On voulait être présent dans l’échappée, certifiait le rouleur tricolore. J’ai essayé dans le premier col, et on se doutait que ça allait partir à ce moment-là car les trente premiers kilomètres dans la vallée étaient vent de face. J’ai essayé plusieurs fois et je me suis retrouvé devant. Malheureusement, on n’était pas nombreux. Il aurait été préférable qu’on soit 3-4 de plus, voire dix (sourires) ! ». En tête, il a ainsi retrouvé quelques clients avec Marc Soler (UAE Team Emirates), Jesus Herrada (Cofidis), Hugh Carthy (EF Education-Easy Post), Juan Pedro Lopez (Trek-Segafredo), Mark Donovan (DSM) ainsi que Mikel Bizkarra (Euskaltel-Euskadi). « Non seulement ils n’étaient pas nombreux, mais il y avait en plus des coureurs pointés à cinquante secondes au général, regrettait Philippe Mauduit. On se doutait donc bien que ça aurait eu du mal à aller au bout et que le peloton allait maintenir un écart réduit toute la journée. Cependant, on ne peut pas le savoir avant de se lancer dans l’échappée. Il faut tenter ce genre de coups, Bruno marchait bien, et c’était donc une bonne chose pour lui et pour l’équipe d’être devant ».
« J’ai tenté, et je renterai, pour enfin réussir », Bruno Armirail
Tout au long de l’étape, l’écart n’a jamais franchi la barre des trois minutes, ce qui a encore un peu plus plombé l’entreprise des sept fuyards. « Ça ne collaborait pas très bien car les mecs placés au général se regardaient », complétait Bruno. Au sommet du deuxième col de la journée, l’écart n’était plus que de deux minutes, et il se réduisait encore de moitié à l’entrée dans les trente derniers kilomètres. Le représentant de la Groupama-FDJ a donc joué son va-tout à l’approche de la montée finale. « J’ai voulu attaquer pour aller le plus loin possible, je me sentais assez bien, relatait-il. Je suis parti avec Mark Donovan, on a roulé un peu ensemble puis j’ai voulu monter à mon rythme dans le dernier col. Ce sont des ascensions que j’aime beaucoup, car elles sont assez roulantes et ne présentent pas trop de pourcentages ». Au pied de Boí Taüll (13 km à 6%), Bruno Armirail s’est immédiatement isolé mais le peloton a déboulé à peine quarante-cinq secondes plus tard. « Je n’avais pas assez d’avance, disait-il. Je savais que ça allait être compliqué lorsque les favoris allaient attaquer. Avec deux bonnes minutes au pied, ça aurait pu être jouable, mais avec à peine une minute, c’était trop juste ». Pour autant, le coureur de 27 ans a fait perdurer l’aventure pendant un petit moment. Repris dans un premier temps par George Bennett à neuf kilomètres du terme, Bruno a seulement été revu par le peloton à quatre bornes du sommet. « J’ai tenté, et je retenterai, pour enfin réussir, clamait-il plus tard. Ma forme est bonne à la suite de mon stage au Pic du Midi. J’espère qu’elle ira encore crescendo, mais je ne vais pas me plaindre. J’ai tout de même de bonnes sensations, il faut en profiter et continuer à attaquer, à y croire, pour essayer d’aller chercher une victoire d’étape ». « Il a montré qu’il était en bonne forme, saluait Philippe. On est des compétiteurs avant tout, et on est là pour gagner. Cela étant, c’est rassurant de le voir dans ces dispositions, et c’est en tentant des choses comme ça qu’il réussira à concrétiser ».
Une fois l’Occitan revu, Sébastien Reichenbach et Matteo Badilatti ont tenté de s’accrocher au maximum dans la roue des favoris et ont finalement coupé la ligne en 21e et 22e positions. Le premier cité se retrouve désormais 22ème du classement général avant trois étapes qui s’annoncent ouvertes. « Il y aura peut-être de la place pour des échappées, mais tout dépendra de la guerre que se feront Arkéa-Samsic et UAE Team Emirates pour les bonifications, concluait Philippe. Nous concernant, nous n’avons pas pléiade d’options. Si on attend le final, on sera probablement battu par des coureurs plus rapides que nous. Si on veut aller chercher un résultat, cela passera nécessairement par une échappée ».
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