Romain Grégoire est sur tous les fronts. Après s’être mêlé aux finals d’étapes en début de semaine, le jeune homme de 21 ans a tenté sa chance via l’échappée ce vendredi, à l’occasion de la première journée en montagne du Critérium du Dauphiné en direction du Collet d’Allevard. Auteur d’une belle résistance, il a été le dernier fuyard à observer le retour des favoris, à quatre kilomètres du sommet, et a été désigné combatif du jour. David Gaudu a lui tenté de limiter les dégâts et a pris la dix-neuvième place sur la ligne. Le Breton est désormais 23e du classement général.
Avant deux étapes extrêmement coriaces ce week-end, le peloton du Critérium du Dauphiné s’engageait dans un premier acte montagneux dès ce vendredi, à travers un profil recensant pas moins de 3500 mètres de dénivelé. Mais c’est surtout l’ascension finale du Collet d’Allevard (11,2 km à 8,5%), au bout des 174 kilomètres de course, qui devait faire la décision. Romain Grégoire avait pour sa part décidé d’anticiper les débats. « L’objectif est d’être acteur et opportuniste pour aller chercher une victoire d’étape, confiait-il. Lundi et mardi, je pouvais aller la chercher à la pédale avec les meilleurs. En revanche, je sais que ça passe par une échappée si je veux un gros résultat ce week-end. C’est pour ça que je me suis lancé dans la bagarre et dans l’échappée ». Le Bisontin n’a d’ailleurs pas perdu son temps et a attaqué d’entrée de jeu, en compagnie de Magnus Cort, Thibault Guernalec, Alessandro Fancellu, Mason Hollyman et Arjen Livyns, et le trou s’est fait quasi-instantanément. « Avec six coureurs, ça tournait bien, et il y avait de belles bêtes à rouler avec Magnus Cort et Thibault Guernalec notamment, indiquait l’intéressé. Pour la plaine c’était très bien ». Dans la première partie de course, l’échappée a même pu se construire un avantage d’environ cinq minutes sur le peloton.
« Pas vraiment de regrets », Romain Grégoire
C’est dans cette situation que les fuyards ont entamé le Col du Granier, à près de cinquante bornes de la ligne. « J’y ai presque cru quand l’écart est monté à 5’30, ajoutait Romain. Je me suis dit : ‘’pourquoi pas ? Si je suis dans une grande journée, ça peut le faire’’. Je me suis dit qu’il me fallait au moins trois minutes au pied de l’ascension finale pour ne serait-ce qu’espérer. Le peloton en a décidé autrement ». « Moi aussi j’y ai un peu cru, confiait Benoît Vaugrenard. Soudal-Quick Step n’avait pas pour objectif de gagner l’étape, on se doutait qu’ils laisseraient faire et qu’on pouvait avoir une perspective de victoire. Malgré tout, ça ne dépendait pas uniquement de nous, mais des autres équipes, et c’est ce qu’on a vu ». En raison d’un tempo plus soutenu dans le paquet, l’écart s’est d’abord réduit à 3’30. Puis une erreur de parcours a également pénalisé les échappés. « Je voyais bien que ça tournait à gauche sur le GPS, mais on a suivi la voiture rouge devant nous et c’est ce qui nous a trompé, confiait Romain. On a sans doute perdu près d’une minute dans l’affaire. Ce sont les aléas de la course ». Du fait d’une chasse rondement menée au sein du paquet, c’est avec tout juste deux minutes d’avance que l’échappée, alors réduite à cinq, s’est finalement présentée au pied du Collet d’Allevard.
Les secondes ont continué de s’égrainer à la défaveur des hommes de tête, et Romain Grégoire est donc passé à l’action à dix bornes du but. « Il était important de rester groupé pour bien s’entendre sur le plat et économiser un maximum de forces, disait-il. Puis dès le pied, j’ai essayé de m’isoler pour pouvoir faire mon effort tout seul et ne pas être perturbé par les tactiques de course ». Le Français n’a embarqué que Magnus Cort avec lui, et après deux nouveaux coups de butoir, est parvenu à s’en défaire à neuf bornes du sommet. Le peloton s’est toutefois dangereusement rapproché, et les premiers éclaireurs, Laurens de Plus et Aleksandr Vlasov, l’ont repris à quatre bornes du sommet. « J’ai fait la montée que je pouvais et j’ai tout donné, ajoutait Romain. Ça aurait très bien pu sourire, c’est une bonne journée. Je pense honnêtement que l’erreur de parcours n’a rien changé. Je serais peut-être allé un ou deux kilomètres plus loin, mais quand les champions veulent s’expliquer, c’est eux qui gagnent. Il n’y a pas vraiment de regrets aujourd’hui ». « Il a quand même réalisé un beau petit numéro, saluait Benoît. Il avait déjà montré de belles choses, et de nouveau aujourd’hui. C’est de bon augure pour la suite ».
« On est quand même là », David Gaudu
À peine repris, Romain Grégoire a tenté de pousser son leader David Gaudu, alors légèrement distancé d’un groupe de favoris réduit à une vingtaine d’unités. S’il n’a pu participer à la bagarre des cadors, réglée par Primoz Roglic au sommet, le grimpeur breton s’est arraché et a obtenu la dix-neuvième place du jour, à 1’31 du Slovène. « C’était une dure journée, disait-il. Les gars ont fait un super boulot. Je ne suis pas à 100%, mais j’ai tout donné et je n’ai rien lâché jusqu’à l’arrivée. Quand je me souviens du niveau que j’avais sur le Dauphiné l’an passé, puis de la progression que j’ai eue sur le Tour, alors je pense que c’est plutôt positif. Je suis en préparation, mais on fait malgré tout une belle montée et on est quand même là. Il reste encore deux jours pour faire de belles choses ». « Il a un peu cédé dans le final, il y a encore du travail mais on va tâcher de bien finir et l’important est qu’il progresse chaque jour », ajoutait Benoît. Vingt-troisième du général, le coureur de la Groupama-FDJ visera donc plus haut ce week-end, alors que Romain Grégoire, désigné plus combatif, ne s’interdit pas une nouvelle escapade. « Je pense que je me suis mis une belle épine dans le pied pour tout le week-end, mais on va essayer de retourner au charbon », souriait-il. « Demain, c’est une étape très très dure, une vraie étape de montagne, soulignait Benoît. Peut-être qu’il y aura plus de possibilités pour une échappée dimanche ».
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