Une semaine après s’être démarqué sur les pavés des Flandres (9e de l’Omloop Het Nieuwsblad), Kevin Geniets s’est ce samedi fait remarquer sur les chemins blancs de Toscane. À l’occasion de la Classique des Strade Bianche, le champion du Luxembourg a de nouveau épaté en accrochant la roue des cadors lorsque la course s’est décantée. Le jeune homme de 24 ans a légèrement rétrogradé par la suite mais s’est tout de même doté d’un solide top-20 sur la Piazza del Campo, à Sienne.
« Je ne voulais pas avoir de regrets », Kevin Geniets
Si l’épreuve des Strade Bianche s’est imposée depuis quelques années comme l’une des courses les plus populaires de la saison, c’est pourtant dans un cadre démuni de spectateurs que l’édition 2021 devait se tenir ce samedi, pour des motifs évidemment sanitaires. « Ça faisait un peu vide, particulièrement sur l’arrivée, mais une fois de plus, entre ne pas courir ou courir sans public, le choix est vite fait, confiait Sébastien Joly. Nous avons quand même la chance d’exercer notre métier dans des conditions assez bonnes alors que la situation n’est pas simple dans beaucoup de pays, y compris ici. Il faut savoir l’apprécier ». Il n’y avait donc pas foule lorsque les coureurs ont pris le départ peu avant midi pour 184 kilomètres vallonnés, dont soixante-trois sur des chemins de graviers. De nombreuses équipes souhaitant anticiper, l’échappée du jour a mis plus d’une heure pour se constituer. Huit coureurs ont pris les devants, mais à peine leur avance maximale de quatre minutes atteinte que le peloton mettait en route derrière. Dans l’enchaînement des cinquième et sixième secteurs, l’écart est ainsi tombé à une minute et Rudy Molard profitait alors de la proximité du groupe de tête pour faire le saut en compagnie de Loïc Vliegen. « Rudy a le gabarit idéal pour ce genre de course, mais comme il découvrait cette course, le but pour lui était plutôt de partir en échappée, expliquait Sébastien. Il est finalement sorti juste avant le ravito, ce qui aurait pu être un bon coup car c’est généralement là que ça se pose, mais la Jumbo-Visma a fait rouleau compresseur et n’a laissé personne prendre du champ. Il était un peu déçu, mais c’était une bonne expérience pour lui dans le but de performer à l’avenir sur cette course ».
Rudy Molard a finalement vu le retour du peloton dans le chemin blanc n°7 de San Martino di Grania, lors duquel il reprenait place aux côtés de Stefan Küng, Kevin Geniets ou encore Romain Seigle. Ce dernier a d’ailleurs tenté d’anticiper à la sortie du secteur, comme le champion de Suisse peu après, mais ce sont finalement une dizaine d’hommes qui ont pris quelques longueurs d’avance à l’approche du déterminant et long (11,5 km) chemin de Monte Sante Marie. « Au départ, on voulait protéger Stefan et Valentin mais on avait aussi la carte Kevin juste derrière, exposait Sébastien Joly. On s’était dit que ça pouvait être bien d’anticiper la course des leaders, ce que Kevin a fait à la perfection. Il a bien senti le coup partir et il est même sorti avec Romain ». « C’était une course vraiment dure dès le début et ça s’est décanté assez vite, racontait le champion du Luxembourg. J’avais la chance d’être dans ce groupe sorti juste avant le secteur et j’avais donc un petit coup d’avance. On a vite été rejoints par les gros et j’ai essayé de suivre. Je me suis dit « au pire j’explose, tant pis ». Je ne voulais pas avoir de regrets, je ne voulais rien m’interdire. Je me suis accroché mais ça roulait un cran trop vite pour moi et j’ai senti que ça n’allait pas le faire ». Au sein d’un groupe d’à peine dix coureurs, comprenant des champions du monde, des vainqueurs de Monuments ou du Tour de France, le jeune homme de 24 ans s’est admirablement battu avant de céder sur la partie finale du secteur. « Il est l’un des derniers à craquer du groupe des champions », résumait Sébastien Joly.
« Kevin confirme sa progression », Sébastien Joly
Sept hommes se sont ainsi détachés alors que Kevin Geniets prenait place dans un groupe de contre : « On a fait un bon de chemin ensemble, et on est même revenus à dix secondes de la tête, mais on n’a pas réussi à boucher le trou. On n’a vraiment eu aucun moment pour récupérer, c’était plein gaz quasiment jusqu’à l’arrivée ». En tête de course, le trio Alaphilippe-Bernal-Van der Poel s’est isolé à l’occasion du dernier « sterrato » et c’est finalement le Néerlandais qui a eu raison de ses rivaux dans l’ultime rampe du centre-ville de Sienne. Un peu plus tard, Kevin Geniets a lui franchi la ligne sur la Piazza del Campo en 16ème position. « C’est une belle course de sa part, appuyait Sébastien. On sentait à l’arrivée qu’il était allé au bout de lui-même et ça vient confirmer sa progression ». « Je suis vraiment très content, disait le coureur du Grand-Duché. Il y a quelques semaines, je disais que j’avais bien bossé cet hiver et que je voulais vraiment passer au niveau supérieur. Je pense que l’Omloop Het Nieuwsblad et cette course m’apportent des réponses encourageantes. Le travail paie, il faut que ça continue comme ça et surtout rester concentré pour les Classiques qui se profilent ». En guise de conclusion, Sébastien Joly mettait en lumière un point matériel. « Encore une fois, ponctuait-il, le gros plus est que nous n’avons eu aucune crevaison. Kevin a simplement eu une petite crevaison lente, mais on n’est même pas sûr qu’elle soit due à un problème de pincement. On est vraiment au top de ce point de vue depuis deux ans. C’est un gros avantage ».
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