La collaboration vient tout juste de débuter, et elle n’est pas prête de s’arrêter. Membre du programme juniors de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ depuis cette saison 2024, le jeune Karl Sagnier, 16 ans, poursuivra son cursus au sein de la structure hexagonale pendant les quatre prochaines années. Avec comme naturel objectif, l’accession au niveau WorldTour.
C’est comme une évidence sur le Trophée Madiot que les chemins de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ et de Karl Sagnier se sont pour la première fois croisés l’an passé. Sous les couleurs du Vélo Club Controis, le jeune homme s’est imposé à Saumur, emparé d’un podium à Lannilis et classé quatrième du classement général. « On l’a effectivement repéré sur le Trophée Madiot, mais aussi sur la piste, préface Joseph Berlin-Sémon, entraîneur au sein de « La Conti » et en charge du scouting. Il a un profil de pur sprinteur et a déjà des qualités bien développées sur la route. C’est un profil qui nous a vraiment tapé dans l’œil. Il a déjà son caractère de sprinteur, mais c’est aussi un coureur posé et avec qui tout se passe très bien dans l’équipe ». Car depuis cet hiver, le jeune homme, qui a débuté le cyclisme il y a cinq ans, bénéficie du programme juniors mis en place depuis plusieurs saisons par la structure Groupama-FDJ. Il mène donc de pair son calendrier avec l’U19 Fenioux Indre et quelques rendez-vous avec l’équipe. Il a ainsi pris la cinquième place de la Nokere Koerse Juniors mais également participé à la Gipuzkoa Klasika auprès de Baptiste Grégoire, vainqueur final. « Sur un profil de course qui ne lui convenait pas forcément, il a su se donner à 100% et aider ses collègues », ajoute Joseph.
« Le calendrier est très ouvert, pour lui permettre d’évoluer en sécurité et en sérénité », Marc Madiot
Avec son club, il s’est aussi imposé sur le Trophée de la Ville de Châtellerault et dans une étape du Tour du Bocage et de l’Ernée 53. À l’issue de ces premiers mois convaincants, un accord a donc été trouvé entre Karl Sagnier et la Groupama-FDJ pour poursuivre cette collaboration jusqu’en 2028. « Cela s’est fait assez vite après ses très bons résultats mais aussi au regard de son état d’esprit et de sa façon de courir, explique Joseph. On s’est d’abord mis d’accord au sein de l’équipe sur un potentiel projet qu’on pouvait écrire avec lui sur le moyen terme. L’idée est vraiment de s’inscrire dans un accompagnement sur la durée avec un projet de formation cohérent et bien établi avec lui ». « Il s’inscrit dans La Conti et la WorldTour à moyen terme, précise Marc Madiot. On s’est accordés sur une collaboration sur quatre ans, mais sans échéance ou deadline pour chacun des paliers. On est davantage dans une relation de confiance, tournée vers un objectif qui est naturellement le WorldTour à terme. Si ça doit prendre un an de plus, ça prendra un an de plus, si ça prend un an de moins, tant mieux. On n’a pas d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Le calendrier est très ouvert, justement pour lui permettre d’évoluer en sécurité, en sérénité, pour se développer et arriver le plus vite mais surtout le mieux possible dans le monde professionnel ».
À peine sorti des rangs cadets, Karl Sagnier peut donc déjà envisager l’avenir avec une certaine tranquillité d’esprit. « Je suis super content, car je travaille dur sur et en dehors du vélo, et je fais tout sérieusement pour faire en sorte que ça marche, confie le Loir-et-Chérien. Alors, quand on te propose de signer quatre ans avec la Groupama-FDJ, ça rend fier, et ça rend fier les parents. On se dit qu’on ne fait pas tout ça pour rien. Ce n’est pas vraiment une pression, au contraire, ça libère. Je me dis que je peux tenter plus de choses en course, risquer gros pour gagner plus, quitte à perdre de temps en temps ». « C’est la première fois que la double passerelle est entérinée, reprend Marc Madiot. Avant, ce n’était pas forcément écrit, mais c’était plus ou moins le cas dans les faits. C’est seulement un peu plus institutionnalisé, notamment avec la mise en place du programme juniors. On n’investit pas dans le one-shot et dans le court terme. Pour nous, c’est simplement l’établissement factuel d’une relation de confiance entre le coureur, les parents et l’équipe, tout en prenant soin de conserver la relation avec le club. Cela doit permettre de trouver un équilibre qui convienne à tout le monde, et de la tranquillité là où c’est parfois un peu agité ». « C’est une étape supplémentaire de franchie, abonde Joseph. Cela démontre qu’on n’a pas peur de s’engager et cela permet de formaliser les choses, pour faire en sorte que l’athlète ait confiance dans le projet et puisse se projeter sur le moyen/long terme. Avec la concurrence de plus en plus importante, cela nous permet aussi de sécuriser les athlètes sur une certaine durée afin de travailler sereinement avec eux, sans se soucier des éventuelles sollicitations dont ils feront l’objet ».
« Cela permet de former et de fidéliser les coureurs sur du plus long terme », Joseph Berlin-Sémon
Si, par le passé, Eddy Le Huitouze et Lenny Martinez ont tous deux connu les trois échelons de l’équipe, la montée en grade planifiée de Karl Sagnier dénote d’une attention et d’un soutien toujours plus accrus auprès des plus jeunes. « On a un nouveau modèle, et on l’étrenne avec lui, explique Marc. On a renforcé tout le processus cette année, et on va encore intensifier tout ça dans un futur proche. L’esprit de formation est toujours au centre de projet, mais il a commencé il y a bien longtemps avec la Fondation de la Française des Jeux, à une époque où personne ne s’intéressait aux jeunes. On veut leur montrer qu’on leur fait de la place. On ne prend pas des jeunes pour prendre des jeunes, on les prend pour les mettre en situation d’être leaders, et on a pu le démontrer depuis un certain nombre d’années. Quasiment tous nos leaders sont issus de filières qu’on a suivies d’une manière ou d’une autre. C’est dans notre ADN, c’est une tradition de l’équipe ». « On montre ainsi aux jeunes qu’on croit en leur projet dès les années juniors, certifie Joseph. On suit toujours les coureurs espoirs, mais il y a un fort niveau et une grosse densité au niveau des juniors, et il faut montrer qu’on est en capacité de leur proposer des projets très intéressants ». Karl Sagnier, qui rêve du maillot vert, a lui été très rapidement convaincu : « J’aime beaucoup comment ça marche depuis le début d’année, avec le staff et les coureurs, et je me suis dit : pourquoi ne pas se lancer dans le long terme et dans un projet sérieux ? »
S’il est encore rare d’entériner une collaboration à un âge aussi précoce, il s’agit pourtant d’une dynamique bien réelle. « Le sport évolue, le cyclisme aussi, tranche Marc. Ce qu’il faut, c’est ne pas se tromper et bien accompagner, mais je ne suis pas inquiet car on le fait depuis longtemps, donc on saura continuer à le faire. Si on regarde un peu dans les statistiques, le taux de réussite qu’on a avec les jeunes est, je n’ai pas peur de le dire, quasi-inégalable ». « Il y a toujours une part de risque quand on signe un contrat longue durée, mais dans ce cas-ci, il est quasiment nul, assure Joseph. On connaît les qualités de Karl, on sait où on veut l’amener et comment travailler avec lui. Il y a 5-6 ans, on allait plutôt recruter chez les premières années Espoirs. On se dirige maintenant vers les plus jeunes. Ça fait parler, mais il faut vivre avec son temps. On se rapproche aussi de certains autres sports, mais il faut savoir que dans une structure comme la nôtre, les coureurs sont aussi bien accompagnés que dans d’autres disciplines. Personnellement, ça ne me fait pas peur, mais c’est certainement un changement et il faut adapter la formation aux jeunes. On pourrait croire qu’on leur met des étoiles dans les yeux, mais pour nous, tout est bien défini, écrit, et le projet est clair. On élargit simplement notre panel de détection et de recrutement. Cela permet de former sur du plus long terme, mais aussi d’engager et de fidéliser les coureurs sur du plus long terme avec l’équipe ».