L’ultime montée de la quatrième étape du Tour du Pays Basque, à Erlaitz, avait ce jeudi le potentiel de provoquer quelques dégâts. Pourtant, c’est dans la descente que tout s’est joué. Un groupe de six hommes s’est ainsi extirpé et s’est joué la victoire, ravie par Ion Izagirre. David Gaudu a lui terminé cinquante secondes plus tard au sein d’un petit peloton. Avant les deux dernières étapes de l’épreuve, le Breton figure au 16e rang du général désormais dominé par Brandon McNulty.
« Romain nous a sauvé la mise », Franck Pineau
Le peloton avait manifestement envie de bagarrer en ce jeudi après-midi, au départ de Vitoria-Gasteiz. De par la topographie du terrain proposé sur cette quatrième étape, l’échappée du jour était très convoitée, et cela a donc donné lieu à une course sans temps mort pendant plus de deux heures. « Ça relançait systématiquement, tout le monde voulait prendre un coup d’avance, et ça a donc roulé plein pot, résumait Franck Pineau. Pour nous, ça n’a pas été le meilleur scénario car on a perdu Clément [Davy]. Il a été décroché dans la première montée répertoriée, et puisque ça ne s’est jamais relevé, il n’a pu rentrer et a donc abandonné. C’est la mauvaise nouvelle du jour, mais Clément est encore jeune et il arrivait surtout en fin de cycle. Il va maintenant lever le pied pour retrouver un peu de fraîcheur ». Il aura finalement fallu attendre près de cent kilomètres ce jeudi pour qu’un coup se détache. Quatre hommes ont profité de la deuxième ascension du jour pour s’enfuir, mais n’ont jamais obtenu plus de trois minutes d’avance alors que la montée du Jaizkibel, d’habitude empruntée sur la Clasica San Sebastian, se profilait déjà. « C’était une course d’usure, tout s’est fait par l’arrière, attestait Franck. Au pied du Jaizkibel, il y en avait déjà de partout ».
Bien remonté par ses équipiers rouleurs à l’approche de l’avant-dernière bosse du jour, David Gaudu a ensuite pu compter sur le soutien de Romain Seigle dans l’ascension. « Ça fait plaisir de voir que les jambes reviennent, disait ce dernier. Pouvoir basculer en haut des cols avec David, c’est bien et encourageant pour la suite ». « Romain marchait du feu de dieu aujourd’hui et il nous a même sauvé la mise, soulignait Franck. David a crevé dans la descente du Jaizkibel. Si Romain n’est pas là, c’est un peu le scénario catastrophe car on était assez loin dans les voitures ». L’ancien vététiste relatait l’épisode en détails : « Les consignes étaient de basculer dans les premiers, ce qui a été fait. David était dans ma roue, j’ai vu qu’il ralentissait à un moment puis il m’a dit à l’oreillette qu’il avait un problème. Tout s’est passé en quelques secondes. Je lui ai donné mon vélo, il est reparti, et moi j’ai attendu… longtemps (rires). Le point positif est que David avait quelqu’un auprès de lui, il a pu repartir direct. Vu qu’on était bien placés, il a même accroché la roue des derniers du groupe et n’a pas eu à effectuer une vraie poursuite ». Le Breton a néanmoins dû changer à nouveau de monture au bas de la descente pour retrouver un vélo à sa taille. « Ça me coûte un peu d’énergie, mais je suis encore bien là dans la dernière montée », confiait David.
« Compliqué de tirer son épingle du jeu », David Gaudu
Dans l’ascension d’Erlaitz (4km à 10%), justement quelques offensives ont bien eu lieu, mais l’essentiel de la sélection s’est effectuée par l’arrière. Au sommet, David Gaudu figurait bien parmi les tous meilleurs. Il restait toutefois encore plus de vingt bornes à couvrir. « Ce sont toujours des arrivées difficiles à gérer, disait Franck. Il y avait des équipes en surnombre et elles ont pu attaquer. Il faut un peu de réussite dans ce genre de final pour accompagner le bon coup. J’avais préconisé à David de suivre Valverde, qui se rate rarement, mais on ne peut pas surveiller et sauter sur tout le monde. On est un peu déçus car en haut du dernier col, ils n’étaient plus qu’une poignée, mais ça revient finalement de l’arrière car ça se regarde. C’est comme ça, mais du coup ils arrivent à une trentaine derrière le groupe qui se joue la victoire ». Sortis dans la dernière descente, six hommes ont ainsi réussi à piéger le reste des favoris, et Ion Izagirre s’est imposé, 49 secondes devant le groupe maillot jaune où figurait David Gaudu. « Je n’avais peut-être pas totalement récupéré d’hier. C’était un final très punchy, ça s’est un peu regardé entre favoris et c’était compliqué de tirer son épingle du jeu », résumait l’intéressé, à l’attaque mais en vain à dix kilomètres du but.
Ce jeudi soir, à deux étapes du terme, le grimpeur français pointe au 16e rang du général, à désormais 1’52 du nouveau leader Brandon McNulty. « Il ne faut pas s’arrêter là-dessus, concluait Franck. Faire un top 10 sur cette course, ce serait évidemment très bien, mais ça restera anecdotique dans deux mois. Je veux surtout qu’on se rappelle que David marche fort face à un très gros niveau. Sa place ne correspond pas à sa valeur actuelle. Demain, ça risque d’être un sprint, mais samedi, sur une étape très courte et accidentée, j’espère que David pourra enfoncer le clou ».
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