Le peloton du Giro a pris l’eau, ce jeudi, dans une étape « toboggans » autour de Cesenatico qui n’avait rien d’une partie de plaisir. Au terme de 200 kilomètres éreintants, Jhonatan Narvaez a tiré les marrons du feu au sein de l’échappée du jour. Dans le peloton, les choses sérieuses ont débuté de bonne heure et l’Équipe cycliste Groupama-FDJ s’est alors regroupée autour de son leader Arnaud Démare pour rejoindre sereinement l’arrivée.
« Il ne fallait pas relâcher la pression », Sébastien Joly
Mercredi soir, à l’hôtel, le champion de France, ses coéquipiers et tout le staff n’ont naturellement pas manqué de célébrer le quatrième succès, éclatant, de l’équipe sur le Tour d’Italie. Pour autant, il ne fallait pas perdre de vue qu’une étape exigeante se profilait dès le lendemain, avec un départ assez matinal sur les coups de 11 heures. « Dès hier soir, après avoir fêté la victoire, nous avons demandé à tout le monde de ne pas débrancher, relatait Sébastien Joly, l’un des directeurs sportifs du groupe. Après quatre victoires, cela aurait pu être un peu le piège aujourd’hui alors qu’il y avait au programme une étape assez difficile, en prise toute la journée, sur plus de 200 kilomètres et avec du dénivelé. Le plus important était de ne pas relâcher la pression, c’est ce qu’ils ont réussi à faire ». Les six coureurs de la Groupama-FDJ ne se sont pas mêlés à la lutte pour l’échappée, qui s’est dessinée après une vingtaine de kilomètres. Quatorze hommes ont alors pris une dizaine de minutes d’avance sur un peloton plutôt nonchalant dans un premier temps. Dans l’enchaînement des premières difficultés, néanmoins, le rythme s’est subitement accéléré.
« Dans ce genre d’étape, nous mettons toute l’équipe autour d’Arnaud, expliquait Sébastien. Dès que la NTT a commencé à faire le forcing, Arnaud et son groupe ont décroché, et nous avons demandé à Kilian de faire de même pour qu’ils se retrouvent tous ensemble. Dès lors, ça a été de la gestion, des pointages et du ravito. La vraie difficulté du jour, ça a finalement été les conditions météorologiques. La pluie et le froid ont rendu le tout encore plus compliqué. Une étape comme celle-ci avec une météo normale, ça peut relativement bien se passer. Avec la météo du jour, c’était juste une journée galère. Nous avions donc préparé du thé chaud, des barres, et tout ce qu’il faut de manière générale pour une journée galère classique ». Distancés à un peu plus de cent bornes de la ligne, le porteur du maillot cyclamen et ses compères ont également dû surveiller les délais. Une donnée néanmoins bien maitrisée par l’ensemble de l’équipe.
« Une grosse partie de la récupération se fera au moment du dîner », Sébastien Joly
« Nous les calculons virtuellement dès le matin en imaginant la vitesse moyenne du vainqueur, exposait Sébastien. Nous les mettons à jour ensuite avec les informations que nous recevons en course, et lorsque le vainqueur passe la ligne. Nous avions aussi des pointages avec les assistants qui étaient en poste fixe, et puis avec Anthony qui était devant, afin de pouvoir rassurer les gars. Nous essayons aussi de les informer sur les difficultés du parcours, mais il ne faut pas non plus trop les souler. Dans ces moments-là, le trop plein d’informations peut s’avérer nuisible. On essaie de leur partager le nécessaire et de leur donner de bons repères, comme leur indiquer que le groupe Sagan est quatre minutes devant eux. Ceci étant dit, il est compliqué d’agir sur le tempo, car les gars sont quasiment à leur maximum. On savait néanmoins que le profil du jour était plutôt favorable après la dernière montée. On leur avait dit de rester bien solidaires et de rouler à un bon tempo. C’est ce qu’ils ont fait, et nous les avons informés dans le final qu’à ce rythme, ça passait pour les délais. Cela a été le cas pour cinq minutes, mais c’était malgré tout une dure journée, où il n’a pas fallu trop se relâcher ».
C’est entouré par l’ensemble de ses collègues qu’Arnaud Démare a donc franchi la ligne, près de 35 minutes après le vainqueur du jour, l’Équatorien Jhonatan Narvaez. Demain, la treizième étape pourrait offrir une nouvelle opportunité au plus gros scoreur du peloton international, mais en attendant, « il va falloir bien récupérer », avançait encore Sébastien Joly. « Comme d’habitude, cela passera par les massages, les bottes de récupération, les étirements et tout ce qui est mis en place chaque soir dans cette optique, concluait-il. Mais l’une des choses les plus importantes pour la récupération, c’est aussi l’alimentation, et nous avons la chance d’avoir ici nos deux chef cuisiniers, Mickaël et Vanessa. Dans une journée comme aujourd’hui, les coureurs brûlent énormément de calories et une grosse partie de la récupération se fera ce soir au moment du dîner. D’abord pour le plaisir de bien manger, mais aussi pour refaire les stocks. Depuis quelques années, c’est un plus énorme que nous avons réussi à mettre en place, et si nous avons d’aussi bonnes performances aujourd’hui, c’est aussi en partie grâce à nos cuisiniers ».
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