Hors championnats nationaux, cela faisait plus d’un mois que « La Conti » n’était pas apparue sur une liste de départ. Mercredi, l’écurie bisontine a ainsi lancé sa deuxième partie de saison à l’occasion du Tour de la Vallée d’Aoste-Mont Blanc, une épreuve qui lui a souvent souri par le passé. Tout débutait par une première étape entre Saint Gervais Mont Blanc et Passy. « Le premier jour était un peu spécial, avec seulement quarante kilomètres de course et une montée sèche de 10 kilomètres à 6%, introduisait Jérôme Gannat. Colin Savioz a intégré un groupe d’échappés mais ils ont attaqué la montée finale avec seulement vingt secondes d’avance. Le peloton comptait encore une quarantaine d’unités à six kilomètres du sommet, et c’est là que le Kazakh Dostiyev a attaqué. Il a fini tout seul, et Max Bock a pris une belle douzième place. C’est très bien pour lui. Après un début de saison compliqué, il a enfin trouvé une course à sa convenance, et c’était important pour la confiance ». La deuxième étape, avec « seulement » 2000 mètres de dénivelé au compteur, a souri aux baroudeurs jeudi. Un peloton conséquent de soixante-dix hommes, dont Max Bock et Maxime Decomble, s’est fait piéger pour douze secondes à l’arrivée de Borgofranco d’Ivrea, après 127 kilomètres de course.

Distancé lors de ce deuxième acte, Joshua Golliker était en revanche prêt à faire feu vendredi entre Sarre et Pré-Saint-Didier, à l’occasion du premier véritable test en montagne. « Il s’est retrouvé devant au bout de quinze kilomètres, mais ils n’étaient que trois et ça roulait toujours derrière, indiquait Jérôme Gannat. Puis sont sortis quatre autres coureurs du peloton après environ trente kilomètres, on a donc retrouvé une échappée de sept et le peloton s’est relevé ». En l’absence de coureurs menaçants à l’avant, le maillot jaune a même laissé l’écart atteindre les huit minutes dans la première partie de course. Après soixante kilomètres, les difficultés ont débuté. « Dans le col de Verrogne, ils se sont rapidement retrouvés à deux avec Guillermo Juan Martinez, relatait Jérôme. C’étaient les plus forts du groupe. Ils ont bien grimpé ce col même si c’est monté assez vite dans le peloton où il ne restait plus que trente coureurs, dont les deux Max ». « On m’a dit que le Colombien était l’unique coureur très fort du groupe, donc je lui ai dit : on y va, on tente et on voit ce qu’il se passe », expliquait Joshua. Les deux hommes ont donc pris leurs distances, et il est vite apparu que la victoire se jouerait entre eux.

Dès lors, la balance a tantôt penché d’un côté, tantôt de l’autre. « Dans la descente de Verrogne, assez technique, Joshua a lâché une première fois Martinez, disait Jérôme. Ils se sont à nouveau regroupés juste avant le Col de San Carlo (10km à 10%). Là, Martinez était plus à l’aise que Joshua ». « Cette montée était vraiment dure, confiait le Britannique. Je pensais avoir tout perdu quand il m’a attaqué, mais je me suis dit que si je résistais bien jusqu’au sommet, je pouvais le rattraper dans la descente ». Pointé à environ une demi-minute à la bascule, le Britannique a effectivement récupéré le Colombien dans la descente, et l’a même distancé, attaquant finalement la montée finale de Pré-Saint-Didier avec vingt-cinq secondes d’avance. « La dernière montée était sans doute la plus dure du jour car j’ai dû puiser très profond pour rejoindre la ligne », confiait Joshua. « Il a vraiment puisé dans ses dernières ressources, tant mentales que physiques, pour contenir le retour de Martinez », ajoutait Jérôme. Et au bout de 600 derniers mètres à 12%, le Britannique a conservé dix secondes d’avance pour s’imposer et laisser exploser toute son euphorie. « J’étais vraiment très, très heureux et submergé d’émotions car ça a été une année difficile pour moi, disait-il.  Cette victoire a une grande signification ».

« C’est un spécialiste de ces échappées sur le Tour de la Vallée d’Aoste, disait Jérôme. On sait qu’il ne peut pas accompagner les meilleurs s’il reste dans le peloton, donc il lui faut anticiper puis essayer de résister dans les bosses. Il est très fort dans ce schéma. Comme je l’ai déjà dit, il est souvent meilleur tout seul qu’accompagné. Ce Tour de la Vallée d’Aoste était un moment important de la saison pour lui, car c’est là qu’il avait brillé l’an passé et c’est un tournant décisif pour le reste de l’année. On n’avait jusque-là pas encore retrouvé le Joshua de l’an passé. C’est bien pour lui, ça va le relancer pour la deuxième partie de saison et en particulier pour le Tour de l’Avenir qu’il disputera avec la Grande-Bretagne ». De la même manière, « La Conti » a idéalement remis en marche en ce mois de juillet, et Max Bock, seizième de l’étape vendredi, occupe désormais la neuvième position du général. « Il faut souligner aussi le bon travail effectué dans la Vallée d’Aoste il y a quinze jours avec un stage, concluait Jérôme. Je pense qu’il a porté ses fruits et qu’il s’est avéré nécessaire pour démarrer la deuxième partie de saison sur de bonnes bases. L’objectif désormais est que Max Bock reste dans le top 10. Ce serait une bonne performance pour lui. À côté de ça, les autres pourront continuer à chasser les étapes ».