Son frein est complètement rongé. Après quasiment quatre mois d’indisponibilité, Paul Penhoët s’apprête enfin à retrouver le chemin de la compétition, début mai. Victime d’une rupture des ligaments croisés antérieurs peu avant la nouvelle année, le jeune sprinteur de l’Équipe cycliste Groupama-FDJ a dû observer une rééducation minutieuse et fastidieuse, mais se dit aujourd’hui prêt à en découdre comme jamais auparavant. Il s’est confié en longueur.
Paul, la reprise approche…
C’est ça ! Ce sera sur le Circuit de Wallonie, avec « La Conti ». Mon premier objectif se situe sur les 4 Jours de Dunkerque, et on s’est dit que ce pouvait être bien de remettre un dossard avant. Jérôme [Gannat] a proposé que je cours avec eux, et je suis déjà excité, forcément. Quand j’ai pu reprendre l’entraînement, je n’ai pas pensé immédiatement à la course car je ne savais pas combien de temps allait prendre la remise en forme. C’était vague. Or, ça se passe vraiment bien pour l’instant, on a planifié la reprise depuis environ deux semaines et ça me trotte déjà beaucoup dans la tête.
« C’est comme si ma jambe n’avait plus de muscles, plus rien ne tenait »
Comment vas-tu physiquement à l’heure où on se parle ?
Ça va bien. J’ai repris le vélo il y a environ cinq semaines, et ça revient mieux que ce que je pensais. Je m’attendais à ce que ce soit pire après trois mois sans vélo. J’ai encore des séances de kiné au niveau du genou pour que tout revienne complètement dans l’ordre. Je ressens encore des tensions, mais ça reste léger et, surtout, ça ne me pénalise pas et ça n’endommage pas mon genou. C’est une gêne « normale » trois mois après l’opération. Je vis presque avec. Je sais que ce n’est pas contre-productif donc je l’oublie. Généralement, c’est quelque chose qui disparaît quatre mois après l’opération. Au moment des premières courses, je ne devrais donc plus avoir à m’en soucier.
Tu étais tout récemment en stage avec quelques coéquipiers. Comment ça s’est passé ?
Ce stage était initialement prévu dans mon programme vu que je devais faire le Giro. Après ma réhabilitation, j’ai demandé à Philippe [Mauduit] s’il était quand même possible que je m’y greffe. Il m’a dit que c’était prévu, et j’étais super content. J’ai pu faire deux grosses semaines chez moi avant d’aller à Tourrettes-sur-Loup. Retrouver les mecs et l’équipe, ça m’a encore plus replongé dans mon quotidien « normal ». Le temps est forcément plus long quand on est tout seul, et ça engendre forcément un manque. Ça donne envie de retrouver le quotidien qu’on aime. Ça faisait vraiment plaisir de retrouver l’ambiance, d’autant qu’on ne logeait pas à l’hôtel mais dans une maison. On avait un chef pour nous faire à manger, on mettait la table, on jouait aux cartes le soir, on était en petit comité. C’était plus convivial. Ça faisait du bien de regoûter à ces moments-là. Sur le vélo, on avait un programme assez similaire, car les mecs qui étaient là avaient pour la plupart coupé après Roubaix et reprenaient les fondations pour le Giro. C’était un peu un schéma similaire au mien, ça tombait vraiment bien.
Peux-tu nous replonger aux origines de ta blessure et de ton indisponibilité ?
On est le 28 décembre, jour de mon anniversaire. Je fais une séance de PPG (préparation physique générale) et je travaille l’explosivité en sautant sur une boîte en hauteur. Au moment de l’atterrissage, au retour d’un saut, mon genou se tord. Je n’ai pas forcément de douleur particulière sur le moment, je n’ai pas non plus entendu de craquement, mais en remettant ma jambe devant pour faire un pas, je tombe. Mon genou lâche. Tout de suite, je me dis « wow, c’est bizarre ». C’est comme si ma jambe n’avait plus de muscles, plus rien ne tenait. J’ai arrêté la séance après ça. Mon genou a gonflé mais pas non plus énormément. Je me suis dit que c’était une petite entorse mais j’ai voulu assurer le coup. J’ai appelé Jacky [Maillot] qui m’a dit de faire une IRM. J’ai pu la passer dès le lendemain, et le radiologue a alors suspecté une rupture des ligaments croisés antérieurs. Là, je me suis dit que c’était la m**. Mais comme ça s’était produit la veille, il m’a dit que ça restait une suspicion et j’ai donc gardé un petit espoir. Puis, 4-5 jours plus tard, j’avais rendez-vous avec le meilleur chirurgien de Lyon pour cette pathologie. Il m’a fait faire des tests physiques et lui a été formel : c’était bien une rupture des ligaments. Il m’a dit qu’il pouvait m’opérer dès la semaine suivante, le 11 janvier, ce qui m’a permis de gagner du temps.
« J’ai très vite relativisé »
Comment as-tu réagi au diagnostic ?
Tout me tombe dessus à ce moment-là. Je ne comprends pas trop, en fait. J’en avais surtout entendu parler dans le foot… Je fais pas mal de préparation physique, de renforcement, donc je pensais être armé par rapport aux blessures de ce type. L’ironie du sort a voulu que ça se produise pendant un entraînement censé améliorer ma qualité principale. C’est clairement la faute à pas de chance. Ce sont même les termes utilisés par le médecin. Le quadriceps était bien musclé, je n’avais pas de différentiel de muscles avec mes ischio-jambiers, la rotule était solide génétiquement. Je me suis dit que j’étais peut-être fatigué après le stage à Calpe, qu’il faisait un petit peu froid dans le garage, mais au bout d’un moment j’ai arrêté de chercher une raison et je me suis fait à cette réalité.
Au moment de la communication de l’équipe, tu es paru déterminé sur les réseaux sociaux…
Je ne pense pas avoir touché le fond à un seul moment. Mentalement, c’était forcément très dur car j’avais énormément d’objectifs pour le début de saison, mais j’ai très vite relativisé. À partir du moment où le diagnostic était posé je me suis dit « c’est fait, tu ne peux pas revenir là-dessus, il faut passer à la suite ». C’est comme ça que je fonctionne. Je me disais que ça allait me rendre plus fort, et tous les messages que j’ai reçus allaient dans ce sens. J’ai rapidement repris un bon état d’esprit et j’étais déjà 100% concentré sur la réhabilitation. Quand j’ai eu la date pour la chirurgie, j’étais gonflé à bloc. J’étais content d’être opéré rapidement et d’être tombé sur un bon chirurgien.
Tu n’as eu aucun moment de « déprime » ?
Les pires moments ont été par rapport aux délais. Quand on m’a suspecté les croisés, j’ai fait comme tout le monde dans ce cas-là. Je suis allé sur internet. Ils annonçaient des trucs de fous. Ça allait de neuf mois à un an. Je me suis dit « ce n’est pas possible ! ». En creusant un peu plus, je me suis aperçu que c’était plus relatif à des sports comme le foot ou le rugby, où les appuis sont primordiaux. En parlant avec Jacky, on s’est donné une échéance à trois mois. C’était optimiste, mais au final ça s’est déroulé comme prévu. Je suis vraiment dans les délais les plus courts possibles. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance.
« Je touche vraiment du bois […] mais tout a été très fluide »
En quoi a consisté ta convalescence ?
Après l’opération, le chirurgien a été clair avec moi. Dès le lendemain, il fallait absolument commencer un peu la rééducation, au risque d’allonger les délais drastiquement. Au début, les heures sont presque comptées. Durant la première semaine, le genou était super gonflé. C’était choquant. Je ne pouvais pas contracter la jambe, j’avais la sensation que les connexions nerveuses n’existaient plus. Le but était donc de réveiller le quadriceps en faisant des contractions seul, allongé. Ce n’était pas facile, mais étant donné que je le faisais presque toute la journée, ça a plutôt bien évolué. Après une semaine, j’ai continué à faire ça, combiné avec de l’électrostimulation. On m’a aussi dit que plus tôt je lâchais les béquilles, mieux c’était, afin de ne pas perdre trop de muscles. Je boitais un peu mais je pouvais au moins mettre le poids du corps sur ma jambe. Il y a également eu un travail très important pour retrouver une extension complète. Si on ne fait pas ça dès le début, ça peut amener une perte de mobilité pour le restant de sa vie. Le travail de flexion est arrivé dans un second temps, car ça revient normalement une fois que le genou dégonfle. Quinze jours après l’opération, j’ai pu me déplacer chez le kiné, où j’ai commencé à faire des soins, des massages, puis ça a été un long combat pour retrouver du muscle. Même si je n’ai été alité « que » quinze jours, le muscle avait déjà bien fondu.
As-tu également fréquenté un centre de rééducation ?
Six semaines après l’opération, je suis effectivement allé à Capbreton pour trois semaines en centre de rééducation, où on a vraiment charbonné. C’était du kiné du début à la fin de la journée, tous les jours. L’objectif un peu optimiste, mais auquel je croyais, qu’on s’était fixé avec Jacky, c’était que je puisse reprendre le vélo dehors en sortant de Capbreton. En finalité, tout s’est bien passé et c’est ce que j’ai pu faire, deux mois tout pile après l’opération. Avant ça, j’avais fait un peu de home trainer à Capbreton, mais sans forcer, et surtout pour drainer un peu le muscle et me réhabituer d’un point de vue cardio-vasculaire. La reprise sur la route a été progressive, comme une reprise après la coupure hivernale. Il fallait aussi un peu me canaliser, car si je m’étais écouté, j’aurais roulé fort d’emblée. On a super bien géré ça avec Anthony [Bouillod]. On attendait aussi de voir avec Jacky comment le genou allait évoluer avec la reprise sur route. C’était plutôt positif. On a pu accélérer les choses et attaquer les bonnes charges d’entraînement à la maison car le genou ne réagissait pas. Je touche vraiment du bois, encore aujourd’hui, mais tout a été très fluide.
Es-tu revenu dans un schéma d’entraînement normal ?
Complètement. La seule différence, c’est que je n’ai pas repris la PPG. À la place, je continue de faire des séances de kiné. Sinon, je suis vraiment dans un schéma classique. Le récent stage, c’était un peu comme celui qu’on fait généralement en décembre pour moi, et je suis même mieux que ça, car on a pu bien augmenter les charges. Ça allait vraiment bien sur les sorties d’endurance. On a notamment fait une séance de sept heures avec 4000 mètres de dénivelé, j’étais super bien pendant et après. Je n’ai plus qu’à ajouter les intensités sur cette base, et je pense que je serai prêt pour le Circuit de Wallonie.
« J’ai une vision un peu différente des choses depuis la blessure »
Psychologiquement, comment as-tu vécu ces quatre mois loin des courses ?
Paradoxalement, j’ai ressenti un basculement dans la tête. Je me suis dit qu’être pro était une grande chance, et que ça pouvait basculer bêtement à tout moment. Maintenant, ce qu’on appelle le « faire le métier », à savoir être ultra professionnel et pointu dans tous les domaines, ça me vient naturellement. Et c’est même multiplié par deux. Du coup, je n’ai pas fait grand-chose ces derniers mois car j’étais 100% focalisé sur la remise en forme. Je bouffais du kiné à bloc, et quand je rentrais, je me reposais. J’ai repris progressivement pour ne pas tout fracasser, mais en même temps, je mettais tous les curseurs au maximum pour que le genou évolue de la meilleure manière possible. Depuis la blessure, j’ai une vision un peu différente des choses. Tout ce qui peut contribuer à ce que la forme soit meilleure, je le fais maintenant naturellement.
Tu as dit à plusieurs reprises ne pas être entièrement satisfait de ta saison 2023. Qu’a-t-il manqué ?
Je m’étais fixé trois victoires et j’en ai remporté deux, mais au-delà de ça, c’est plutôt le fait de ne pas m’être imposé en WorldTour ou sur un vrai sprint massif. Je comptais le faire cette année et c’est aussi l’objectif que m’avait fixé l’équipe en début de saison. Il reste encore pas mal de courses et j’espère bien le remplir.
L’an passé, tu as obtenu 28 top-10 dont deux victoires. Comment interprètes-tu cette statistique ?
Positivement. Je suis encore jeune et je vais gratter des pourcentages dans les années à venir. Si j’ai la patte pour faire encore mieux dans les sprints, ma régularité me permettra de scorer encore plus. C’est mathématique. Je me dis qu’être régulier est une très bonne chose, il faut juste continuer de s’améliorer. Je veux être un coureur victorieux et régulier tout au long de l’année, sur qui on peut compter peu importe les saisons. Je ne veux pas d’une carrière en dents de scie, comme ça arrive parfois avec les sprinteurs.
« Je laisse le temps faire son œuvre »
Quel est ton rapport à la victoire ?
C’est tout simplement ce pourquoi je m’entraîne et je me lève tous les matins. C’est quelque chose que j’ai constamment en tête. De ce point de vue, il y a forcément plus de moments frustrants que l’inverse dans une saison, tout le monde le sait, mais je suis très rapidement en manque. Quand je gagne sur le Tour du Poitou-Charentes, j’ai envie de remettre le couvert directement. Et si ça ne se fait pas le lendemain, on remet ça à l’étape suivante. Dès que la victoire est acquise, je passe vite à autre chose. J’ai envie de regagner le plus vite possible. De la même manière, il ne faut pas trop faire de place au doute. Si je ne gagne pas un jour donné, il y a une autre chance le lendemain. On vit vraiment à l’instant T.
Peux-tu te contenter d’une deuxième place si le vainqueur est plus fort ?
Je l’accepte car c’est un fait, il était plus fort sur un sprint. Mais je ne peux pas m’en contenter. Je ne peux pas me satisfaire d’une deuxième place, sinon on entre dans un cercle vicieux où on se satisfait de tout.
Compte tenu de la densité et du niveau des sprinteurs aujourd’hui, se dit-on qu’il est de plus en plus difficile d’atteindre le cap des dix, quinze victoires ?
Dans ma tête, une petite voix me dit que ça m’arrivera un jour. Et même si ce n’est pas 15 victoires par an, la beauté des victoires compte aussi. Pour le reste, quand on prend le départ d’une course où les 2-3 meilleurs sprinteurs du monde sont présents, on sera forcément attentistes dans le sprint si on se dit que c’est impossible. Ce n’est pas simple car c’est le cheminement que fait le cerveau tout seul, mais il faut réussir à aller à l’encontre de ça et faire sa course sans y penser. Si eux gagnent quinze victoires par an, c’est que ce sont les meilleurs du moment, mais je ne suis pas défaitiste. J’ai d’ailleurs hâte de revenir à la compétition car j’ai la sensation que mon état d’esprit a beaucoup évolué. Il était déjà très bon avant, mais je sens en moi quelque chose de différent, et j’ai vraiment envie de voir ce que ça peut donner en course.
Tu as souvent parlé d’Olav Kooij et Arnaud De Lie. Ce sont les coureurs sur lesquels tu veux t’étalonner ?
C’est surtout dû au fait qu’on est de la même génération et qu’on a été ensemble dans les jeunes catégories. Je regarde tout le monde, forcément, mais c’est plus parlant avec eux car on s’est connus plus jeunes et j’ai souvent sprinté contre eux, surtout Kooij. Quand je vois leur explosion, je pourrais me dire « mince, je suis en retard », mais comme je l’ai déjà dit, je n’ai jamais été précoce et je me dis que ça arrivera forcément un jour. J’ai encore de belles années devant moi. J’ai toujours cette petite pression qui traîne au fond de moi, mais je me dis finalement que la condition et le niveau physique sont des paramètres qui varient au cas par cas. Je suis un peu passé à autre chose. J’ai peut-être trop cherché cette comparaison à un moment donné, maintenant je laisse le temps faire son œuvre, je m’entraîne de mon côté et je ferai tout pour batailler avec eux au plus haut niveau.
« Gagner le plus rapidement possible pour retrouver la confiance »
Ta première année complète dans le WorldTour t’a-t-elle apporté certaines réponses ?
Un peu, forcément. J’ai vu qu’en WorldTour, sur des sprints très plats, lancés très vite à cinq kilomètres de l’arrivée, c’était plus dur pour le moment. Mais je ne me ferme aucune porte. Je reste encore très motivé pour ce type d’effort, et je sais que la force va arriver avec le temps et la caisse. J’ai aussi vu que j’étais vraiment à l’aise par rapport aux autres sprinteurs sur des courses un peu plus dures, ou dans les montées. Je me dis que c’est une chance que je dois exploiter. Les parcours des courses sont de plus en plus durs, ce qui va dans mon sens. Je veux encore bosser sur la vitesse et la force, mais sans délaisser le côté passe-partout qui peut me donner accès à de belles victoires, y compris en WorldTour.
Comment envisages-tu la reprise ?
Mentalement, je serai à 100%. Physiquement, il faudra voir. Je serai vraiment sur le Circuit de Wallonie pour remettre un dossard sans pression. L’autre option était le Tour du Finistère, mais étant donné que j’avais gagné l’an passé, l’équipe préférait une reprise plus dans le calme. Le but est d’être à 100% aux 4 Jours de Dunkerque. Après ça, mon calendrier prévoit les Boucles de la Mayenne, le Tour de Slovénie et les championnats de France. Je me dis que je n’ai plus trop de temps à perdre. J’espère et je pense qu’on sera vite opérationnels avec Marc [Sarreau]. Je serai motivé à fond, et je pense que lui aussi. Il y aura forcément 2-3 trucs à mettre en place mais je pense que la motivation fera pour beaucoup.
Avec quatre mois de saison en moins, quels objectifs te fixes-tu ?
Je suis vraiment déçu de ne pas pouvoir faire mon premier Grand Tour à l’occasion du Giro car ça me tentait vraiment. Maintenant, mon calendrier inclut des courses qui peuvent me correspondre assez rapidement, comme les 4 Jours de Dunkerque ou les Boucles de la Mayenne. L’objectif sera de gagner le plus rapidement possible pour retrouver la confiance et pouvoir enchaîner les victoires. J’ai aussi l’espoir, plus tard dans la saison, d’enfoncer le clou et d’en décrocher une en WorldTour. J’avais un objectif de trois victoires l’année dernière. Du fait de ma saison tronquée, je pense qu’en obtenir trois cette année, dont une au plus haut niveau, marquerait une évolution. Je pense en être largement capable. Si je disais que je voulais en gagner quinze d’ici la fin de saison, ce serait n’importe quoi, ça ne voudrait plus rien dire. J’ai toujours été terre-à-terre. J’ai une grosse exigence envers moi-même, mais ce n’est pas contradictoire avec le fait d’être réaliste. Au contraire. Mon exigence se situe davantage sur le processus, le quotidien, l’entraînement, et tout ce qui va autour.
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