Une course, une victoire pour Arnaud Démare et son groupe ! Vainqueur de la première étape de l’Etoile de Bessèges mercredi, le leader de l’équipe FDJ a évoqué, le soir même à Nîmes, la nouvelle configuration de son équipe dans les sprints et les classiques. Au point d’avouer que la force de son groupe et la présence de Jacopo Guarnieri l’aident à bien entrer dans son rôle de sprinteur. Bien plus que les autres années et sans renier son statut dans les classiques de printemps.
Arnaud, tu sembles très heureux de ton groupe cette année ?
Nous sommes sortis des stages dans une très bonne ambiance, ambiance que j’ai retrouvée ici quand on s’est retrouvé à l’hôtel, à la veille de la première étape de l’Etoile de Bessèges. Je sens un bon groupe. En course, chacun a un rôle bien précis, personne n’envie le rôle de l’autre. Chacun se sait excellent dans sa tâche et il n’y a pas de prise de tête. C’est idéal de travailler dans ces conditions.
« On me donne des outils pour travailler et j’ai donc très envie d’en profiter »
A l’intersaison, le staff a décidé de faire un gros effort pour le sprint. Tu en avais fait la demande ?
Les courses arrivent souvent au sprint et les dernières saisons, avec Mikaël Delage, on était souvent seuls dans le final. Maintenant je vois que Marc Sarreau a pris du volume, Olivier Le Gac a pris de la force. Je savais pouvoir compter sur ces jeunes mais j’avais émis le souhait de recruter. Davide Cimolai c’était un souhait de ma part mais Jacopo Guarnieri, je ne pensais pas qu’il allait quitter son train de la Katusha. C’est une fierté d’avoir Guarnieri avec moi. Du coup, Mika (Delage) est plus capitaine, c’est ce qui nous manquait pour diriger la manoeuvre dans le final, pour choisir le bon moment et attendre. Mika a l’expérience et contribue à la réussite de ce groupe. Du coup Marc Sarreau n’a plus qu’à suivre Mika et Jacopo a la fraicheur pour gérer les adversaires.
Est-ce le meilleur groupe que tu aies connu dans cette équipe ?
Je n’ai jamais eu un tel groupe mais si je ne veux pas dénigrer ce que j’avais avant, avec Yoann Offredo et Murilo Fischer notamment. Il manquait un petit truc pour pouvoir prendre le manche en toute occasion. Murilo avait de l’expérience mais ce n’était pas toujours évident. Cette année, tout s’articule bien et puis on a de nouvelles recrues, ça m’a donné de la motivation cet hiver. Tout est mis en œuvre autour de moi. Tout ce que je fais, je le fais rigoureusement et je peux le dire c’est le cas de mon entourage et notamment des jeunes qui montent en puissance. En 2016, j’ai senti Olivier Le Gac prendre volume et du plaisir dans les classiques, Marc Fournier va nous rejoindre dans les classiques et marche fort. Enfin, Marc Sarreau, en fin de saison, a su prendre la place de Mika après sa blessure. Maintenant, j’espère être régulier pour jouer les sprints.
Dans votre dispositif, il y a désormais un debriefing chaque soir axé sur les sprints ?
C’est important même quand on gagne. Mercredi soir, après avoir gagné à Beaucaire, on a parlé ensemble, c’était le premier sprint, il ne faut pas s’enflammer. C’était bien mais on doit gagner en régularité. Les années passées, souvent, on faisait une performance et le lendemain on était absent. Comme dans Paris-Bruxelles et le Grand Prix de Fourmies. Ou dans le Giro où on était bien le premier jour et pas là le lendemain. Là, je le sens, on est bien.
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Quelle est l’importance d’avoir Jacopo Guarnieri avec toi ?
Les années passées, je le voyais faire contre nous. Lui, dans les stages, m’a fait très mal à l’entraînement. A 40 km/h, c’était dur. En course, on est plus fatigués, ça roule vite. On doit être à 50 km/h quand il lance. C’est à Marc de mettre Jacopo dans le bon rythme. A Beaucaire, c’était parfait. En plus, le groupe s’amuse. Il y a une bonne ambiance. Je peux dire que j’avais hâte d’être en course. Encore plus qu’avant.
Avec un tel train, te sens-tu plus sprinteur que les autres années ?
Oui, c’est vrai. Je me sens plus sprinteur dans ce dispositif. Les années passées, je me suis orienté vers les classiques en me disant que c’était moins aléatoire parce que si tu as de la force, même si t’es un peu perdu, tu peux t’exprimer quand la porte s’ouvre. Maintenant, le sprint j’y pense plus. On me donne des outils pour travailler et j’ai donc très envie d’en profiter.
« Cet hiver, Mika est revenu très fort de sa blessure […] Il s’est rendu compte de la chance qu’il a de faire ce métier »
Tu as donc aussi moins de raisons de cogiter ?
Là, j’ai confiance en tous mes équipiers. On a fait des essais en stage et les mecs sont à l’écoute. Ils acceptent la critique et c’est important parce qu’il y a des coureurs à qui tu ne peux rien dire. Et alors, c’est difficile d’avancer. C’est pareil dans une entreprise, si ce n’est pas possible de parler avec ses employés, tu n’avances pas. Moi c’est un peu pareil. Il y a des coureurs comme Konovalovas, le Gac et Sarreau qui sont jeunes et acceptent bien les conseils et les remarques. Eux veulent que le projet avance. Moi aussi j’ai toujours accepté les critiques, j’aime que ce soit le cas pour tout le monde. Même des caractères durs comme Mika Delage ont su s’adapter. Cet hiver, Mika est revenu très fort de sa blessure. C’était un mal pour un bien et il est transformé pour la suite de sa carrière. Je ne l’ai jamais vu aussi pro en stage. Il s’est rendu compte de la chance qu’il a de faire ce métier. C’est un déclic. J’avais une appréhension, me demandant comment il allait réagir vis à vis de Jacopo qui est devenu mon pilote mais Mika prend son rôle de capitaine à cœur et donne beaucoup son point de vue. J’attendais ça de lui, je l’avais connu comme ça quand j’étais néo pro.
Quel est le rôle de Davide Cimolaï ?
Il intervient avant Mika dans le dispositif. Je savais que c’était un coureur sympa, dans le peloton il me disait toujours bonjour. Il est très agréable. Il était partant pour venir chez nous et j’ai donc insisté. Il a des qualités et était très emballé pour entrer dans ce projet, pour m’aider mais il va vite aussi et aura ses chances dans des courses par étapes. Il ne s’y attendait pas mais va pouvoir s’exprimer quand je ne serai pas là. Quand je l’ai vu à l’arrivée à Beaucaire très heureux, j’ai eu confirmation de son état d’esprit. Je suis heureux de gagner mais quand je les vois grand sourire comme ‘’Kono’’ qui vient me taper dans le dos en disant ‘’Ouais, ouais, ouais’’, quand je les vois super contents et fiers de leur travail, je suis comblé.
Quels sont tes points de passage avant les classiques ?
J’ai besoin de lever les bras. Je voulais gagner ici l’an dernier et ne l’avais pas fait. Cette année oui. Je vais enchainer avec le Tour d’Algarve où il y a un bon niveau et où j’aimerais prendre une étape aussi. Puis il y a les objectifs importants. Le circuit Het Nieuwsblad qui est World Tour et puis Paris-Nice et Milan-San Remo.
La vilaine et injuste polémique de 2016 quand tu gagnes sur la Via Roma, c’est oublié ?
Oui mais ça ajoute à ma motivation. Je ne pense plus à cette polémique. C’est passé au-dessus de moi, ça m’a touché au début mais la polémique est fréquente dans le cyclisme, on vient de le voir dans le championnat du monde de cyclo-cross. L’être humain est comme ça. Quand ce n’est pas un mec habituel qui gagne, on a tendance à taper dessus mais je commence à faire mon trou.
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