Au départ de la quatrième et dernière étape du Tour du Limousin, il ne manquait que cinq secondes à Jake Stewart pour espérer la victoire finale. Au terme de celle-ci, dans les rues de Limoges, il lui en aura finalement manqué deux. Pour cet écart infime, le jeune Britannique de 20 ans, septième ce vendredi, doit donc se contenter du second rang du classement général derrière Luca Wackermann. Une belle semaine quoiqu’il en soit pour Jake Stewart, ponctuée par ailleurs par l’annonce de sa signature dans la WorldTeam dès 2021.
Le projet des hommes de Franck Pineau et Jussi Veikkanen était relativement simple au départ de la dernière étape du Tour du Limousin : arracher le maillot jaune des épaules de Luca Wackermann, pointé cinq secondes devant Jake Stewart. Dans cette perspective, le premier point crucial se situait au kilomètre 19 avec un sprint intermédiaire octroyant trois secondes de bonifications au premier. « On avait décidé de jouer ces bonifs, relatait Franck Pineau. C’est ce qu’on a fait et ça s’est super bien passé ». Bien guidé par ses collègues, le maillot blanc de l’épreuve s’est en effet octroyé le sprint et s’est dès lors rapproché à deux secondes seulement de la première place du général. Une échappée de cinq coureurs s’est ensuite développée mais n’a jamais véritablement pris le large, bien muselée par la formation UAE Team Emirates et par la Groupama-FDJ.
« Ce qu’a fait Jake cette semaine est super », Franck Pineau
Après la dernière difficulté répertoriée de la journée, à 70 bornes du but, la course a pris un nouveau tournant. « On s’est faits une frayeur dans une descente mouillée où UAE a fait le forcing, expliquait Franck. C’est revenu tant bien que mal mais on a vite compris qu’UAE allait faire le maximum pour Rui Costa aujourd’hui. On aurait peut-être pu mettre un petit coup de vis pour aller jouer la deuxième bonif mais il a d’abord fallu regrouper les gars et il fallait aussi en garder quelques uns pour ne pas que Jake soit isolé dans le final ». Le peloton a alors quelque peu temporisé par la suite, permettant à l’échappée de compter une minute d’avance au premier passage sur la ligne, à 35 kilomètres de l’arrivée, mais l’équipe de l’ancien champion du monde a clairement affiché ses velléités en poursuivant son travail de sape. Afin de favoriser un sprint en petit comité, la Groupama-FDJ a également fait sa part du travail et David Gaudu a même accompagné une offensive, sans y participer, à vingt kilomètres de la ligne. Tout s’est finalement regroupé peu après l’entrée dans le dernier tour de circuit, comprenant deux petites bosses.
UAE Team Emirates a alors mis en place une vraie rampe de lancement pour Rui Costa, qui s’est vite détaché en compagnie d’Alessandro Fedeli. Le duo s’est rapidement bâti une avance de 20 secondes et a réussi à maintenir ce qu’il restait du peloton à distance. « Le circuit final n’était pas simple, poursuivait Franck. Les mecs ont fait ce qu’ils avaient à faire, tous autant qu’ils sont. On a simplement été un peu courts collectivement dans le final face à Rui Costa. Alors on a certes été un peu courts, mais quand on arrive à aller chercher une deuxième place finale avec un jeune comme Jake, c’est quand même beau. Il arrive pour la place de trois aujourd’hui mais il s’écrase un petit peu sur la fin car il doit lancer de loin. Il ne faut surtout pas lui en vouloir car ce qu’il a fait cette semaine est super : deux fois deuxième et deuxième du général ! Quand on arrive de la Conti et que des mecs comme Costa flinguent, c’est évidemment compliqué ».
« Un sentiment doux-amer », Jake Stewart
Septième de l’étape à cinq secondes du duo de tête, dont Fedeli est ressorti victorieux, Jake Stewart n’a malheureusement pu récupérer ces deux ultimes secondes sur Luca Wackermann, mais il s’est malgré tout assuré la deuxième place du général. « À l’arrivée, c’était un sentiment doux-amer, reconnaissait le jeune Anglais. On était très proche de rejoindre le duo, mais il en a manqué un peu. Olivier m’a bien lancé mais il me restait 300 mètres à faire et sur un final comme ça, il est impossible de gagner le sprint en partant en tête. Dans la montée précédente, je n’étais tout simplement pas assez fort pour suivre les coups. Au bout du compte, ce sont les jambes qui ont parlé et certains sont plus matures que moi. C’est quoi qu’il en soit de bon augure pour le futur. Ce n’était que ma troisième fois avec la WorldTour et je ne savais pas trop à quoi m’attendre en venant ici. Je ne savais pas si j’allais travailler pour l’équipe ou jouer ma carte. Après ma bonne performance dans la première étape, on a décidé de voir au jour le jour et on finit sur le podium. Je suis encore un jeune coureur donc c’est vraiment un beau résultat pour moi ».
Il s’agissait certes de sa troisième course par étapes avec la WorldTour, mais certainement pas de la dernière. Peu après l’arrivée a été officialisée sa signature avec l’équipe mère pour les deux prochaines saisons. « C’est un peu la révélation de l’épreuve mais surtout de notre équipe, poursuivait Franck. On est contents de l’avoir. C’est un gamin dont les anciens ne disent que du bien. C’est un jeune qui sait faire du vélo et c’est le parfait exemple du travail effectuée par la Conti, donc merci à elle de nous fournir des coureurs déjà bien façonnés. C’est aussi pour récupérer de pépites comme lui que Marc a lancé cette équipe. Stewart va encore progresser physiquement, c’est certain, mais au niveau de la tactique et de sa façon de courir chez les pros, il est déjà au point ». Le bilan du Tour du Limousin ne saurait être excellent, « car il n’y a pas eu de victoire », glissait Franck, mais il est source de multiples satisfactions. « Je retiens aussi que les gars ressortent en bonne santé et physiquement en meilleur état que lorsqu’ils sont arrivés, concluait le directeur sportif de la Groupama-FDJ. Aujourd’hui, j’ai vu du beau travail de mes ex-malades. William a roulé 80 kilomètres quasi seul, David était présent dans le final et c’est lui qui a roulé quand il le fallait. Il y a une grosse progression de ce point de vue. Simon, Olivier et Léo ont également montré de belles choses et Tobias sort en belle forme également. Ce n’est que du positif ».
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